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Le Stade Français a signé l'un des plus beaux exploits de son histoire en renversant 33-16 Toulon, champion d'Europe et de France en titre, pour se qualifier pour la finale du Top 14, vendredi au Nouveau Stade de Bordeaux.
Rendez-vous compte ! Depuis 2011, Toulon n'avait pas raté une seule finale, que ce soit de Top 14 (2012, 2013, 2014), de Coupe d'Europe (2013, 2014, 2015) et même de Challenge européen (2012). Les Rouge et Noir s'étaient bâti un empire dans ce laps de temps, avec trois titres européens consécutifs et un Bouclier l'an passé.
Mais l'implacable machine s'est enrayée dans la nuit girondine et il faudra se passer de Bernard Laporte et ses hommes samedi 13 juin au Stade de France pour l'épilogue de la saison. Incroyable scénario.
Et l'on se demande où s'arrêtera l'équipe parisienne, portée par un vent nouveau après six ans d'absence en phase finale. Confortablement installée dans son canapé, elle attendra samedi après-midi l'issue de l'autre demi-finale entre Clermont et Toulouse pour connaître le nom de son adversaire.
De quoi rêver d'apporter un nouveau Bouclier de Brennus pour accompagner les 13 autres de l'armoire à trophées qui a pris bien de la poussière depuis le dernier, soulevé en 2007.
En attendant, le Stade Français renoue le fil de son passé glorieux, il y a une petite décennie à peine, quand il faisait régner la terreur sur le championnat tandis que Toulon se morfondait dans les limbes de la Pro D2. Curieux renversement de l'histoire.
Vendredi soir, les Parisiens peuvent se targuer d'avoir tenu leur promesse, c'est-à-dire de ne pas avoir trahi leur identité de jeu, basé sur une conquête solide, notamment la mêlée fermée, mais aussi attiré par l'air du large.
- Parisse, comme un magicien -
Comme deux fois lors de la saison régulière face à Toulon, ils ont réussi à jouer à leur main, en s'appuyant sur une défense compacte qui les a abreuvés en ballons de récupération dans les moments clés. En face, les Varois ont pratiqué un jeu direct, sans véritable génie et parfois désordonné ou imprécis. Leur indiscipline chronique a aussi été logiquement été punie par la patte de l'ouvreur et buteur parisien Morné Steyn (18 pts) qui confirme de jour en jour sa montée en puissance.
Il faut aussi dire que la rencontre s'est inscrite dans un contexte particulier pour les Toulonnais, dont une partie de l'effectif a été secouée par la mort accidentelle de l'emblématique 3e ligne All Blacks Jerry Collins au petit matin même. Cousin de Chris Masoe , frère d'arme de Carl Hayman et Ali Williams , Collins a hanté les esprits et cela a forcément pesé sur la préparation mentale de la partie.
Mais cela n'explique pas non plus pourquoi le RCT qui, selon un scénario immuable a toujours réussi à imposer sa domination physique pour resserrer peu à peu son étreinte, a cette fois failli.
Les hommes de Bernard Laporte avaient pourtant posé leur empreinte sur le début de match, menant rapidement 10-3 (12e) grâce à un essai de l'ailier Drew Mitchell illuminé par une inspiration au pied de Juan Martin Hernandez .
Mais sans s'affoler et sûr de ses forces, le Stade Français est revenu. Une chistera magique du N.8 Sergio Parisse a d'abord ouvert la porte à Raphaël Lakafia (24e). Puis Antoine Burban, après un raid solitaire, concluait une folle action de deux minutes 30 secondes ponctuées de pertes de balle des deux côtés.
En tête 20 à 13 à la pause, le Stade Français ne lâchait plus prise dans un second acte fébrile et entaché de fautes de main de part et d'autre. Les buteurs Leigh Halfpenny et Morné Steyn se répondaient deux fois et malgré l'emprise toulonnaise sur la fin de match, les Parisiens ne craquaient pas. Ils parachevaient même leur triomphe d'un essai-gag à la sirène de Julien Arias, pour enfin retrouver l'air des sommets.