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Il y a quelque chose de brisé au Racing-Métro depuis l'élimination en quarts de finale de Coupe d'Europe début avril, et la défaite sans âme en barrages de Top 14 vendredi vient conclure une saison plus blanche que ciel.
Longtemps a-t-on cherché sur la pelouse de Jean-Bouin les centaines de sélections internationales cumulées dans l'effectif francilien, la force de conviction de ces compétiteurs-nés habitués aux grands rendez-vous, la sérénité des leaders.
Écrasés dans tous les secteurs de jeu, les Racingmen n'ont jamais vraiment donné l'impression de rivaliser (38-15) face à leurs voisins du Stade Français. Et l'on pouvait se demander quel était le rapport entre cette équipe et celle capable de renverser Toulouse à Ernest-Wallon l'an dernier au même stade de la compétition, avant de s'arrêter en demies contre Toulon.
"On n'a pas été à la hauteur de l'événement", résume le capitaine Dimitri Szarzewski , au c?ur d'une mêlée francilienne qui "s'est fait défoncer" par son vis-à-vis. Même sur ses habituels atouts le Racing, équipe massive, solide en défense et précise en conquête, a vu ses coutures exploser.
L'équipe Ciel et Blanc est en réalité l'ombre de ce qu'elle croit et peut être depuis plusieurs semaines. De quoi aller chercher quelques explications dans les têtes des uns et des autres.
"Notre force mentale s'est effritée à partir du quart de finale contre les Saracens. Cette élimination a été cruelle, terrible. Et ça ne s'évacue pas en trois jours", souffle l'entraîneur des arrières Laurent Labit.
Visiblement, le Racing, qui disputait le premier quart européen de son histoire, ne s'est pas remis de cette pénalité encaissée à la sirène (12-11) alors qu'il pensait tenir le match.
Et le discours résolument positif de l'encadrement après cette désillusion, couplé aux ponctuels "coups de gueule" du président Jacky Lorenzetti, n'ont pas atteint leur cible. Depuis, les Ciel et Blanc n'ont engrangé qu'une victoire pour deux matches nuls et trois défaites. Triste bilan qui a même failli compromettre leur qualification pour la phase finale du championnat, arrachée à la dernière journée.
"Tout est parti dans le mauvais sens, poursuit Laurent Labit. Je disais aux joueurs qu'il fallait absolument faire tourner la roue de la réussite. Mais on est rentré dans ces phases finales avec un trop faible capital confiance."
- Un recrutement revu -
Si les entraîneurs Laurent Labit et Laurent Travers sont les premiers responsables de ne pas avoir su chasser "la pression négative" pesant sur les épaules de leurs joueurs, il est tout de même étonnant de voir cet effectif constellé incapable de se relever de lui-même, à l'exception de quelques individualités, comme le demi de mêlée Maxime Machenaud.
Où sont donc passées les "stars" du Racing, comme l'ouvreur irlandais Jonathan Sexton (29 ans, 51 sél), maître à jouer au sommet de son art quand il évolue avec le XV du Trèfle mais encore quelconque, pour ne pas dire médiocre, vendredi soir ? Sexton comme le centre gallois Jamie Roberts quittent par la toute petite porte le Racing, sans jamais avoir réellement justifié leur niveau de salaire.
"C'est triste pour Jonny car il n'a pas pu s'exprimer comme il l'aurait souhaité", tempère Laurent Labit en soulignant que son N.10 avait été "freiné par ses pépins, ses blessures"
Cela amènera en tout cas l'encadrement et Jacky Lorenzetti à revoir leur politique de recrutement, en attirant des joueurs uniquement concentrés sur le club et libéré de l'étau de l'équipe nationale.
Reste que cette saison, marquée par deux quarts de finale, laisse un sentiment très mitigé.
"Ça prend du temps de mettre les choses en place. Peut-être qu'au Racing c'est un peu plus long qu'ailleurs mais on se décourage pas, on veut ramener un titre pour cette équipe", assure Laurent Labit.
Pas sûr cependant que la patience de l'ambitieux Jacky Lorenzetti, qui devrait prendre possession dans une vingtaine de mois du nouveau stade sur mesure de son équipe, soit extensible.