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Toulon n'a pas encore vu le vrai Ma'a Nonu , mais la recrue star des triples champions d'Europe semble monter en puissance et réclame l'indulgence: pendant qu'il peaufine son intégration, l'équipe gagne.
"Je ne suis pas content de mes performances, elles sont plutôt moyennes pour le moment", reconnaît le taiseux maori, double champion du monde avec les All Blacks (33 ans, 103 sél.), dans un entretien à l'AFP.
Mais "si tout va bien je jouerai bientôt un meilleur rugby", promet-il avant le match du RCT contre le Stade Français dimanche en Top 14, le regard tourné vers le terrain d'entraînement de Berg, dans la banlieue de Toulon, plutôt que vers son interlocuteur.
"Moyennnes" effectivement, "mais il y avait cinq matches de Coupe d'Europe cruciaux à gagner en décembre-janvier, et on les a tous gagnés, avec lui au centre", souligne l'entraîneur des arrières varois, Steve Meehan.
Le centre All Black a notamment été décisif sur l'essai au-delà de la sirène contre les Wasps (15-11 le 17 novembre), qui a sauvé les triples tenants du titre d'une très probable élimination, pour l'instant sa seule action vraiment frappante.
Il n'a pas encore inscrit d'essai en huit matches, "mais je ne marque pas beaucoup", plaide-t-il, "et si vous regardez nos derniers matches, ils étaient tous très serrés".
Nonu a aussi perdu quelques ballons et tenté deux-trois passes sautées de trop, comme l'a souligné son manager, Bernard Laporte .
- 'Pas toujours moi' -
Sur ce sujet, il se cabre un peu. "Je joue comme je le sens, si je vois un espace, je prends l'espace", lance-t-il. Meehan souligne que "la passe sautée on peut la tenter, parfois c'est le bon choix".
Habitué aux stars mondiales depuis Tana Umaga , le mentor de Nonu, le stade Mayol a néanmoins déjà murmuré son impatience envers le "rasta" de Wellington.
"Il y a beaucoup d'attente autour de Toulon, explique le Néo-Zélandais, nous essayons de faire de notre mieux, mais ce n'est peut-être pas assez ici. Il y a beaucoup de pression autour des joueurs étrangers".
L'ouvreur australien Quade Cooper , l'autre tête de gondole du recrutement du président Mourad Boudjellal, qui déçoit globalement pour l'instant, la subit également. Mais paraît monter en puissance, aussi.
"Il y a 15 joueurs, c'est un sport d'équipe. Ils (les supporters) peuvent toujours pointer du doigt les individualités, mais pas toujours moi", rappelle Nonu, qui s'agace un peu.
"J'aime les défis, mais parfois je me demande pourquoi j'aime ce jeu, car parfois c'est très frustrant: nous avons gagné cinq matches et je sens qu'une moitié (du public) n'est pas contente".
La pression mise aussi par Boudjellal, disant publiquement qu'il attendait plus de ses vedettes, a pu inhiber un peu le double champion du monde.
- 'Il tient la baraque' -
Et Meehan de rappeler qu'il a souvent dû changer de partenaires, ce qui ne favorise pas l'adaptation.
Celle-ci va aller crescendo, comme pour sa femme et ses trois garçons, promet Nonu. Les deux aînés vont à l'école française. "Les premières semaines ont été difficiles, mais maintenant ça va mieux, les enfants apprennent vite".
Lui ne s'exprime pas encore en français, mais la plupart de ses coéquipiers parlent anglais, et il a régulièrement au téléphone son ami et ancien coéquipier chez les All Blacks, Chris Masoe , passé du RCT au Racing 92.
Meehan le défend encore. "Au début c'était difficile pour lui, nouveau pays, nouvelle équipe, nouveaux joueurs... Mais lors des trois derniers matches, on a senti qu'il progressait. Il a trouvé sa place dans l'équipe. Il faut aussi que les autres apprennent à connaître le rugby de Ma'a".
Pour Laporte, "il n'a pas à progresser, c'est un très grand joueur. Il a à s'intégrer. Je trouve qu'il tient la baraque, tout ce qu'il fait est juste, quand il plaque, quand il tient la ligne d'avantage... Et c'est un super mec". Promis, le "Nonu Circus" débarque.