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Vainqueur du Tournoi avant son dernier match en France samedi, cinq mois après le fiasco de "sa" Coupe du Monde, l'Angleterre s'est spectaculairement relevée sous la houlette d' Eddie Jones , qui a cependant récolté en partie les fruits du travail de son prédécesseur.
3 octobre 2015: dans un Twickenham abasourdi, le XV de la Rose est éliminé de "son" Mondial après un revers face à l'Australie (13-33), une première dans son Histoire et pour un pays organisateur. 12 mars 2016: ce même Twickenham célèbre bruyamment la quatrième victoire des siens dans le Tournoi-2016, contre le pays de Galles (25-21), synonyme a posteriori d'un titre inédit dans le Tournoi depuis 2011, et d'un possible 13e Grand Chelem, attendu depuis 2003.
Entre ces deux dates, un étranger a pris pour la première fois les rênes de l'Angleterre: l'Australien Eddie Jones , âgé de 56 ans, chargé de redonner des couleurs à la Rose en remplacement de Stuart Lancaster.
Jones a d'emblée imposé son style, à l'opposé de celui de Lancaster, ancien professeur de sport sans référence au très haut niveau avant sa nomination, qui passait pour être trop lisse et gentil auprès de ses joueurs, qualifiés pendant la Coupe du Monde par la presse "d'écoliers" récitant sagement leur leçon.
- 'Arrogance' -
Jones, lui, est adepte du raffut. Dès sa prise de fonction, il a ainsi appelé l'Angleterre à revenir à ses fondamentaux, selon lui: un jeu agressif et une bonne dose d'arrogance, qui est "seulement un problème quand tu perds".
"Si tu gagnes, cela s'appelle la confiance en soi. On va se préparer pour devenir la meilleure équipe du monde. Appelez ça de l'arrogance si vous voulez, mais c'est notre mode de pensée à partir de maintenant", martelait-il ainsi.
Et quoi de mieux pour guider cette Rose qui pique qu'un capitaine suspendu au total 54 semaines dans sa carrière ? L'ancien sélectionneur de l'Australie, qui a mené pendant la Coupe du Monde le Japon à une historique victoire contre les Springboks (34-32), a ainsi promu le talonneur Dylan Hartley, écarté par Lancaster pour raisons disciplinaires.
Preuve de sa volonté de s'appuyer sur des fortes têtes, il a aussi rappelé d'autres "bad boys", Danny Care, Manu Tuilagi et Chris Ashton (finalement suspendu pour le Tournoi).
"Pour Eddie, on était trop gentils. Il faut qu'on libère le diable. Si on recule sur une mêlée, il veut que nous abordions la suivante avec l'envie de tout enfoncer", expliquait le troisième ligne Billy Vunipola avant le Tournoi.
- Ossature -
Ce nouveau style s'est vu dès le premier match en Ecosse, le 6 février (15-9), remporté grâce à la puissance des avants: "C'était physique, abrasif, exactement ce à quoi Eddie Jones veut revenir", d'après Mike Tindall , ancien capitaine anglais devenu consultant sur la BBC.
"On a déjà vu une différence dans le leadership et sur la forme. C'est très direct, sans blabla. Et les joueurs savent ce qu' Eddie Jones attend d'eux. Je ne pense pas qu'il laissera passer grand-chose", appuyait l'ancien centre international Jeremy Guscott .
C'est en effet principalement sur la forme que ce XV de la Rose diffère du précédent: Jones s'appuie sur la même ossature de jeunes joueurs couvée pendant plusieurs années par Lancaster, qui estimait avant le fiasco de l'automne son arrivée à maturité pour la Coupe du Monde 2019. L'un de ses grands mérites est donc d'avoir su leur redonner confiance.
Mais hormis Hartley, Care, Tuilagi et Ashton, quasiment tous les joueurs appelés par Jones pour le Tournoi avaient ainsi préparé le dernier Mondial, et dans le XV de départ aligné samedi, ils étaient dix à avoir foulé la pelouse de Twickenham contre ces mêmes Gallois fin septembre lors du Mondial.
La plupart avaient aussi été à deux doigts de glaner le Grand Chelem en 2013, butant cependant brutalement sur la dernière marche galloise (3-30). Une victoire cette fois samedi au Stade de France et l'effet Jones serait vraiment incontestable.