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Meneur-né et fin psychologue, le patron emblématique du Stade Toulousain Guy Novès, futur sélectionneur du XV de France, a toujours su tirer la quintessence de son groupe pour lui faire décrocher la lune, selon ses anciens joueurs.
"Toujours plus!", c'est un peu ce qui résume Novès pour Emile Ntamack, l'ancien arrière ou ailier des Bleus et d'un Stade Toulousain qui dispute samedi face à Clermont sa 21e demi-finale de championnat en 22 ans de règne de l'actuel manager général.
"Après mon premier titre (en 1994, ndlr), on était jeune, on était heureux, on se disait presque qu'on pouvait arrêter le rugby. Mais lui, la première chose qu'il nous a dite, c'est +on est champion ce soir mais demain on ne l'est plus+. Ce que vous avez fait, c'est extraordinaire mais ce qui serait extraordinaire, ce serait de le faire deux fois de suite. On avait pas encore digéré le titre que déjà il nous en remettait une couche", se souvient avec le sourire Ntamack.
Un discours payant: Novès sera champion quatre fois de suite (1994, 1995, 1996, 1997) avec cette génération des Castaignède, Carbonneau, Cazalbou ou entre autres Deylaud.
"Il poussait loin ce message et finalement tu t'accrochais à ça. Tu te disais +quel challenge on va pouvoir se mettre sous la dent? Pas de problème, on va le relever.+ Ça a été la Coupe d'Europe", ajoute Ntamack. Une compétition que Toulouse a remportée quatre fois (1996, 2003, 2005, 2010), un record.
- 'Toujours être à fond' -
Plus qu'exigeant avec lui-même, Novès, qui a horreur de perdre, n'en attend donc pas moins de ses hommes.
"Il était très dur dans la préparation des matchs, il voulait que les joueurs soient à 100%. Ce n'était pas toujours commode, certains le craignaient, il fallait toujours être à fond et quand on perdait c'était une colère atroce", raconte l'ancien pilier Claude Portolan , champion comme coéquipier (1985 et 1986) puis joueur (1989, 1994, 1995 et 1996) de Novès.
Cet appétit insatiable de victoires, ce goût de la perfection, l'ancien ailier rapide et teigneux des Rouge et Noir l'avait dans le sang, selon¨Portolan.
"Déjà en tant que joueur, il regardait tout ce que faisaient (les entraîneurs) Pierre Villepreux ou Robert Bru, il notait tout dans un carnet. Il se préparait à fond et si on s'écartait un peu, qu'on rigolait, il nous remettait dans le droit chemin", poursuit-il.
"Il a cela dans la peau, il ne l'a pas appris dans les livres. Il a cette faculté à transcender les joueurs sans même élever la voix", confirme l'ancien centre international Yannick Jauzion .
- 'Plus un meneur d'hommes' -
Car au delà de la gagne à tout prix, Novès est d'abord un fin psychologue, capable de lire dans ses joueurs comme dans un livre ouvert. Un meneur d'hommes plus qu'un tacticien.
"Sa principale qualité, c'est sa faculté à savoir qui il fallait piquer pour qu'il donne le meilleur de lui-même, ou au contraire celui qu'il fallait accompagner, épauler. Il était capable bien sûr de faire de la tactique mais je ne pense pas que cela soit sa première faculté, c'est plus un meneur d'hommes", souligne Michel Marfaing, ailier du Stade Toulousain de 1996 à 2005.
"Personnellement, je n'étais pas un vrai buteur à la base mais il m'a permis d'arriver à une très bonne réussite, à me donner cette faculté de rentrer dans ma bulle, comme un préparateur mental avant l'heure", juge-t-il.
Le défi à relever à la tête du XV de France sera d'un autre acabit. Mais pour Novès, un homme est un homme, quel que soit la couleur de son maillot.
"Je vais découvrir un nouveau métier mais quand il s'agit de travailler avec des êtres humains, il me semble que je m'adresse toujours à un homme", répond-il.