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C'est la fin de l'état de grâce pour le XV de France qui, après deux victoires, a pris conscience de son immaturité collective vendredi au pays de Galles (19-10), malgré une indéniable force de caractère pour soutenir le bras de fer.
+ DES BLEUS TROP VERTS
On a pu mesurer vendredi soir au Millennium Stadium l'avantage considérable pour une équipe de se connaître parfaitement dans un jour sans. Collectif huilé et stable depuis huit ans maintenant, le pays de Galles a ainsi éteint sans briller une équipe de France courageuse mais en manque cruel de repères et de certitudes sur la manière d'imposer son jeu. Et c'est dans l'ordre des choses pour ce XV de France enfant, biberonné depuis moins d'un mois par Guy Novès, même si ces carences ont été masquées par les deux succès étriqués face à l'Italie (23-21) et l'Irlande (10-9).
"Pendant les 30 premières minutes on ne prend pas beaucoup de bonnes décisions", analyse ainsi l'entraîneur des avants Yannick Bru . Il y a une forme de fébrilité, d'incompréhension de certaines situations de jeu. On a des pertes de balle trop rapide. Pourtant les joueurs savent qu'on les encourage à prendre des initiatives. Mais certains découvrent cette intensité technique, émotionnelle, athlétique."
Après la rencontre, les entraîneurs évoquaient leur espoir, à terme, de voir les Bleus varier leurs formes de jeu, proposer différentes animations offensives ou systèmes défensifs, au cours d'un même match et selon l'adversaire. Un voeu pieu à l'heure actuelle tant les Bleus ont semblé se chercher dans la conduite du jeu, à l'image de la charnière Machenaud - Plisson qui n'avait été alignée qu'une fois, lors du Tournoi-2014. "C'est l'apprentissage de la jeunesse", résume Novès.
+ GUIRADO, GARANT DES VALEURS
Pour son troisième capitanat, le talonneur Guilhem Guirado a semblé plus que jamais transcendé par sa fonction. Présent à tous les points de rencontre, tour à tour lanceur, plaqueur, gratteur, attaquant récompensé d'un essai, il a incarné 80 minutes durant l'état d'esprit déployé par le XV de France vendredi soir.
"Tout simplement, le groupe est à l'image de son capitaine", appuie Bru. "Il est valeureux, il ne compte pas sa peine, il regarde devant. Il faudrait lui donner une médaille, celle de l'ordre national du mérite. Il rend toute la confiance placée en lui."
D'une manière générale, la détermination montrée par l'ensemble de l'équipe a été louée par l'encadrement qui a apprécié que même menés 19 à 3, les joueurs aient bataillé pour réduire la marque jusqu'au bout, terminant même mieux physiquement que leurs adversaires. "Je suis déçu mais fier du tempérament de l'équipe, de l'envie de ne rien lâcher", souligne ainsi Bru. "Cette défaite va nous servir. Je reste optimiste car l'état d'esprit que l'on montre est exceptionnel", abonde l'entraîneur des arrières Jean-Frédéric Dubois.
Et c'est pour cette qualité première que le groupe bleu ne sera sans doute retouché que très marginalement pour l'Ecosse dans deux semaines, tout en sachant que la prochaine journée de Top 14 pourrait prendre son habituel tribut de blessés.
+ DES FILS A TIRER POUR L'ECOSSE
L'encadrement va désormais se tourner vers la préparation du déplacement à Edimbourg le 13 mars. "Murrayfield, ce sera loin d'être une partie de plaisir", souligne ainsi Dubois qui a en tête les bonnes copies des Ecossais rendues à la Coupe du Monde.
Parmi les axes de travail, le jeu aérien, notamment sous les chandelles, est une constante. Dubois a aussi insisté vendredi soir sur la qualité de libération des ballons dans les rucks, afin de préserver la vitesse dans le jeu. La difficulté à entrer dans les parties, contre l'Irlande et le pays de Galles notamment, sera plus précisément analysée.
Les Français ont aussi beaucoup été contrés en attaque par les Gallois qui ont étouffé leurs velléités de se faire des passes après-contact. Dubois a ainsi glissé qu'une réflexion sur les attitudes dans les duels serait entreprise. Autant de petits détails qui font une différence cruciale à ce niveau et qu'il faudra rapidement régler. "J'ai envie d'être patient et tolérant même si à ce niveau je sais que l'on n'a pas de temps", glisse en souriant Bru.