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C'est la partie immergée de l'iceberg: avant et après un match international, les encadrements échangent avec les arbitres pour obtenir des précisions ou attirer leur attention sur des phases de jeu sensibles, en toute bonne foi ou dans un acte de lobbying.
Le flux des mails entre le staff des Bleus et l'Anglais Wayne Barnes, qui arbitrera vendredi pays de Galles-France dans le Tournoi, doit aller crescendo.
Rien d'opaque, explique à l'AFP l'entraîneur des avants français, Yannick Bru : "On a une relation très limpide avec les arbitres. On est dans l'échange permanent avec la direction des arbitres à World Rugby (la Fédération internationale, NDLR) et plus globalement tous les arbitres du circuit international."
Une activité chronophage mais nécessaire pour le XV de France, qui a pris le pli des autres grandes nations depuis 2013 selon Bru, convaincu que tout devait être minutieusement préparé au niveau international.
"Je me suis rendu compte que les meilleures nations ne laissaient rien au hasard. Les 11 rencontres que l'on dispute chaque année doivent être préparées à la perfection. Quand on gagne ou l'on perd un match de 3 points, la perception, la psychologie de l'arbitre est très importante et donc il faut rentrer dans cette relation de manière constructive", souligne Bru.
- Clips vidéo -
Dans un sport qui laisse une grande part à l'interprétation de l'arbitre, un match peut en effet basculer sur une pénalité.
Pour que ce soit en faveur de leur équipe, les encadrements essaient de cerner, d'une part, la "philosophie" de chaque arbitre, qui peut par exemple être plus ou moins tatillon sur le jeu au sol ou laisser plus ou moins les mêlées se jouer.
Mais le gros du travail est l'envoi aux arbitres, avant et après les matches, de clips vidéo. Pour leur demander si, par exemple, telle attitude dans un ruck ou telle position en mêlée, de la part de sa formation, est légale.... et aussi forcément pointer du doigt un comportement jugé illicite chez l'adversaire dans un acte de lobbying afin que le directeur du jeu soit plus vigilant sur le terrain.
C'est particulièrement le cas pour certaines phases du jeu d'avants (mêlée, ballons portés, rucks), dont l'arbitrage est plus technique que derrière.
- Dans 'l'oeil du cyclone' -
"Nos piliers français savent très bien qu'ils sont soumis à un cahier des charges très dense et des vidéos sur eux circulent en permanence sur tous les ordinateurs du circuit international. Nous, on ne fait que la même chose", explique Bru.
"Maintenant, dès qu'un pilier triche un peu, sur sa liaison ou son angle d'entrée en mêlée, il se trouve immédiatement dans le viseur des arbitres. Il y a des attitudes qu'on travaille durant la semaine car sinon on se retrouve tout de suite dans l'oeil du cyclone" abonde Philippe Saint-André.
Et le sélectionneur du XV de France jusqu'à la dernière Coupe du Monde d'affirmer que "les nations de l'hémisphère Sud sont très fortes" pour mettre en exergue les fautes supposées de l'équipe adverse: "Ils ciblent des joueurs et après on a un gros travail de +rééducation+ pour corriger les petits détails."
Parfois, sensibiliser l'arbitre via ces clips vidéo ne suffit pas, il faut aussi lui rendre visite la veille du match. Si l'encadrement des Bleus n'avait "pas rencontré JP Doyle avant l'Italie (1er match du Tournoi le 6 février, NDLR) parce que ses directives étaient très claires", d'après Bru, il a en revanche vu Jaco Peyper, une semaine plus tard, avant d'affronter l'Irlande.
"Les Irlandais ont fait de même. On croise d'ailleurs très régulièrement à la veille du match le staff de l'équipe adverse et le capitaine dans l'hôtel de l'arbitre", déclare Bru. Français et Gallois se verront-ils jeudi dans celui de Wayne Barnes?