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Dix ans après sa remise à flots par le président Jacky Lorenzetti, le Racing 92 est arrivé à destination en remportant un titre de champion de France qui doit surtout lui permettre de s'ancrer durablement parmi les poids-lourds du Top 14.
Vendredi soir, dégoulinant dans les coursives du Camp Nou de Barcelone, Jacky Lorenzetti était un homme heureux.
"J'ai des étoiles dans la tête, je suis un peu en lévitation", confie le fondateur du réseau immobilier Foncia, sauveur en 2006 d'un Racing moribond en Pro D2.
Depuis, l'homme d'affaires âgé de 68 ans a beaucoup investi: de son argent, de son temps et aussi de son énergie pour offrir au club séculaire, premier champion de France en 1892, des infrastructures et un effectif à même de jouer les premiers rôles dans le championnat le plus lucratif du monde.
Et après quelques tâtonnements et fausses pistes, l'alchimie s'est faite cette saison, pour le troisième exercice du duo d'entraîneurs Laurent Travers et Laurent Labit. Au grand bonheur de Lorenzetti, qui embrasse avec gourmandise l'ensemble du chemin parcouru.
"Je suis un peu stakhanoviste donc je trouve que c'est aussi agréable de monter les marches et de souffrir pendant neuf ans que de gagner", appuie-t-il.
"C'est une saison exceptionnelle", souligne ainsi Labit. "On a fait les deux compétitions jusqu'au bout. On était tombé sur plus fort que nous en finale de Coupe d'Europe (mi-mai, défaite contre les Saracens 21-9 ndlr). Mais on a su rebondir, revenir jusqu'en finale du championnat."
C'est effectivement la résilience du Racing, capable d'enchaîner six succès entre la désillusion de Lyon et l'apothéose de Barcelone, en passant par une prolongation en demi-finales (34-33) contre Clermont et une heure d'infériorité numérique en finale, qui saisit le plus les observateurs.
- 'Ce groupe s'aime' -
Cette réussite est en grande partie due à un recrutement de qualité, avec des éléments d'expérience comme les All Blacks Dan Carter , Joe Rokocoko et Chris Masoe ou encore Yannick Nyanga , et l'arrivée à maturité d'une autre partie de l'équipe, comme Maxime Machenaud, Eddy Ben Arous, Bernard Le Roux ou encore Juan Imhoff. Sans compter l'implication des doublures qui ont tenu la maison certains matches en se hissant au niveau des titulaires quand il a fallu leur donner du repos.
"Ce groupe s'aime, on vit des moments merveilleux tous les jours au Plessis-Robinson", s'enflamme Dimitri Szarzewski , capitaine "extrêmement fier".
A peine les festivités entamées, Lorenzetti comme Labit ont cependant spontanément évoqué la saison prochaine, signe de la nécessité pour le club francilien de se stabiliser parmi les grandes puissances.
"La conquête est là maintenant on espère que c'est le début d'un long chemin vers d'autres titres", glisse ainsi l'entraîneur des arrières, indiquant qu'il y aurait "très peu de mouvement" durant l'été. "Notre travail va consister à se remettre en question et à redémarrer parce qu'on sait que la digestion du titre peut être difficile, on l'a vu cette saison avec le Stade Français."
- En attendant l'Arena -
"On va tout de suite penser à l'année prochaine, ça va être très difficile de faire beaucoup mieux", estime pour sa part le président. "Mais il faut qu'on s'inscrive dans la continuité et je crois qu'on a un groupe pour répondre présent."
Le club des Hauts-de-Seine ne peut en effet pas vraiment se permettre de fléchir alors que son futur stade, l'Arena 92, sera livré dans 15 mois. Cette enceinte qui pourra accueillir jusqu'à 40.000 spectateurs est LE grand projet à 400 millions d'euros de Jacky Lorenzetti qui le finance via sa holding, Ovalto Investissement.
A des années-lumière du désuet stade Yves-du-Manoir de Colombes, l'Arena 92 est donc un écrin rêvé pour le Racing qui doit capitaliser sur son titre pour créer un engouement.
Et c'est peut-être d'ailleurs là l'autre grande réussite de la fin de saison du Racing, club qui souffre de ne pas être adossé à une ville pour s'attirer des soutiens naturels: avoir su générer de l'émotion grâce à des scénarios exceptionnels.
"Quand on est entré sur le terrain, on s'est fait siffler", remarque ainsi Szarzewski. Tout heureux d'avoir "su changer le coeur des supporters."