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© AFP/Franck PENNANT
L'Australien du RC Toulon Matt Giteau
(d) face au Britannique de Sale Ross Harrison, à Mayol le 15 janvier 2017
Contre son gré, il est passé de l'autre côté de la barrière. Emblématique joueur de Toulon mais actuellement blessé, l'Australien Matt Giteau a revêtu le survêtement d'entraîneur des arrières du RCT la semaine dernière pour un dernier défi avant son départ en fin de saison.
"Je n'aime pas faire l'entraîneur, mais c'est comme ça, on est là!", a ainsi volontiers reconnu Giteau après son premier match comme adjoint du club varois, dimanche dernier à Marseille contre Toulouse (33-23). Même s'il a avoué avoir pris un malin plaisir à remplacer en cours de jeu son ami Drew Mitchell .
Samedi contre Castres en Top 14, il prendra cependant de nouveau place sur le banc au côté de l'Anglais Richard Cockerill , pour former un improbable duo chargé de qualifier le RCT pour la phase finale après l'éviction la semaine dernière de Mike Ford.
Giteau entraîneur, l'idée avait germé chez Mourad Boudjellal "il n'y a pas si longtemps", quand il commençait "à avoir des doutes sur l'équipe".
Le président toulonnais explique à l'AFP avoir été convaincu des capacités à entraîner de l'ouvreur ou centre par son "implication dans la réflexion sur le jeu" à chaque fois qu'il "(réunissait ses) leaders". Et en le voyant souvent échanger avec Bernard Laporte , aux commandes jusqu'en juin dernier, à la mi-temps des rencontres ces dernières saisons.
"Il parlait au nom des joueurs, alors qu'il y avait Jonny (Wilkinson, leader de jeu de Toulon jusqu'en 2014, NDLR) et que Bernard n'est pas du genre à échanger, mais à diriger. Donc je me disais: si Bernard échange avec Matt, la pensée de Matt est importante pour lui", raconte Boudjellal.
- 'Dernière mission' -
Mais l'Australien (34 ans, 103 sél.) "m'avait envoyé dans les choux" poursuit-il.
Pourquoi avoir cette fois accepté? "Parce qu'il est profondément attaché à Toulon. Et là, il le prend comme l'intérêt supérieur du Rugby Club Toulonnais, comme la dernière mission à faire pour le club qu'il aime", estime Boudjellal.
Un club où il est arrivé en 2011, remportant trois Coupes d'Europe (2013 à 2015) et un championnat de France (2014). Mais Toulon est actuellement au creux de la vague, éliminé de la Coupe d'Europe le 2 avril à Clermont (9-29) et à la lutte pour se qualifier en Top 14 (quatrième) après avoir changé deux fois de manager cette saison -- Diego Dominguez avait déjà été écarté fin octobre.
Il a donc fallu convaincre Giteau parce, d'après Boudjellal, "il pense qu'en devenant entraîneur, il arrête d'être joueur. Ce qui n'est pas du tout le cas".
Il pourrait d'ailleurs le redevenir, et coiffer la double casquette, dès le déplacement à Bordeaux-Bègles le 29 avril.
- Il refuse de faire l'équipe -
Autre frein dans l'esprit de l'Australien, sa proximité avec l'effectif, ce qui l'a poussé à demander à Boudjellal "de ne pas faire l'équipe", selon ce dernier.
"Il avait surtout peur de la façon dont cela allait être perçu par le groupe, dont il est un élément assez chambreur. Par exemple, tous les joueurs l'appellent coach maintenant à tort et à travers, uniquement pour le (chambrer). Il savait très bien qu'il aurait droit à des railleries de la part du groupe", ajoute le président.
Il semble pour autant ne pas avoir changé, désormais simplement muni aux entraînements d'une feuille de papier pour donner ses directives, au milieu des joueurs pendant les séances. Il lui arrive même parfois, malgré sa blessure, d'y participer pour montrer ce qu'il attend.
"Nos rapports n'ont pas changé. Il était déjà investi dans les entraînements. Il connait très bien le groupe et les systèmes de jeu", confirme Sébastien Tillous-Borde, qui souligne, comme Cockerill, que Giteau a apporté "de la simplicité" au jeu varois.
Auquel il apportera donc bientôt son écot sur le terrain avant de s'envoler la saison prochaine pour le Japon.