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© AFP/ANESH DEBIKY
Le centre du XV de France Damian Penaud (g) est plaqué par le Sud-Africain Andries Coetzee en test-match, le 17 juin 2017 à Durban
Il a autant de gaz sur le terrain qu'il paraît nonchalant en dehors. Damian Penaud a confirmé avec le XV de France, samedi dernier contre l'Afrique du Sud à 20 ans et pour sa première sélection, son statut de révélation de la fin de saison avec Clermont.
Lors de cette défaite à Durban (15-37) ce jeune colosse (1,88 m, 93 kg) a été le meilleur français, le seul à rivaliser en intensité avec les Springboks, offrant une passe décisive à Scott Spedding (3e) avant d'inscrire un essai sur un exploit personnel (71e). Il s'était fait priver de ce bonheur une première fois après arbitrage vidéo malgré un plongeon spectaculaire (58e).
Le sélectionneur des Bleus Novès, certainement agréablement surpris, l'a de nouveau titularisé pour le dernier test face à ces mêmes Springboks, samedi à Johannesburg.
Antoine Dupont, qui l'a côtoyé en équipes de France de jeunes avant de le retrouver en bleu, s'attendait plus à sa performance, à peine ternie par ce ballon perdu au contact qui a amené au final le deuxième essai sud-africain (27e). "En moins de 20 ans, surclassé, il traversait déjà le terrain" se souvient ainsi le demi de mêlée.
- 'Une éponge' -
Son entraîneur principal à Clermont, Franck Azéma, qui l'a titularisé en demi-finale puis finale du Top 14, également.
"Ce qui peut me surprendre, en revanche, c'est la façon dont il est capable d'absorber les conseils et chaque étape" de sa carrière. De ses débuts chez les professionnels début octobre à ses premiers pas internationaux, en passant par les matches de phase finale à haute pression.
"C'est la force des bons joueurs. Pas besoin de lui répéter dix fois, quand on lui dit une chose, il saisit. C'est une éponge" développe auprès de l'AFP Azéma.
Une éponge qui serait "un peu toujours dans la lune, dans un monde à part" d'après l'entraîneur des arrières tricolores Jean-Frédéric Dubois. "Mais c'est un garçon attachant. Il ne faut pas trop lui donner d'informations, le laisser un peu en électron libre sur le terrain" ajoute-t-il.
"Il est zen, ne se pose pas trop de questions, il est peu, certains disent, +ensuqué+ (endormi, NDLR). Mais une fois sur le terrain, il est capable de faire des choses que seul lui arrive à faire" abonde Dupont.
Azéma confirme: Penaud, fils de l'ancien ouvreur international Alain Penaud , est un faux dilettante. Comme " Damien Chouly ", son coéquipier à l'ASM et troisième ligne international.
"C'est sa façon de se comporter, de marcher, son approche du rugby. Et c'est normal à 20 ans, où on est insouciant. Mais dès qu'il chausse les crampons il sait où il va. Il est très relâché avant le match et d'un seul coup il va basculer" explique le directeur sportif auvergnat.
- Qualités naturelles -
Le centre, dont l'éclosion à Clermont a été favorisée par les blessures de Wesley Fofana et Benson Stanley, a aussi corrigé, à partir de janvier, un défaut inhérent à son jeune âge et son talent: une certaine tendance à se reposer sur ses qualités naturelles de puissance, d'explosivité et de vitesse.
"Quand tu es junior, tu joues pour t'amuser, et tu n'a pas besoin de cette exigence" pour briller au haut niveau, souligne Azéma.
"Mais il s'est rendu compte que le plus important n'était pas le jour de match, mais la préparation en amont: comprendre le jeu, prendre soin de soin de corps, récupérer" poursuit-il.
Il a cependant eu besoin d'un petit coup de main pour cela, raconte Azéma: "On l'a matraqué et les autres (dont l'ancien Aurélien Rougerie, NDLR) ne lui ont rien laissé passer. Petit à petit ça a fait sens chez lui." Pour l'instant, il en récolte les fruits, et le XV de France avec.