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Sortilège du temps écoulé, incantation du néo-sélectionneur Guy Novès, alchimie entre apprentis et rescapés du Mondial... Il faudra un brin de magie pour raviver le XV de France, plongé dans une nouvelle ère samedi (15h25) au Stade de France face à l'Italie, en ouverture du Tournoi.
Il fut beaucoup question de sciences occultes ces trois derniers mois, en contemplant avec une forme d'impuissance les décombres encore fumants de la déroute face aux All Blacks en quarts de finale de la Coupe du Monde (62-13).
Guy Novès, à peine endossé le costume de manager des Bleus, avait même prévenu qu'il ne transformerait pas "des citrouilles en carrosses", signe d'un optimisme très raisonné.
"J'espère qu'ils seront des magiciens et arriveront à faire ce que l'on n'a pas réussi", a répondu cette semaine son prédécesseur Philippe Saint-André, pas mécontent de ne plus patauger dans le même bourbier après quatre ans de marasme sous sa férule.
Depuis le 17 octobre 2015, qu'est-ce qui a changé dans le paysage du rugby français pour croire à un souffle nouveau?
Le mécanisme de mise à disposition des internationaux et la "guéguerre" entre clubs et sélection raillée par le deuxième ligne retraité des Bleus Pascal Papé? Pas d'un iota. Mais une "cellule technique" y réfléchit. Elle rendra ses travaux avant le 31 mars dans la perspective d'une hypothétique remise à plat du système.
- Novès le thaumaturge -
En attendant, dans la préparation de son premier Tournoi des six nations, Guy Novès a déjà enregistré cinq défections majeures (Trinh-Duc, Parra, Fofana, Dumoulin, Fall), en raison de blessures ou de convalescence insuffisante, et a dû quémander aux clubs deux jours supplémentaires de "prises de contact" avec ses joueurs début janvier. "C'est le même cirque qui continue", ironise Saint-André, rompu aux rafistolages en tous genres.
Il faudra donc s'en remettre à la seule volonté des hommes de terrain et au pouvoir vivifiant du sang neuf pour réhabiliter la vitrine du rugby français, tête de gondole de 438.000 licenciés mis au régime sec ces dernières années.
En chef de file, Novès, qui a soufflé vendredi sa 62e bougie. Le grand architecte des succès du Stade Toulousain durant 25 ans a promis de réanimer un jeu moribond, c'est à dire de raccrocher les wagons au niveau mondial alors que l'ensemble de la planète ovale s'est tourné vers un rugby de mouvement.
Un brin grandiloquent, l'ancien professeur d'EPS à Pibrac (Haute-Garonne) s'est dit investi d'une "responsabilité immense", convaincu que ses joueurs étaient des "élus" au service de la nation. Il s'agit de resacraliser le maillot bleu et plus généralement tout l'environnement du XV de France, rapidement passé sous sa coupe.
Tour à tour bonhomme et caustique, acide et paternel, Novès a déjà prodigué quelques uns de ses envoûtements à l'adresse de la génération qu'il va lancer samedi face aux Azzurri.
- L'heure des apprentis-sorciers -
"Je suis impressionné par tout ce qu'il a pu faire et la personne qu'il est, comme tout le monde", résume le jeune centre du Stade Français Jonathan Danty, un peu intimidé.
Le Parisien âgé de 23 ans sera l'une des attactions de cette entrée en matière qui appellera une certaine indulgence. Comme le vif demi de mêlée de Toulouse Sébastien Bézy (24 ans), l'électrique ailier venu du VII Virimi Vakatawa (23 ans) ou encore le prometteur deuxième ligne de Clermont Paul Jedrasiak (22 ans), Danty étrennera ses galons d'international samedi tandis que d'autres bizuths (Camille Chat, Jefferson Poirot, Yacouba Camara) patienteront sur le banc.
Ces insouciants seront entourés par quelques revenants non retenus de la Coupe du Monde, comme l'ouvreur Jules Plisson, l'arrière Maxime Médard, l'ailier Hugo Bonneval ou encore Wenceslas Lauret, successeur en troisième ligne de l'ancien capitaine Thierry Dusautoir .
Cornaquée par le talonneur Guilhem Guirado , nouveau patron du vestiaire, une grande partie du pack aura, elle, une deuxième chance malgré l'affront de l'automne dernier.
Face à des Italiens qui n'en finissent plus de stagner et sont minés par les absences, la rampe de lancement est bien installée pour entamer un cycle vertueux, avant de recevoir l'Irlande le 13 février. Et rappeler au public français que son rugby possède encore quelques charmes.