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En se qualifiant pour les premiers barrages de Top 14 de son histoire, le petit club d'Oyonnax continue d'écrire son incroyable légende où il tient avec gourmandise le rôle de David parmi les Goliath.
Dans ce conte fantasmé qu'ils se plaisent à entretenir, les "Oyomen" de Christophe Urios vivent dans les montagnes parmi les ours, font souffler un vent polaire sur Charles-Mathon pour transformer l'enceinte en forteresse imprenable, et descendent dans la plaine pour accomplir des miracles face aux ogres du Top 14.
Ce ressort tout simple est là clé de la réussite de l'USO et ses quelque 15 millions d'euros de budget, une paille comparé aux 35 millions du Stade Toulousain chez qui les Haut-Bugistes se déplaceront samedi prochain (16H30). Et il dessinera encore les contours du scénario de la semaine à venir.
"On va jouer Toulouse en barrages, c'est une grande équipe, à l'égal de Toulon ou de Clermont", n'a pas manqué de souligner l'entraîneur des avants Joe El-Abd samedi soir. "Nous, on est des petits mais on va se préparer comme des fous pour tenter de continuer cette belle aventure".
"C'est exceptionnel. Je ne vais pas dire que c'est un miracle mais on l'a fait", poursuit l'ancien capitaine de l'équipe, un des artisans de la montée du club en Top 14 à l'issue de la saison 2012-2013.
- Un environnement familial -
La fulgurance de la réussite de l'équipe époustoufle. Le club, adossé à une ville industrieuse de 23.000 habitants seulement, végétait à la 8e place de la Pro D2 il y a trois ans encore. Le voilà 6e du Top 14, à l'égal des grands et devant des écuries bien mieux dotées comme Montpellier, Lyon ou Grenoble.
La recette appliquée est celle de la cité, nichée au coeur de la riche "Plastics Valley" et dont la devise est: "Elle s'est élevée grâce au labeur de ses habitants". Depuis son arrivée à la tête de l'équipe en 2007, l'emblématique entraîneur Christophe Urios, un ancien talonneur de devoir que tout le monde décrit comme un "gros bosseur", a bâti un groupe dur au mal et travailleur, constitué de joueurs revanchards, peu connus mais impliqués à 100%.
"Oui, à Oyonnax il fait froid, c'est petit, pas très joli", admet volontiers Urios. "On vient ici pour le projet sportif et pas pour la mer."
Le club compense toutefois cette faible attractivité par un environnement familial et très convivial permettant aux joueurs de s'épanouir en-dehors comme sur le terrain.
Cette solidarité s'est encore ressentie en cette fin de saison où le groupe, qui avait arraché tout juste son maintien l'an passé, a montré solidité et expérience pour conserver dans la dernière ligne droite sa place de barragiste. Et cette année, les Oyomen sont aussi allés pêcher de précieux points à l'extérieur (15, dont 3 victoires) pour tout bousculer.
- Urios prépare son coup -
Ils avaient notamment posé énormément de problèmes à Toulouse en ouverture de la saison (20-19) en août dernier à Ernest-Wallon, donnant le ton de cet exercice.
Alors forceront-ils encore leur destin samedi contre d'autres Rouge et Noir, au palmarès bien plus étoffé? L'air de rien, Christophe Urios a déjà manigancé son coup en faisant largement tourner pour le dernier match de la saison régulière à Toulon, afin de préserver ses cadres.
Et c'est sans joie démonstrative qu'il a accueilli la qualification de ses hommes.
"Je suis déjà tourné vers le match à Toulouse de samedi prochain", a-t-il expliqué. "On est en train de calculer ce que l'on va faire. Il n'y a pas de places pour l'émotion aujourd'hui."
Sans doute Urios, qui partira à Castres la saison prochaine, aimerait ainsi tourner une page d'histoire personnelle en écrivant son plus beau chapitre. Et donner un peu plus corps au mythe d'Oyonnax.