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© AFP/FRANCK FIFE
Le président de la FFR Pierre Camou avant le match France-Nouvelle Zélande, le 19 novembre 2016 au Stade de France
Le sortant Pierre Camou, le trublion Bernard Laporte et l'outsider Alain Doucet: ils sont trois à briguer, samedi à Marcoussis (Essonne), la présidence de la Fédération française de rugby (FFR) après une campagne longue et acharnée, dont l'issue s'annonce très indécise.
Il n'en restera qu'un, à la suite des votes successifs qui sortiront des urnes, sous le chapiteau spécialement installé au Centre national du rugby pour accueillir une partie des quelque 1.900 clubs appelés à choisir leur chef de file pour quatre ans. Mais lequel?
Camou, âgé de 71 ans, homme du sérail et déjà élu en 2008 et 2012? Le médiatique Laporte (52 ans), parti à l'assaut de la forteresse après avoir été couronné de succès à la tête du RC Toulon (2011-2016)? Ou bien Doucet (64 ans), l'ancien numéro 2 de la Fédération venu défier son ancien patron?
Les équipes des deux premiers revendiquent, en s'appuyant sur des remontées de terrain, la majorité des 10.116 voix potentielles de l'assemblée générale élective. Dans un jeu d'intox et une guerre des nerfs arbitrés par le troisième, dont les voix pourraient décider de l'issue du scrutin au second tour.
Rebondissements et manoeuvres de dernière minute ne sont pas exclus, à l'image d'une campagne inédite depuis vingt-cinq ans, et l'élection à la présidence de Bernard Lapasset après un coup de Jarnac ourdi par Albert Ferrasse.
Le successeur de Lapasset à la tête de la septième fédération sportive française en terme de licenciés (455.747), mais du deuxième sport le plus médiatique de l'Hexagone, sera-t-il balayé?
- 'Rendre le pouvoir aux clubs' -
Sa statue de commandeur, érigée sans combattre en 2008 et 2012, a en tout cas vacillé ces dernières semaines, éclaboussée par les révélations, à quelques semaines du scrutin, d'affaires touchant la FFR.
Le point d'orgue d'une campagne électorale mouvementée, cristallisée par le projet du Grand Stade, souhaité par Camou et refusé par Laporte et Doucet, la question très technique du vote décentralisé et la modernisation de la FFR.
Les piques ont fusé. Et ce dès l'annonce de la candidature de Laporte en septembre 2015 qui, fidèle à son tempérament enflammé, a lâché ses coups d'entrée pour "rendre le pouvoir aux clubs" amateurs. Comme pour arracher l'étiquette d'homme issu du monde professionnel qui lui colle à la peau.
L'ancien sélectionneur du XV de France et secrétaire d'Etat aux Sports (2007-2009) a ainsi comparé la Fédération, accusée de déni de démocratie et de manque de transparence, à "la Corée du Nord" puis à un "appareil stalinien des années 50".
- Camou parti trop tard? -
Acculé dans les cordes, Camou, peu porté sur l'exercice médiatique, n'a d'abord pas répondu, focalisé sur sa fonction de président puis refusant "d'ajouter du buzz au buzz".
Mais le vent frondeur de ces derniers mois l'a poussé à sortir de sa réserve assumée pour défendre son bilan et ses valeurs "de solidarité", opposées selon lui à celle "de l'argent" que porterait Laporte.
A utiliser aussi ses dernières munitions, selon Laporte. Ce dernier a ainsi accusé le "clan Camou" d'alimenter le bruit qu'il évincerait, s'il était élu, le sélectionneur du XV de France Guy Novès, afin de dissuader certains de voter Laporte au moment où les Bleus séduisent de nouveau.
© AFP/Valentina BRESCHI, Thomas SAINT-CRICQ
FFR : les candidats à la présidence
Info, démentie par Laporte, ou intox? Camou, après avoir, semble-t-il, sous-estimé la menace représentée par l'ancien sélectionneur et une certaine colère du monde amateur, s'est en tout cas lancé dans une course à la recherche du temps perdu. Il a ainsi continué à arpenter le terrain cette semaine, à l'inverse de ses deux concurrents.
Le résultat qui sortira des urnes samedi dira s'il est parti trop tard face à l'ouragan Laporte. Mais ce dernier, quelle que soit l'issue du scrutin, aura au moins fait bouger les lignes au cours d'une campagne ultra médiatisée et qui s'est parfois déroulée à la limite du hors-jeu. Et fait souffler sur la Fédération un vent de contestation inédit depuis 1991.