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Le Racing 92 tient enfin l'occasion de concrétiser dix ans de construction et d'investissements de son président Jacky Lorenzetti en remportant avec Dan Carter le premier trophée de sa période moderne, la Coupe d'Europe, samedi (17h45) à Lyon face aux Saracens, son bourreau la saison dernière.
Il est temps de conclure, c'est même "nécessaire", d'après Wenceslas Lauret. "Beaucoup de moyens, structurels et financiers, ont été injectés dans ce club. Ce serait rendre la monnaie de la pièce que de gagner cette finale. Quand tu gagnes quelque chose, tu marques l'Histoire, tu laisses ton nom", développe le troisième ligne.
Il s'agit aussi sans doute de gagner en popularité pour le club francilien, devant le public du Parc OL qui sera majoritairement acquis à sa cause.
"En allant au bout, on aura peut-être un peu plus de monde, on pourrait peut-être remplir le stade de Colombes tous les week-ends, puis remplir l'Arena (92, futur stade inauguré à l'automne 2017, NDLR). Les gens ne se diront plus que le Racing est une équipe en dents-de-scie, comme on a pu l'entendre", estime Lauret.
Cette étiquette de club "toujours placé, mais jamais gagnant" commence en effet à lui coller un peu trop à la peau.
- 'Pas ici pour nous amuser' -
"Nous sommes ici pour gagner, pas pour nous amuser. On s'amuse mieux quand on gagne, c'est la philosophie du club, pas comme il y a dix ans", affirme ainsi l'entraîneur adjoint Ronan O'Gara .
Alors, pour enfin trouver des héritiers à la bande du "showbizz", championne de France en 1990, Jacky Lorenzetti a remis la main au portefeuille l'été dernier en attirant dans ses filets la star des All Blacks Dan Carter , double champion du monde (2011 et 2015), triple meilleur joueur de la planète (2005, 2012 et 2015) et meilleur marqueur de l'Histoire (1598 pts en 112 sél.).
Avec Carter mais aussi ses anciens coéquipiers chez les All Blacks, Chris Masoe et Joe Rokocoko , recrutés pour apporter l'expérience et la sérénité qui avaient fait défaut la saison dernière dans les grands rendez-vous, le Racing 92 semble avoir franchi un cap matérialisé par cette première finale.
Reste une dernière marche à gravir, la plus haute, après avoir éliminé en quarts de finale le triple tenant Toulon (19-16). Pour, aussi, définitivement valider les changements effectués par les entraîneurs Laurent Labit et Laurent Travers qui, après les échecs de du dernier exercice, ont instauré une politique de rotation de l'effectif plus importante, afin de pouvoir compter sur des cadres plus frais au printemps, et se sont tournés vers un jeu plus offensif.
- Pénalité après la sirène -
Il faudra pour cela passer sur le corps des Saracens, leur bourreau au printemps dernier en quarts de finale (12-11), grâce à une pénalité réussie après la sirène, une défaite qui a profondément marqué le club francilien.
"Tout le monde l'a en tête. Il n'y a pas eu besoin d'en parler parce que même ceux qui n'étaient pas là l'ont vu. C'est un match qui nous a mis en difficulté sur la fin de la saison, qu'on a eu du mal à digérer", reconnaît l'entraîneur des avants Laurent Travers .
Mais les "Sarries" n'étaient pas allés au bout, de nouveau battus en demi-finales, comme en 2013, après avoir perdu en finale en 2014, et estiment donc leur tour enfin venu après avoir remporté tous leurs matches cette saison dans la compétition.
"Nous n'avons pas été capables (de devenir champions d'Europe) il y a deux ans, peut-être parce que nous n'étions pas assez bons, peut-être parce que nous n'avions pas assez d'expérience. Je pense que désormais nous le sommes suffisamment", déclare ainsi Mark McCall, manager irlandais du club anglais sorte de miroir du Racing 92.
Lui aussi a été racheté par un homme d'affaires (sud-africain), lui non plus n'est pas prophète en son pays, et il attend également impatiemment ce trophée qui viendrait couronner au plan européen sa domination sur le championnat anglais depuis plusieurs années. Le Racing 92 entend lui d'abord passer par l'Europe avant d'assouvir son appétit à l'intérieur de ses frontières.