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Cinq ans d'ère Laporte se sont achevés par une défaite sans âme vendredi à Barcelone en finale du Top 14, et un nouveau chapitre s'ouvre pour le Rugby club toulonnais, obligé de reconsidérer son modèle pour repartir en conquête.
C'était décidément une drôle de saison pour le RCT. Annoncée comme délicate, en raison de la transition qui s'est opérée doucement entre le manager Bernard Laporte et son successeur Diego Dominguez , elle a été rendue encore plus ardue par un recrutement peu judicieux, des absences mal gérées liées à la Coupe du Monde et des blessures à la pelle à des postes-clés.
Cela s'est matérialisé par la perte du titre européen après trois ans d'hégémonie, le RCT ayant été sorti de sa compétition-fétiche dès les quarts de finale par le Racing, son bourreau du Camp Nou.
Et pourtant, malgré les ponctuelles déclarations catastrophistes du président Mourad Boudjellal faisant écho à celles de Laporte, le RCT a su s'adjuger la deuxième place de la saison régulière de Top 14 deux mois plus tard, pour se hisser directement en demi-finales et faire du petit bois de Montpellier (27-18).
Un exercice contrasté donc, mais qui se solde par un constat froid de Laporte: "On n'a rien gagné cette année. Et Toulon doit gagner."
- Dominguez à l'épreuve du feu -
L'émotion suscitée par la dernière de "Bernie" aux commandes des Rouge et Noir, qu'il a guidés à trois titres de champions d'Europe (2013, 14, 15) et un Bouclier de Brennus (2014), n'aura donc pas galvanisé les troupes toulonnaises, comme pétrifiées face à un Racing pourtant vite réduit à 14.
"Le haut niveau, c'est d'abord la maîtrise de soi. Quand tu es champion de haut niveau, tu ne peux pas passer à côté d'une finale", a sèchement jugé le manager. "C'est dans ces matches-là qu'il faut s'affirmer, c'est là aussi que tu vois les grands, ceux qui s'en sortent et ceux qui ne s'en sortent pas."
Désormais entièrement consacré à la conquête de la présidence de la Fédération française de rugby, Laporte, âgé de 51 ans, passe donc la main après une "formidable" aventure entamée fin 2011.
Roi sans couronne, une première depuis 2012, le RCT s'interroge légitimement sur l'après, en attendant l'épreuve du feu de Dominguez, ancien ouvreur emblématique de l'Italie et du Stade Français, mais inexpérimenté au poste de manager.
L'effectif, "en sur-régime sur certains postes" dixit Laporte, a montré ses limites. Et le manque de leadership a été criant vendredi soir.
Les absences du N.8 Duane Vermeulen, du flanker Juanne Smith, du demi de mêlée Sébastien Tillous-Borde, du centre Ma'a Nonu ou encore de l'ailier Drew Mitchell ont certes pesé lourd, mais l'incapacité des suppléants à se mettre au niveau a déçu.
Ambiance fin de cycle donc sur la Rade où une quinzaine de joueurs vont faire leurs valises, dont certaines figures emblématiques comme les frères Armitage ou encore Frédéric Michalak. L'Australien Quade Cooper , débarqué avec fracas, va pour sa part repartir sans bruit.
- Accélérateur sur la formation -
Les arrivées s'annoncent un peu moins clinquantes qu'à l'accoutumée avec comme têtes d'affiche l'ouvreur François Trinh-Duc, l'arrière japonais Ayumu Goromaru (dont le rendement sportif est soumis à questionnement) et l'ailier Vincent Clerc .
Au taquet du plafond salarial et désormais interdit de recourir aux primes de finale pour le dépasser, le président Mourad Boudjellal doit repenser son modèle, jusque-là assis sur des énormes coups marketings et sportifs avec le recrutement de vedettes mondiales.
L'exubérant président n'a jamais caché son envie de remporter un jour un titre avec un maximum de joueurs formés au club, alors que le RCT peine à se débarrasser de l'image de mercenariat.
L'éclosion cette saison de la pépite fidjienne Josua Tuisova, couvée depuis plusieurs années, tendrait à le conforter dans cette perspective. Deux jeunes îliens et la grande promesse du VII argentin Axel Muller ont d'ailleurs signé des contrats espoirs pour la saison prochaine.
Une façon de réinjecter du sang neuf dans un club repu par les titres ces dernières années et à l'appétit de nouveau aiguisé.