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Les joueurs samoans fêtent un essai contre l'Ecosse lors du Mondial de rugby disputé à Newcastle, le 10 octobre 2015
Il y a deux ans, ses joueurs avaient menacé de faire grève, en partie pour des raisons pécuniaires: les Samoa, qui affrontent le XV de France samedi à Toulouse dans le cadre des tests de novembre, se considèrent comme les parents pauvres du rugby mondial.
Appréciés notamment pour leur puissance et leur physique massif, les meilleurs rugbymen samoans sont recherchés par les clubs des grands championnats. Mais comme dans d'autres nations dites "Tier 2", soit de deuxième rang, à l'image des Fidji ou des Tonga, leur équipe nationale a elle des moyens très limités.
"Financer des programmes de rugby international coûte très cher pour les économies appauvries de nos îles", estimait récemment l'ancien capitaine des Samoa, Dan Leo, qui a créé en Angleterre une association d'aide aux joueurs du Pacifique.
Estimant être lésés financièrement et vent debout contre le manque de transparence de leur fédération et les ingérences politiques (le Premier ministre samoan est également président de la fédération), les joueurs étaient allés jusqu'à menacer de faire grève en novembre 2014 avant leur rencontre face à l'Angleterre. Un mouvement finalement désamorcé après des discussions avec World Rugby, le gouvernement du rugby mondial.
"Nous avons tellement de talents, les joueurs polynésiens sont de si bons joueurs de rugby et nous apportons tellement au jeu. Je ne peux pas imaginer le rugby sans les Polynésiens mais nous avons vraiment l'impression de nous faire exploiter", avait résumé à l'époque l'ancien centre international Eliota Fuimaono-Sapolu, connu pour ses prises de position polémiques et suspendu après la Coupe du Monde 2011 pour avoir traité l'arbitre Nigel Owens de "raciste".
Au-delà de ces questions financières et de reconnaissance, le simple rassemblement des joueurs samoans, dispersés pour les trois-quarts à des milliers de kilomètres du petit archipel est en soi un défi.
- "Pas d'excuses" -
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Alama Ieremia, alors entraîneur adjoint des Samoa, en conférence de presse, le 2 octobre 2015 à Milton Keynes (Angleterre)
"C'est la réalité du rugby samoan. De nombreuses nations du rugby ont leurs joueurs qui évoluent dans le pays. Nous, nous ne sommes qu'un petit point dans le Pacifique avec nos joueurs évoluant à l'étranger et nous rassembler a toujours été compliqué", reconnaît le sélectionneur Alama Ieremia dans un entretien à l'AFP.
"Mais cela a toujours été le cas et cela ne doit plus être une excuse", assure-t-il, évoquant l'"innovation" nécessaire pour communiquer les plans de jeu très en amont aux joueurs.
La grande question pour les Samoa est également l'attractivité de leur sélection, les meilleurs joueurs n'hésitant souvent pas une seconde entre jouer pour les All Blacks ou les Samoa, à l'exemple de Ieremia lui-même (30 sélections entre 1994 et 2000 après en avoir connu quelques unes avec les Samoa).
"Vous n'allez pas changer les gens qui veulent jouer pour les All Blacks, le +must+ du rugby mondial. Mais mon boulot est de faire en sorte que les Samoa évoluent à leur meilleur niveau et attirent de bons joueurs", insiste le sélectionneur.
Mais la tâche ne sera pas aisée. Convoqué pour les tests de novembre, le talonneur de Bordeaux-Bègles Ole Avei a finalement décliné, par "fidélité" à son club, selon son manager Raphaël Ibanez tandis que le trois-quarts Tim Nanai-Williams, l'un des meilleurs joueurs samoans, ne s'est lui non plus pas rendu disponible.
Pour Ieremia, l'une des solutions consisterait à avoir une franchise samoane dans le Super Rugby. Mais là aussi, "il y a de nombreux obstacles à dépasser notamment sur le plan commercial".