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Même à 14 contre 15 durant plus d'une heure contre Toulon, rien ne pouvait arrêter le Racing 92 sur le chemin d'un premier titre depuis 1990, au terme d'une finale exceptionnelle (29-21) à tous les niveaux, vendredi, au Camp Nou de Barcelone.
Aucun amateur de rugby n'oubliera cette soirée totalement folle, achevée en apothéose par un exploit majuscule du Racing dans un des temples du football mondial.
Devant près de 100.000 spectateurs -un record pour un match de club- les Ciel et Blanc ont ainsi renoué avec le passé glorieux de leur club séculaire.
Sacrés cinq fois entre 1892 et 1990, les Racingmen replacent ainsi le Bouclier de Brennus dans leur armoire à trophées, 26 ans après la bande du showbizz et ses noeuds-papillon roses portés par Mesnel, Guillard, Blanc and co.
Encore dans les limbes de la Pro D2 il y a 10 ans, enferré dans d'obscures et anonymes joutes devant le public épars de Colombes, le Racing retrouve ainsi la lumière. Une récompense pour son ambitieux président Jacky Lorenzetti, fondateur du réseau immobilier Foncia et repreneur du club en 2006.
- Triste sortie pour Laporte -
A force d'investissements, de restructurations et aussi de tâtonnements, le voilà enfin touchant du doigt son Graal. Un peu plus d'un mois après avoir vu leurs troupes s'incliner en finale de Coupe d'Europe face aux Saracens (21-9), Lorenzetti et ses hommes de terrain, les entraîneurs Laurent Labit et Laurent Travers , ancrent ainsi le Racing parmi les grandes puissances.
Difficile aussi de ne pas y voir un symbolique passage de témoin avec Toulon qui a matérialisé son hégémonie ces cinq dernières années par trois titres de champion d'Europe (2013, 2014, 2015) et un Bouclier de Brennus (2014).
Pour la dernière sortie de son charismatique manager Bernard Laporte , le grand architecte de ces succès, le RCT peut nourrir énormément de regrets. Et les supporters de la Rade, déjà déçus de la défaite en quarts de finale de Coupe d'Europe, face au Racing déjà (19-16), s'inquièteront sans doute de la transition qui s'annonce, avec l'arrivée aux commandes de Diego Dominguez .
Cette première saison sans titre depuis 2012 referme un exercice compliqué pour le RCT, entre erreurs de gestion, blessures et absences des internationaux.
Mais sans doute il y avait la place vendredi soir de remporter cette finale en bénéficiant de l'exclusion définitive dès la 18e minute du demi de mêlée Maxime Machenaud, pour un plaquage dangereux sur l'ouvreur Matt Giteau .
Jusqu'à cette dernière mêlée à cinq mètres de l'en-but du Racing et finalement sanctionnée par l'arbitre Mathieu Raynal, rien ne s'est goupillé comme il le fallait pour les Rouge et Noir. Qui ont semblé incapables de résister à la furia du Racing, encore poussés par le souffle qui leur a permis de remporter une demi-finale déjà décoiffante une semaine plus tôt face à Clermont (34-33 a.p).
Equipe la moins pénalisée du championnat, le RCT a cette fois été d'une indiscipline crasse (16 pénalités), de quoi sûrement rendre fada Laporte qui a fait du "pas de faute" sa marque de fabrique. Pis, les Toulonnais, qui ont immédiatement inscrit un essai par Mamuka Gorgodze après le carton rouge à Machenaud, ont semblé complètement perdre le fil de leur jeu ensuite, comme tétanisés devant cette proie facile.
- Carter au rendez-vous -
A l'inverse, les partenaires de Dimitri Szarzewski ont paru galvanisés par l'adversité, recollant au score à la pause (14-12) par la botte de l'ouvreur vedette Dan Carter et celle longue distance du centre Johan Goosen.
En se serrant les coudes en défense et en replaçant l'ailier Juan Imhoff à la mêlée, les Racingmen ont fait mieux que résister en seconde période.
Symboliquement, ils annihilaient deux attaques toulonnaises dans les 22 mètres franciliens en remportant la bataille du sol et viraient même en tête par une pénalité de Goosen (15-14, 48e).
© AFP/LLUIS GENE
L'ouvreur néo-zélandais du Racing 92 Dan Carter
botte une pénalité contre Toulon au Camp Nou, le 24 juin 2016
Les Ciel et Blanc ne relâchaient plus leur étreinte sur la partie, creusant même l'écart par un splendide essai de l'inusable Joe Rokocoko à l'heure de jeu, alors que le pilier toulonnais Xavier Chiocci recevait à son tour un carton jaune.
La rébellion toulonnaise dans les 20 dernières minutes étaient ensuite éteintes on ne sait trop comment par les Racingmen. Décidément destinés à un miracle ce soir-là.