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Réputé ces dernières années pour son jeu de mouvement, Bordeaux-Bègles, qui reçoit la lanterne rouge Oyonnax samedi (18h30), s'impose cette saison comme une valeur sûre du Top 14 grâce à un pragmatisme nouveau, mais seulement de circonstance.
"On a appris des échecs du passé. C'est la preuve que l'on grandit." L'ouvreur Pierre Bernard n'est pas du genre à tourner autour du pot quand lui est demandé s'il a existé plusieurs UBB cette saison.
Capable de sorties de haut-vol mêlant flamboyance et prises de risques ces dernières années, son équipe a évolué cette saison dans le but d'atteindre enfin son Graal: la qualification pour la phase finale du Championnat.
"On ne joue pas contre nature, c'est un autre plaisir", assure Bernard. "On est capable de développer différents styles de jeu, tout le monde adhère à ce projet. L'objectif était de gagner, on a réussi, mais il ne faut pas rester là-dessus."
Très solide face à Toulon (15-12) pour sa première au Matmut Atlantique le 14 février, très poussive une semaine plus tard contre Agen (24-12), où elle a beaucoup tenté et peu réussi sous la pluie, l'UBB a fait preuve d'une grande maîtrise samedi à Pau (15-3). S'appuyant sur un jeu au pied d'occupation et de précision remarquable, elle a ainsi compilé une troisième victoire à l'extérieur (plus un nul à Clermont) en huit déplacements.
Au détriment du jeu? "C'est juste une illusion", estime le demi de mêlée Baptiste Serin. "Je ne pense pas qu'on envoie moins de jeu que les années précédentes, c'est juste que l'on est plus pragmatique. On construit les matches de manière plus intelligente qu'avant, c'est un peu plus réfléchi, on part moins en orgie de jeu."
- ADN et identité -
"A l'extérieur, on est juste plus restrictif et très réaliste, c'est ce qu'il faut pour gagner. On est désormais un peu plus confiant, sûr de nos forces", poursuit le prometteur demi, récemment appelé en stage chez les Bleus.
Bien calé au milieu des prétendants classiques que sont Toulon, le Racing 92, Toulouse ou Clermont, Bordeaux-Bègles (4e), qui compte un match en plus, est donc davantage dans l'adaptation que dans la révolution.
"Mais, moi, j'ai envie que l'on passe à autre chose", plaide le manager Raphaël Ibanez, qui dispose chaque week-end de 35 joueurs sous la main, aux palettes diverses.
"Notre ADN n'est pas remis en question, ça va venir. Quand? Je ne suis pas devin. On attend que les conditions (adversaire, temps) nous permettent d'être un peu plus aventureux, créatifs et efficaces, surtout dans notre jeu de mouvement", ajoute-t-il.
Car l'UBB est capable de se retrouver quand le jeu le demande ou le permet. En atteste sa victoire aussi brillante que surréaliste en janvier à Clermont (37-28) en Coupe d'Europe, avec quatre essais inscrits à la clé et des relances tous azimuts qui avaient séduit de nombreux observateurs.
"On ne s'interdit pas de jouer car on aime ça", insiste Serin. "C'est dans l'identité de tous les mecs. Je me vois mal dire à Blair Connor +on envoie des chandelles pendant tout le match et on attend+. On a plein de joueurs de ballon dans cette équipe."
Oyonnax, qui avait asphyxié les Girondins à l'aller (37-19) en août, est prévenu: son hôte est affamé.