Happy Birthday : |
C'est tout un pan d'histoire du petit club d'Oyonnax qui est tombé samedi à Toulouse lors de la défaite en barrages de Top 14, et l'avenir sans l'emblématique manager Christophe Urios prend désormais la forme d'un point d'interrogation.
Fin d'époque à Ernest-Wallon. Tandis qu'en tribunes, les supporters font leurs adieux à Guy Novès, manager des Toulousains en partance pour le XV de France, sur le terrain, Christophe Urios tourne la page de huit ans d'histoire d'amour avec ses "Oyomen".
Battus d'un souffle (20-19) pour leur premier barrage de Top 14, les Oyonnaxiens ont encore livré un match à leur image, âpre, solidaire, simple mais efficace. Mais cela n'a pas suffi.
"C'est la fin d'une aventure", résume Urios. "C'est dur, forcément. Quand je vais enlever le survêtement, ce sera terminé. Mais on se rappellera les grandes batailles."
En annonçant dès novembre qu'il partirait à Castres la saison prochaine, Urios a lui-même écrit le point final de cette fable qui a mené cette modeste formation de l'Ain du ventre mou de la Pro D2 à la phase finale du Top 14.
- Une quinzaine de départs -
Propulsée dans l'élite en 2013 avec un budget alors trois fois inférieur à celui du Stade Toulousain, l'USO a réussi à s'y maintenir, un exploit en soi pour ce club adossé à une ville industrieuse de 23.000 habitants.
"On a fait une première année en Top 14 en gagnant 11 matches", rappelle à l'AFP Jean-Marc Manducher, président du club depuis 1995 jusqu'à cette année. "Qui aurait pu imaginer cela et qui aurait dit qu'on allait rester en Top 14 quand on voit des clubs historiques comme Perpignan, Biarritz ou Bayonne descendre ?"
"Au début de cette saison, on avait défini comme objectif de terminer dans les 10", poursuit M. Manducher, qui a passé la main à Thierry Emin. "Christophe m'a dit tranquillement: +T'inquiète pas, on y sera.+ Il y avait une forme de sérénité dans son discours, mais il n'a pas trahi cela. Depuis, c'est une vraie aventure d'hommes."
Avec un groupe sans individualité mais constitué de joueurs revanchards et soudés, Urios a semé la terreur parmi les grosses écuries, au point de s'immiscer en barrage.
Qu'adviendra-t-il désormais de l'USO, délestée de tout son encadrement sportif mais aussi d'une quinzaine de joueurs, parmi lesquels des valeurs sûres comme l'ouvreur Benjamin Urdapilleta, le deuxième ligne Thibault Lassalle ou encore le pilier Antoine Tichit ?
- 'Ca attire les mouches' -
"Je ne me fais pas de souci pour Oyonnax. Le projet est sur les rails", répond Urios. "J'ai assumé mes responsabilités en annonçant en novembre que je partais et si je l'ai fait c'est d'abord pour laisser au club le temps pour s'organiser (...) Je ne suis pas inquiet. C'est un club qui n'a pas fini de grandir."
D'ores et déjà, l'USO a annoncé l'arrivée d'Olivier Azam comme manager, épaulé par Stéphane Glas (arrières) et Pascal Peyron (avants), ainsi que d'une vingtaine de joueurs, comme l'ancien All Blacks Piri Weepu ou encore l'ouvreur gallois Nicky Robinson. Un profond remaniement qui pourrait s'accompagner d'une crise de croissance.
"Je ne suis pas persuadé que la nouvelle équipe va conserver nos valeurs", s'inquiète ainsi Jean-Marc Manducher. "On s'appuie sur le territoire, le respect, la famille, l'importance du groupe, le travail bien sûr. C'est une mentalité particulière. Mais si on met l'argent devant l'attelage, ce ne sera pas la bonne formule."
"Oyonnax est sous le feu des projecteurs cette année et ça attire les mouches, forcément", poursuit-il.
"Quand j'entends que certains utilisent le mot propriétaire pour définir leur présence au club, ça me donne des frissons dans le dos. Je vois maintenant des gens qui veulent exister à travers le club", déplore encore l'ancien président.
Ce sera en tout cas bien là le principal défi d'"Oyo": faire que les hommes passent mais que l'esprit reste.