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Cramponné malgré les turbulences à sa nouvelle philosophie de jeu, le XV de France devra réserver sa meilleure partition pour la venue d'une équipe d'Angleterre galvanisée par la perspective du Grand Chelem, samedi (21H00) en clôture du Tournoi.
Pour ceux qui n'auraient pas encore compris, le sélectionneur Guy Novès l'a rappelé cette semaine: "je suis quelqu'un de têtu, en fait".
Peu importe si ses troupes se sont tour à tour fracassées contre une muraille galloise à Cardiff (19-10) puis ont été incapables d'orchestrer le jeu à leur main face à un XV d'Ecosse florissant dimanche dernier (29-18) à Edimbourg.
Peu importe la mêlée chavirée, les transmissions hasardeuses, les "fautes inadmissibles", les interrogations naissantes sur la stratégie et les acteurs après quatre matches.
"Je ne peux pas garantir que les joueurs ne vont pas faire tomber les ballons", plaide Novès, davantage électrisé par les critiques que par l'approche de ce 102e "Crunch" de l'histoire.
"Mais je suis garant de cette volonté de se déplacer, d'être dynamique", poursuit le sélectionneur qui a conservé 13 des 15 titulaires du dernier match. "Parce que c'est en restant sur cette ligne de conduite qu'on arrivera à rivaliser avec le niveau le plus élevé."
- Un brin de pragmatisme -
En formulant avec force la promesse d'un rugby plus expansif que le brouet petit bras de ces dernières années, Novès libérera-t-il quelques énergies enfouies ? L'an passé, en clôture de l'édition 2015, Angleterre et France s'étaient adonnées à une folle orgie à Twickenham (55-35 pour la Rose), restée sans suite.
Les multiples erreurs commises à Murrayfield ont encore permis de mesurer à quel point la route du redressement serait tortueuse.
"Peut-être que la peur de mal faire inhibe certains d'entre eux. On doit pouvoir leur amener de la confiance", répond Novès, jurant qu'il sera "patient".
Dans l'immédiat, l'encadrement du XV de France a planché pour contrer la puissance anglaise, qui pourrait se transformer en furia à l'idée de rafler un premier Grand Chelem depuis 2003.
S'il est acquis qu'il faudra serrer les dents défensivement face aux coups de boutoir de la troisième ligne bodybuildée Haskell-Vunipola-Robshaw, et garder un peu de souffle pour contrôler les flèches anglaises (Watson, Joseph, Nowell...), que proposer offensivement ? Toujours la même litanie de passes après-contact ?
Si cela a pu marcher par séquences, il faudra sans doute y ajouter un poil d'alternance avec un jeu au pied de pression et d'occupation bien mieux maîtrisé. Surtout, les partenaires de Guilhem Guirado devront enfin conserver le ballon sur plusieurs temps de jeu, pour contrôler le rythme de la partie.
En attendant, Novès restera intransigeant sur un point: quoi qu'il arrive, tenir le bras de fer jusqu'au bout. "Pouvoir battre les Anglais on verra, mais relever le défi de l'engagement, j'en suis certain", martèle-t-il.
- 'Nous sommes meilleurs' -
Quant au plaisir coupable de priver l'éternel ennemi anglais d'un triomphe total, ils n'y pensent même pas. Officiellement.
"Est-ce que c'est le but de notre histoire ?", interroge Novès. "D'abord regardons le contenu du match. On a envie de se faire plaisir sur le coup, de faire plaisir à nos supporters en montrant une image fantastique de notre comportement", souligne le sélectionneur.
Son homologue anglais Eddie Jones , lui, n'a l'air que moyennement convaincu. "Les Français vont donner absolument tout pour s'assurer que l'on ne gagne pas", insiste l'Australien qui, en quatre matches seulement, a offert au XV de la Rose un premier sacre dans le Tournoi depuis 2011.
"Mais je pense que nous sommes meilleurs et nous devons y croire", continue-t-il, balayant ainsi les fantômes du passé qui avait vu l'Angleterre buter en 2011 et 2013 sur la dernière marche avant le Grand Chelem.
Le XV de France, lui, n'a plus aucune prétention au classement, dans la lignée du mandat Saint-André. "Rivaliser avec les Anglais qui sont annoncés comme étant loin devant, ça c'est un but, une forme d'évaluation", esquive Novès. "Finir 2e, 3e, 4e, 5e, ce n'est pas le but de ce Tournoi. Je l'ai dit et je n'ai pas changé."
Composition des équipes de France et d'Angleterre qui s'affronteront samedi (21H00) au Stade de France en clôture du Tournoi des six nations 2016:
Les XV de départ
France: Spedding - Fofana, Fickou, Mermoz, Vakatawa - (o) Trinh-Duc, (m) Machenaud - Le Roux, Goujon, Chouly - Maestri, Flanquart - Slimani, Guirado (cap.), Poirot
Angleterre: Brown - Watson, Joseph, Farrell, Nowell - (o) Ford, (m) Care - Haskell, B. Vunipola, Robshaw - Kruis, Itoje - Cole, Hartley (cap.), M.Vunipola
Remplaçants:
France: Chat, Atonio, Chiocci, Jedrasiak, Lauret, Bézy, Plisson, Médard
Angleterre: Cowan-Dickie, Marler, Brookes, Launchbury, Clifford, B. Youngs, Tuilagi, Daly
Arbitre: Nigel Owens (WAL)