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© AFP/MIGUEL MEDINA
Leone Nakarawa (Racing 92) à la réception d'une touche, lors du derby francilien contre le Stade Français à Colombes, le 8 octobre 2016
Il a la technique et la mobilité d'un arrière mais joue deuxième ligne: l'international fidjien Leone Nakarawa, phénomène sur la planète rugby, sera de nouveau dimanche à Leicester en Coupe d'Europe un des atouts maître du Racing 92, où il arrivé il y a peine un mois.
+ Un parcours singulier
Avant de poser ses valises dans les Hauts-de-Seine, Nakarawa a emprunté un chemin tortueux. Après avoir attendu 18 ans et son enrôlement dans l'armée fidjienne pour disputer son premier match sur un terrain, c'est justement son engagement sous les drapeaux qui a failli le priver de la Coupe du Monde 2011. Elle a lieu en Nouvelle-Zélande où, selon une loi, les militaires fidjiens n'ont pas le droit de pénétrer. Le soldat Nakarawa doit donc démissionner de l'armée pour la disputer.
Son départ de l'armée, omniprésente aux Fidji, n'a cependant pas été validé en bonne et due forme par les autorités administratives lorsqu'il signe aux Glasgow Warriors en 2013. Il doit donc revenir au pays sous peine de prison. Confiné dans un baraquement, il se voit proposer le marché suivant par les autorités: il pourra reprendre l'avion s'il aide l'équipe de l'armée à remporter un match important. Mission réussie.
+ Des facultés hors normes
Nakarawa est alors prêt à se révéler aux yeux du grand public. En Ligue celtique, où il "tient à bout de bras Glasgow, remettant toujours l'équipe dans l'avancée quand elle n'arrivait plus à mettre son jeu en place", explique à l'AFP Julien Candelon , ancien joueur qui commente désormais entre autres les matches de Ligue celtique pour BeIn Sports. Son chef d'oeuvre ? Peut-être la finale de cette compétition en 2015, où il a adressé deux offrandes à des coéquipiers synonymes d'essais et de victoire pour les Warriors. Par "offrandes", comprendre passes après contact, l'arme fatale du rugby moderne. Vu l'enjeu, le manager des Warriors Gregor Townsend l'avait pourtant dissuadé de tenter ce geste à haut risque. Mais Nakarawa, comme il l'a expliqué plusieurs fois, a avant le match "entendu une petite voix qui disait: +Fais juste ce que tu sais faire, n'écoute personne d'autre+".
Pas question pour Laurent Travers de lui demander de "fermer le robinet" à off loads. Bien en a pris à l'entraîneur des avants franciliens: Nakarawa, dès son premier match à Castres le 24 septembre (23-31), en a réalisé plusieurs, dont un pour envoyer Eddy Ben Arous aplatir. A l'aide d'une seule de ses mains surdimensionnées, tel un handballeur. Un "don de Dieu" travaillé lors de ses jeunes années, lorsqu'il jouait au rugby dans une rivière et devait ainsi souvent maintenir le ballon hors de l'eau, a-t-il expliqué à L'Equipe.
Cette agilité ballon en main s'accompagne d'une mobilité et d'une explosivité assez incroyables pour un deuxième ligne, qui ont incité le sélectionneur des Fidji... à VII le retenir pour les Jeux de Rio, où il a de nouveau brillé au milieu des traditionnels arrières pour décrocher l'or. Restent les fondamentaux du poste de deuxième ligne: en touche pas de problème, du haut de son 1,98 m et son agilité. Et en mêlée, avec "seulement" 108 kg sur la balance ? "Il pousse, demandez aux piliers (derrière lui", lance Travers.
+ Un casse-tête
Ce style de jeu unique pour un deuxième ligne oblige ses partenaires à rester sur leurs gardes. "On sait que quand il a le ballon, il faut s'attendre à tout moment à le recevoir car il est capable dans n'importe quelle situation ou endroit de sortir un off load, de faire une passe sur un pas, une percussion ou un cadrage débordement. Il faut toujours le suivre", expliquait l'ouvreur francilien Rémi Tales avant les débuts du phénomène.
Mais Nakarawa donne surtout évidemment des maux de tête à ses adversaires. Comment l'empêcher de transmettre le ballon ? La tactique paraît facile: deux plaqueurs, l'un en bas et l'autre en haut. "Sauf que comme il tient le ballon à une seule main et a des bras longs, il a toujours la capacité à sortir son bras, éloigner le ballon du danger et le rendre toujours vivant", explique Candelon.