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Le Stade Français a signé l'arrêt de mort de ses années creuses en décrochant sa première finale de Top 14 depuis 2007, preuve que ce groupe hétéroclite mélangeant classe biberon et vétérans est arrivé à son point de maturité.
C'est un vent de fraîcheur sur le championnat que fait souffler le Stade Français, après avoir déboulonné Toulon (33-16), dont la statue d'acier domine l'Europe depuis trois saisons. Les Parisiens eux-mêmes n'en revenaient pas totalement vendredi soir, un peu ébahis du tour de force accompli.
"J'habitais avant dans le nord de Paris, le Stade de France je le voyais de chez ma mère", témoigne en souriant le jeune centre Jonathan Danty. "A aucun moment je me suis imaginé que potentiellement je jouerai une finale de Top 14 dans ce stade. C'est un honneur."
On se demandait logiquement à quel point cette équipe parisienne aurait les reins solides face à l'expérience toulonnaise. Le Stade Français, à court de carburant physique et mental, s'était écroulé l'an passé dans la dernière ligne droite, manquant ainsi la qualification, et il tâtonne à ce niveau, après six ans d'absence en phase finale.
Mais les Parisiens ne cessent d'étaler leur progression dans la gestion des grandes échéances. Après avoir joué à chamboule-tout face au Racing-Métro il y a une semaine à Jean-Bouin en barrages (35-18), il a réussi même à exporter son succès à Bordeaux.
"C'est nouveau pour nous", relève le pilier droit Rabah Slimani. "On voit un peu la lumière au bout du tunnel mais ce n'est pas fini, on donne rendez-vous au Stade de France. Comme on dit souvent entre nous, si on ne va pas au bout, ça n'aura servi à rien."
La force parisienne tient d'abord de l'état d'esprit de son effectif qui a réussi l'amalgame entre des jeunes du crû (Bonfils, Slimani, Danty, Plisson, Flanquart, Bonneval...) et des éléments d'expérience pour les encadrer (Parisse, Dupuy, Papé, Rabadan...).
"Ce groupe commence à prendre de la bouteille", relève ainsi le demi de mêlée Julien Dupuy (31 ans). "On sent que les jeunes sont prêts maintenant, beaucoup sont internationaux et ils ont l'expérience. Du coup, on ne se prend plus la tête, on n'a pas peur de ces matches-là."
- "La philosophie du Stade Français, c'est tenter" -
"Gonzalo a fait confiance aux jeunes issus de la formation", souligne de son côté Danty (22 ans) qui explose cette saison. "Quand je me rappelle qu'il y a quatre ans on jouait en Espoirs et que là on se retrouve en finale du Top 14, c'est un truc énorme. Vous ne devez pas vous rendre compte à quel point pour nous c'est une fierté."
"Malgré les années difficiles du club, on y a cru", poursuit le centre. "On se disait que plus tard viendrait notre tour de faire le boulot. Là on en a fait la moitié et l'autre moitié ce sera la finale."
Reflet de la nouvelle assurance du groupe parisien, la fidelité que voue l'équipe à son identité de jeu, quel que soit l'adversaire et telle que la résume le troisième ligne Raphaël Lakafia: "La philosophie du Stade Français c'est de tenter, même s'il y a parfois du déchet. Si ça passe, c'est beau."
Derrière cette vision un brin romantique, le Stade Français s'appuie d'abord sur une conquête de fer qui lui permet effectivement de lancer son jeu dans les meilleures conditions et surtout de créer des déséquilibres sur les extérieurs.
Vendredi soir, comme face au Racing-Métro, la première ligne parisienne a encore fait vivre un calvaire à son adversaire en mêlée fermée. La troisième ligne Burban - Lakafia - Parisse a aussi impressionné par son activité en attaque et sa capacité à ralentir tous les ballons toulonnais dans les rucks.
Si l'on ajoute la finesse de la préparation mentale que se plaît à effectuer Gonzalo Quesada , féru de psychologie, le club parisien se retrouve donc armé pour l'avenir.
"On est une bande de petits parisiens, on s'est tous retrouvés dans ce club et on est en train de créer notre histoire", résume en rêvant Jonathan Danty.