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Toulon-Racing 92, un vrai choc d'ambitieux, sera l'affiche inédite de la finale du Top 14 organisée exceptionnellement le vendredi 24 juin (20H45) au Camp Nou de Barcelone.
Verra-t-on une passation de témoin entre ces deux clubs au destin parallèle, qui ont connu un douloureux déclin durant les années 1990, avant d'être redressés depuis une dizaine d'années par leurs propriétaires ?
Voilà en tout cas ces deux bastions historiques du rugby français, incarnant deux styles bien particuliers mais semblables dans les recrutements galactiques, pour la première fois opposés en finale de Championnat de France, dans l'ère professionnelle.
On pourra toujours ressusciter l'affiche vintage de la finale 1987, remportée les armes au poing par le RCT de Bernard Herrero et Jérôme Gallion (15-12) face à la bande du show bizz dont les lignes arrières portaient un noeud papillon rose. Mais c'était une autre époque et une autre compétition foutraque, disputée à 40 clubs.
Les deux ont donc depuis parcouru bien du chemin, et au jeu de la folle destinée, c'est le RCT du président Mourad Boudjellal qui s'en est le mieux tiré.
Les Rouge et Noir, en quête d'un cinquième Bouclier après ceux de 1931, 1987, 1992 et 2014, ont déjà bien rempli leur vitrine à trophées ces dernières années, régnant en maître sur le continent et plus sporadiquement sur la France.
Et s'ils ont cédé cette année leur triple couronne européenne en prenant la porte dès les quarts de finale face au Racing (15-12) justement, ils ont retrouvé leur appétit en Top 14, étouffant Montpellier samedi en demies (27-18).
- Expérience versus résilience -
Du côté du Racing 92, vainqueur vendredi soir de Clermont dans un finish décoiffant (34-33 a.p), le président Jacky Lorenzetti n'est plus qu'à un match de son Graal, lui qui n'avait jamais atteint l'épilogue de la compétition.
Dix ans après avoir repris en main ce club séculaire et alors à la dérive, sept ans après lui avoir offert un retour dans l'élite à grands coups d'investissements, enfin effleure-t-il le bois du Brennus.
Une façon de renouer le fil avec le passé glorieux du Racing club de France, premier champion de France en 1892, sacré sporadiquement depuis, en 1900, 1902, 1959 (génération Michel Crauste ) et finalement 1990, à l'époque des fantasques tenants du "show bizz", Guillard, Lafond, Mesnel and co.
Depuis, que de changements pour ce club à l'identité incertaine, qui peine à creuser son sillon au sein de son territoire francilien difficile à séduire. Quelques stars (Chabal, Hernandez, F. Steyn...) ont bien égayé les mornes nocturnes de Colombes et l'engouement reste modéré malgré la montée en puissance de l'équipe, dans le sillage de l'arrivée des entraîneurs Laurent Labit et Laurent Travers .
"L'ambition, c'est la conquête", avaient-ils dit à leur prise de fonctions à l'été 2013. Celle-ci a été moins rapide que prévue, mais avec une finale de Coupe d'Europe perdue à Lyon mi-mai face aux Saracens (21-9), les Racingmen de l'ouvreur vedette Dan Carter ont déjà pris le temps de goûter à l'air des sommets. Impeccablement résilients depuis cette cruelle désillusion, les Ciel et Blanc ont réussi à donner du sel à leur aventure cette saison, notamment en renversant Clermont dans les dernières secondes de la prolongation vendredi soir. Et c'est souvent ce vent dans le dos qui rend les destins des uns et des autres inéluctables.