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© AFP/FRANCK FIFE
Le XV de France à l'entraînement lors du Mondial-2011 en Nouvelle-Zélande, le 6 octobre 2011 à Auckland
Eux aussi ont mis de l'eau dans leur vin: comme Guy Novès, qui a admis la nécessité d'une légère évolution du projet de jeu du XV de France, ses prédécesseurs Philippe Saint-André (2012-2015) et Marc Lièvremont (2008-2011) étaient ambitieux avant de réduire la voilure en cours de mandat.
Le sélectionneur des Bleus, qui se déplaceront samedi en Italie pour sauver les meubles dans le Tournoi des six nations après deux défaites en trois journées, avait ainsi clamé à son arrivée fin 2015 vouloir pratiquer un jeu de mouvement pour "donner du plaisir" aux supporters.
Dans lequel l'utilisation du pied était quasiment proscrite. "Un ballon gagné est très important, et avant de le rendre à l'adversaire il faut quand même essayer d'en faire le meilleur profit", avait ainsi déclaré Novès, l'un des porte-étendard de la "méthode toulousaine", à base de mouvement général et de prise d'initiative individuelle. Avec une grosse dose de pragmatisme lors des matches décisifs.
Mais le net revers le 25 février en Irlande (9-19), bien plus mûre tactiquement, est venu doucher les ardeurs de l'encadrement.
Lequel a évoqué après le match, pour la première fois, la nécessité de faire "un peu évoluer (le) projet de jeu" (Novès), en y ajoutant du pragmatisme par du jeu au pied, sans "pour autant renier ce qu'on a mis en place" ( Yannick Bru , entraîneur des avants).
Saint-André et surtout Lièvremont avaient eux en revanche franchement changé leur fusil d'épaule, au bout de deux ans environ, face aux difficultés rencontrées et aux carences individuelles de leurs joueurs. Rappel, sans préjuger de l'avenir.
+ Saint-André: le tournant australien
"L'adaptation dans le désordre." Voilà ce que prônait Patrice Lagisquet , adjoint de Saint-André (2012-2015) chargé des arrières, à son arrivée. Mais après une première année encourageante, c'est surtout le désordre qui a primé, si bien que le staff "n'a fait pratiquement que réduire petit à petit la voilure pour essayer d'aller à l'essentiel", comme l'expliquait Lagisquet en novembre 2014 après une calamiteuse tournée de juin en Australie.
Retour donc aux basiques à l'automne suivant. Exit la prise d'initiatives dans un cadre assez large. Place, à la demande de certains joueurs-cadres, à des premiers temps de jeu programmés où les "gros" vont taper sur la défense adverse afin de libérer les espaces pour les arrières.
L'objectif est "d'avancer et de réussir à conserver la vitesse du jeu", expliquait Bru, déjà entraîneur d'un paquet d'avants alors densifié pour coller à cette nouvelle philosophie. Résultat un an plus tard: une déroute face aux All Blacks en quarts de finale de la Coupe du Monde (13-62).
+ Lièvremont: feu la main à tout crin
3 février 2008, Murrayfield. Les Bleus remportent en Ecosse (27-6) le premier match de l'ère Lièvremont après avoir eu la quasi interdiction de jouer au pied. Arrivé après une Coupe du Monde 2007 où le jeu minimaliste de l'Afrique du Sud a triomphé, Lièvremont est en effet "malgré tout persuadé qu'on peut arriver à concilier un rugby offensif et positif, et qui gagne".
Un an plus tard, il estime même après la victoire de l'Irlande dans le Tournoi-2009, que le "rugby le plus négatif" a gagné. C'est pourtant peu ou prou celui qui permettra aux Bleus de réaliser le Grand Chelem dans le Tournoi-2010. En battant l'Angleterre lors du dernier match 12 à 10 grâce à trois pénalités et un drop.
Un peu plus d'un an et demi plus tard, le XV de France est à un point de devenir champion du monde en battant la Nouvelle-Zélande chez elle (7-8) après un festival de chandelles en demi-finale contre les Gallois (9-8) pourtant en infériorité numérique pendant une heure... "On a su gagner ce match avec nos armes du moment. Ce sont certainement les armes du rugby français aujourd'hui, comme souvent", commentait alors Lièvremont. Après avoir dit: "Je m'en fous complètement que le match n'ait pas été beau (...) Si on doit être champion du monde en jouant le même rugby, on sera champion du monde en jouant le même rugby." Raté, de très peu.