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Bien qu'éliminé samedi dès les barrages de Top 14, le Stade Toulousain a plutôt bien négocié le tournant de l'après-Novès, mais se profile une nouvelle année de transition et d'interrogations sur ses ambitions, entre renouvellement d'effectif et remous internes.
Selon la focale utilisée samedi soir dans les coursives du désuet stade Yves-du-Manoir de Colombes, deux impressions différentes côté toulousain.
A la loupe, il y avait le regret d'être passé à côté d'un "match un peu terne", selon l'entraîneur Ugo Mola, face à un Racing 92 petit bras mais efficace (21-16). Pour la deuxième fois seulement depuis 1994, les Rouge et Noir ne seront pas au rendez-vous des demi-finales.
Mais en déployant la longue-vue, il y avait aussi le soulagement d'avoir sauvé les meubles au terme d'une saison qui aurait pu se révéler autrement plus galère, si l'on considère la réorganisation de l'encadrement due au départ de l'emblématique manager Guy Novès, désormais au chevet du XV de France.
"Je crois que la transition a été plus que bien faite", estime l'ailier Vincent Clerc . "Il y a eu des choses nouvelles, il a fallu que tout le monde s'adapte. Mais ça s'est fait assez facilement, dans la continuité. Et les résultats ont été là, mis à part quelques balbutiements."
- 'Gérer l'urgence' -
Meilleure défense avec seulement 393 points encaissés lors de la saison régulière, deuxième attaque au nombre d'essais (76), le Stade Toulousain peut surtout se mordre les doigts d'avoir connu un trou d'air en février-mars qui l'a vu rétrograder sèchement au classement, pour finalement arracher une cinquième place grâce à une dernière ligne droite en boulet de canon.
Une copie plutôt honorable pour Mola qui a aussi dû composer avec l'absence des internationaux lors de la Coupe du Monde 2015 et a vu son équipe rapidement lâcher en Coupe d'Europe, dont elle n'a pas franchi le cap des poules pour la troisième fois en quatre ans.
"On n'avait pas la sensation de construire mais plutôt de gérer l'urgence car je suis arrivé tardivement au club. Il y avait tant de choses à mettre en place...", plaide l'entraîneur qui a dû trouver ses marques aux côtés du directeur sportif Fabien Pelous et de ses adjoints William Servat et Jean-Baptiste Elissalde .
La période de transition ne paraît cependant pas terminée pour ce poids lourd du championnat (35 millions d'euros de budget), sevré de titre depuis 2012 et en interrogation constante sur son modèle de développement alors que, symboliquement, le stade Ernest-Wallon peine de plus en plus à se remplir et que les abonnements sont en berne.
"Le Stade est à un tournant, beaucoup de joueurs vont partir", souligne ainsi Clerc qui, après 14 ans au club, rejoindra lui-même Toulon la saison prochaine. Avec lui, le trois-quarts polyvalent Clément Poitrenaud, les troisièmes lignes Imanol Harinordoquy et Louis Picamoles , le deuxième ligne Romain Millo-Chluski , le talonneur Corey Flynn, l'ailier Timoci Matanavou - une dizaine de joueurs en tout - quitteront la Ville Rose.
- Vers une guerre de succession ? -
"J'aurai eu la chance d'entraîner des joueurs comme ça, qui ne laissent pas indifférents et permettent de faire évoluer les choses", a salué Mola. "C'est un peu la fin d'une génération."
D'autres vont au contraire poser leurs valises chez le quadruple champion d'Europe, comme le talonneur italien Leonardo Ghiraldini, l'ailier Sofiane Guitoune, le demi de mêlée Samuel Marques, le deuxième ligne Richie Gray ou encore le troisième ligne Piula Faasalele.
Cette restructuration du secteur sportif s'accompagnera en outre de questions autour de la succession du président Jean-René Bouscatel (70 ans), aux commandes depuis 1992 et dont le mandat arrive à échéance en juin 2017. En coulisses, on craint l'intensification de la guerre des clans dans les mois à venir, entre les fidèles du pouvoir en place et les tenants du changement.
Dans la tempête qui s'annonce, les hommes sur le terrain devront tenir la barre. "Vous savez qu'on est un club qui compte dans le paysage rugbystique français, et on entend bien compter encore pendant quelques temps", promet Mola.