Happy Birthday : |
Un alliage jeunes-anciens porté par une volonté de revenir au premier plan après des années de frustrations: telle est la recette du Stade Français, champion de France samedi huit ans après son dernier titre. Prendra-t-elle sur la durée?
Une sentiment de revanche
Ce 14e Bouclier de Brennus arraché à Clermont (12-6) puise ses racines dans la fin de saison dernière, avec une qualification pour la phase finale et donc pour la Coupe d'Europe échappée lors d'un printemps morose, en championnat puis lors d'un barrage qualificatif pour la Coupe d'Europe perdu face aux Wasps. "On a cru (au titre) seulement quand on s'est qualifié pour les barrages. Car en début de saison l'objectif était uniquement de se qualifier pour la coupe d'Europe. On ne voulait pas penser à autre chose", affirme ainsi Julien Dupuy .
Six ans en effet (2009) que le club n'avait pas goûté au parfum de la phase finale et de la plus prestigieuse des compétitions européennes, qu'il retrouvera à l'automne. Une éternité pour ce club phare de la fin des années 90 et des années 2000 sous la médiatique présidence de Max Guazzini, qui a failli financièrement couler à l'été 2011. Remettre l'église au milieu du village, tel était donc le moteur principal de l'effectif. "On est tous conscients que le Stade Français est un très grand club, on en avait marre de jouer la 7e ou la 8e place. On voulait le remettre en haut de l'affiche", a souligné Antoine Burban.
Un an de plus
Cette volonté existait aussi lors du précédent exercice, le premier de Gonzalo Quesada aux commandes. Pourquoi cela a-t-il fonctionné cette saison? "On était plus frais, il y a aussi l'apport de joueurs (Lakafia, Pyle). Et surtout on a pris un an d'expérience, donc on a mieux géré les matches importants", explique Dupuy.
Contrairement à la saison dernière, les Parisiens ont ainsi su se relever après des revers à la maison qui auraient pu leur porter un coup fatal. Ainsi se sont-ils imposés à la sirène chez un concurrent direct, Bordeaux-Bègles, après la première défaite de la saison à Jean-Bouin fin janvier contre Oyonnax puis un revers à Bayonne. Autre tournant: le succès en mai, à 14 contre 15 pendant plus d'une heure sur le terrain du rival francilien, le Racing-Métro, dans la foulée de la défaite à domicile contre Toulouse. Face aux Rouge et Noir, la saison de l'ouvreur Jules Plisson a pris fin sur blessure. Mais il a été parfaitement suppléé par Morné Steyn, et ce coup du sort n'a pas affecté une équipe "à réaction mais quand même assez régulière, ce qui était important par rapport année dernière", dixit Dupuy.
Un mélange détonant
Dupuy est l'un des piliers d'un groupe qui rassemble essentiellement trois générations entretenant un fort sentiment d'appartenance au club après ces années sombres. D'abord les néo-retraités (Fillol, Rabadan). Puis les joueurs confirmés dont certains, comme Sergio Parisse , ont "fait des concessions au niveau de (leur) carrière pour rester fidèle au club" (Dupuy, Papé, Burban, Arias). Et enfin, d'après Antoine Burban, "tous ces jeunes qui ont les dents qui poussent" depuis le centre de formation (Camara, Bonfils, Danty, Slimani, Flanquart et Plisson plus Bonneval, blessé toute la saison).
"Il y a une osmose: tout le monde se chambre avec beaucoup de respect et de camaraderie", développe Burban. Ces liens ont été notamment renforcés lors des stages à Malaga (Espagne) avant la saison puis mi-mars à Val-d'Isère. Si bien que Raphaël Lakafia, arrivé l'été dernier, a "l'impression d'être présent depuis 10 ans".
"Mais on est aussi pas trop mal en rugby", ajoute le troisième ligne d'une formation qui, dans le sillage d'une conquête implacable, a développé un jeu séduisant. Crédit doit évidemment en être porté à Quesada et à ses adjoints Simon Raiwalui (avants) et Jean-Frédéric Dubois (arrières). Un Quesada aussi fin tacticien que psychologue, un stakhanoviste qui se disait samedi déjà "inquiet" par rapport à la saison prochaine. Avant de quand même ajouter qu'il allait essayer de "boire quelques bières pour savourer" ce retour en pleine lumière à confirmer sur la durée.