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Capitaine exemplaire pendant six ans d'un XV de France souvent traversé par les tempêtes, Thierry Dusautoir a finalement choisi de mettre un terme à sa carrière internationale, laissant l'image d'un cadre à part, par son intelligence, sa discrétion et ses performances.
Ce n'est somme toute pas un hasard si Dusautoir (34 ans), a pris le temps de la réflexion. Jamais dans l'excès, ni dans la précipitation, mais posé, calme, pesant le pour et le contre.
"Si j?avais essayé de continuer, de faire du forcing, j?aurais plus fait preuve de vanité qu?autre chose. En fait, je crois que c?est la décision la plus sage", a expliqué l'emblématique flanker des Bleus dans un entretien à l'Equipe paru samedi.
Il aurait pourtant pu immédiatement jeter l'éponge de dépit, dans les cendres de l'humiliante déroute des Bleus le 17 octobre face aux All Blacks (62-13), en quarts de finale de la Coupe du Monde. Mais sans doute la prise de pouvoir de Guy Novès à la tête du XV de France l'a amené à réserver sa décision: pourquoi ne pas tenter l'aventure avec celui qui l'a amené à la conquête de trois Boucliers de Brennus (2008, 2011, 2012) et une coupe d'Europe (2010) avec le Stade Toulousain ?
Mais le capitaine le plus capé de l'histoire du XV de France (56 en 80 sélections) a voulu s'épargner le match de trop en Bleu.
"Ce n'est pas un rôle plein de lumière mais je m'en fous, l'important c'est que je sois utile à l'équipe", expliquait-il en mars dernier à l'AFP.
- Né et enterré à Cardiff -
Cardiff aura en quelque sorte été le berceau et le cercueil de son histoire en Bleu. Appelé pour la première fois face à la Roumanie en 2006, Dusautoir a explosé aux yeux de la planète en rendant une partition majuscule au Millennium Stadium le 6 octobre 2007, en quart de finale du Mondial face aux All Blacks (20-18). Une compétition pour laquelle il n'avait pourtant pas été sélectionné, avant de rejoindre le groupe à la faveur du forfait d' Elvis Vermeulen .
Avec un essai et surtout 29 plaquages comptabilisés --38 selon l'entraîneur de la défense David Ellis qui a également retenu les "assistances"--, Dusautoir a réalisé une prestation toujours inégalée dans l'histoire des Bleus. Il y a gagné son surnom de "Dark Destroyer" et sa place dans l'équipe.
Vice-capitaine de Lionel Nallet en 2008, il est nommé capitaine pour la tournée dans l'hémisphère sud en juin 2009. Premier match et victoire 29 à 22 face aux All Blacks à Dunedin, la dernière en date contre les hommes d'une autre légende du jeu, Richie McCaw .
Dans la foulée, il a remporté le Grand Chelem dans le Tournoi des six nations 2010, là encore le dernier titre des Bleus.
Mais c'est surtout la campagne menée lors du Mondial-2011 qui restera. Sept semaines de navigation sous forte houle, surtout après l'humiliation 19 à 12 face aux Tonga en poule, avec un sélectionneur Marc Lièvremont en auto-combustion.
Pour, au bout, s'incliner d'un rien en finale (8-7) contre les All Blacks et être désigné meilleur joueur du monde 2011. Maigre consolation, signe toutefois de l'estime que lui porte la planète ovale.
- "Droit et rigoureux" -
"Je crois que cela a été un très très grand capitaine dans des passes qui ont été quand même plutôt compliquées (...) mais qui a su tenir le bateau et a toujours montré l'exemple", résumait récemment son ancien partenaire et actuel entraîneur William Servat .
Toujours "droit et rigoureux" dixit Servat, il a également mené avec assurance la barque sous l'ère de Philippe Saint-André (2012-2015), dans des temps difficiles. "Je n'ai jamais arrêté de croire en ce groupe", répétait-il cependant à l'envie au printemps dernier, au sortir d'un nouveau Tournoi raté.
Il pourra regretter que son niveau d'exigence et son aura n'aient pas été suivis jusqu'au bout ou n'aient pas suffi pour sublimer sa dernière campagne, en Angleterre.
Derrière lui, le chantier de la succession est immense. Et l'on mesure le vide qu'il laisse au peu d'options (Maestri, Guirado ?) dont dispose Guy Novès pour le remplacer à la tête d'une équipe orpheline et plus que jamais dans l'inconnu.