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Le Stade Français, porté par un vent de fraîcheur, est bel est bien revenu au sommet du rugby français en étouffant une équipe de Clermont (12-6) décidément maudite samedi au Stade de France en finale de Top 14.
Enfin l'armoire à trophées parisienne est-elle dépoussiérée. Huit ans après le dernier Bouclier de Brennus, déjà conquis face à Clermont, et après des saisons de décadence, de galère et de reconstruction, le Stade Français, équipe phare de la fin des années 90 et des années 2000, est de retour, avec un 14e titre de champion de France.
Quatrième de la saison régulière, le club parisien a survolé cette phase finale du Top 14, balayant le Racing-Métro (38-15) en barrages puis le tenant du titre Toulon (33-16) en demies. Si l'on n'a pas retrouvé le même grain de folie offensif samedi soir, ce titre récompense une équipe joueuse, aimanté par les promesses du large mais d'abord assise sur une conquête solide et un rideau de fer en défense.
Ce Bouclier est aussi un gage d'avenir pour la jeune garde parisienne qui a réanimé une équipe moribonde il y a encore deux ans, à l'image des Jonathan Danty, Alexandre Flanquart, Rabah Slimani, Djibril Camara ou encore Jules Plisson et Hugo Bonneval. Encadrés par quelques sages, comme Julien Dupuy ou Sergio Parisse , cornaqués par un Gonzalo Quesada (41 ans) aussi manager que psychologue, les talents de la capitale n'ont semble-t-il pas fini d'éclore.
- La malédiction de l'ASM -
Du côté de Clermont, comment ne pas invoquer la malédiction des finales ? Les Auvergnats butent en effet pour la 11e fois de leur histoire sur la dernière marche du championnat, pour un seul titre en 2010.
Repris en main cette saison par Franck Azéma, jusque-là adjoint de Vern Cotter (2006-2014), les Jaunards espéraient entamer un nouveau cycle, évidemment positif.
Mais un mois après s'être incliné en finale de Coupe d'Europe (24-18) face à Toulon, comme en 2013, les voilà encore condamnés à regarder leurs adversaires parader. De nouveau l'été s'annonce amer pour les Auvergnats et leurs supporters, en espérant que leur obstination payera un jour.
Ils ne sont encore pas passés loin sur la pelouse du Stade de France, déjà cercueil de leurs illusions à maintes reprises. Dans une finale hermétique, hachée, tendue - une finale, quoi - le spectateur n'a guère eu sa ration d'envolées, sans pour autant altérer un suspense poignant jusqu'au bout.
Menés 9-0 au bout d'une demi-heure de jeu, les partenaires d'Aurélien Rougerie ont ensuite tout donné pour revenir et l'intense bras de fer a tenu en haleine tout le stade.
- Clermont sans réalisme -
Chiropracteurs, ostéopathes et tout autre spécialiste en traumatologie trouverait bien du travail chez les acteurs de cet épilogue de la saison très rugueux dans les zones de contact. Le col déchiré d'Aurélien Rougerie, le sang recouvrant le maillot du talonneur parisien Rémi Bonfils ou encore le carton jaune pour brutalité attribué à au troisième ligne clermontois Julien Bardy, le tout au bout d'un quart d'heure de jeu, en furent les témoins les plus visibles.
Mais l'âpre travail souterrain des avants au sol et en conquête a aussi produit son lot de blessures, forçant des remplacements précoces dans les deux packs.
Au final, Clermont a payé comptant son indiscipline chronique (9 pénalités déjà sifflées à la pause) mais aussi les échecs de ses buteurs Morgan Parra (0/2) et Brock James (1/2). Ces neuf points oubliés au pied ont au final pesé lourd, très lourd.
Clermont pourra aussi regretter de ne pas avoir profité de ses temps forts durant toute la seconde période. Maîtresse du ballon face à un Stade Français inhabituellement timoré, l'ASM n'a jamais su trouver la faille dans une défense parisienne très bien organisée et agressive, à l'image du centre Waisea ou du troisième ligne Raphaël Lakafia.
Au courage, les partenaires de Sergio Parisse ont ainsi tenu une demi-heure durant jusqu'à ce que Morné Steyn, auteur des 12 points au pied de l'équipe, ne scelle le succès à la sirène, parachevant ainsi un incroyable parcours.