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En privant l'ouvreur François Trinh-Duc, enfant de Montpellier, d'adieux à "son" public dimanche au motif d'un froid pragmatisme, le manager sud-africain Jake White a déclenché une vague de protestations, quitte à contrarier une partie de son vestiaire.
Dans un milieu où l'on ouvre de plus en plus volontiers le robinet d'eau tiède quand il s'agit de prendre position, la bravade de Fulgence Ouedraogo , capitaine de Montpellier, déton(n)e. "Peu importe le score de dimanche, ce match restera une défaite historique pour le club...", a osé mercredi matin le flanker sur son compte Twitter, en référence au sort réservé à son ami d'enfance François Trinh-Duc.
Ce dernier observera des tribunes, s'il a le c?ur de s'y rendre, la rencontre dimanche face à Toulon, son futur club. Et l'ouvreur international (29 ans, 53 sél) qui ne rentre plus dans les plans de Jake White , sera très vraisemblablement aussi en costume en cas d'un barrage à domicile.
"Je réalise que c'est une sujet sensible pour beaucoup et je le comprends", a expliqué mardi Jake White en conférence de presse. "Mais les décisions sont prises pour gagner les matches, elles sont prises dans l'intérêt de l'équipe. Tout le monde répète que l'équipe passe avant tout, il ne peut pas y avoir d'exception."
C'est donc un épilogue aigre pour celui qui a passé 13 ans au club après avoir été formé à l'école de rugby voisine du Pic Saint-Loup.
- 'Mal à mon rugby' -
Figure emblématique du MHR, homme-clé du système mis en place par l'ancien manager Fabien Galthié, Trinh-Duc n'a semble-t-il pas convaincu White, qui a modifié en profondeur le club depuis son arrivée il y a près de 18 mois en faisant venir une large colonie de joueurs sud-africains.
Souvent blessé, Trinh-Duc a été dépassé dans la hiérarchie cette saison par le Sud-Africain Demetri Catrakilis et l'Australien Ben Lucas, son jeu créatif ne paraissant pas convenir au style plus direct et physique appliqué par White.
La décision de White, frappée du sceau du pragmatisme en vue de cette rencontre cruciale de l'avant-dernière journée de Top 14, a cependant piqué une partie de l'effectif montpelliérain. Signe que la digestion des récents changements est parfois difficile, en dépit d'un bilan flatteur marqué par un titre il y a 10 jours en Challenge européen.
"Cela fait un moment que j'ai mal à mon Rugby. Certaines piqûres de rappel sont plus douloureuses que d'autres", a ainsi écrit le troisième ligne Antoine Battut sur Twitter, tandis que le demi de mêlée Benoît Paillaugue se disait "tellement triste".
Joints mercredi par l'AFP, ces derniers n'ont pas souhaité développer leur pensée.
- 'On oublie les valeurs essentielles' -
A l'inverse, le troisième ligne de Toulouse Louis Picamoles qui, comme Trinh-Duc et Ouedraogo a vécu les années Pic Saint-Loup avant de s'épanouir à Montpellier, a épinglé la froideur du choix de White.
"François, même si cela ne se voit pas au premier abord, c'est quelqu'un de très sensible, qui accorde énormément d'importance à l'humain et à l'affectif", a déclaré Picamoles à l'AFP. "Je connais notamment la place qu'occupe Montpellier dans son c?ur et par rapport à tout ça, ce qu'on lui inflige est très douloureux."
"Que Montpellier ait accepté ou pas son désir de partir c'est une chose mais quand un mec comme ça, qui a tant apporté au club, part, il faut être capable de lui dire +merci+", a-t-il poursuivi. "Ce n'est pas parce que nous sommes dans un rugby professionnel qu'il ne faut plus laisser de place aux sentiments. On oublie les valeurs essentielles."
Des valeurs qui selon lui, sont incarnées par Ouedraogo qui "n'a rien calculé et juste dit ce qu'il avait sur le c?ur". "C'est un choix courageux car sans doute va-t-il se mettre en porte-à-faux mais il a jugé plus important d'exprimer la tristesse qu'il ressent en ce moment et je trouve ça beau."