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Les joueurs professionnels de rugby sont "inquiets" pour leur santé, ont-ils fait savoir par l'entremise de leur syndicat Provale, et ils proposent l'instauration de médecins indépendants pour "couper le cordon" avec les clubs.
Si l'élite du rugby de clubs français ne s'est jamais aussi bien portée sur le plan économique, les acteurs principaux, eux, s'interrogent pour leur avenir. En filigrane, la sensation d'être pris en étau dans un calendrier chargé, au sein d'un sport de plus en plus exigeant pour leur corps.
"Les joueurs sont inquiets, se posent des questions par rapport à leur santé, le rythme effréné, les cadences", a résumé Robins Tchalé-Watchou, président de Provale, lundi soir au sortir de l'Assemblée générale du syndicat à Rungis.
"Tout ça fait qu'il y a une augmentation des blessures", assure-t-il. "On a eu quelques témoignages comme celui de (Abdel) Boutaty (le 2e ligne de Pau) qui expliquent leur parcours du combattant depuis qu'ils sont blessés. Ils ont du mal à revenir, l'envie y est mais le corps ne suit pas", souligne encore l'actuel deuxième ligne de Montpellier.
"Les indicateurs de Coupe du Monde sont assez alarmants", abonde Antoine Battut, premier vice-président de Provale. "Nous, par rapport à ça, on essaye de réagir pour se protéger."
Selon Tchalé-Watchou, "le nombre de pertes de licences" en raison des blessures "dans le rugby pro a doublé voire triplé."
"On parle de ceux qui sont déclarés comme ne pouvant plus pratiquer le rugby comme profession" après avoir été touchés, précise le président de Provale. "Comment est-on passé de 5 cas il y a 8 ans à 12 déclarés aujourd'hui ? Le nombre et la gravité des blessés ont augmenté. Les assurances sont revenues vers nous en début de saison pour revoir l'assiette d'indemnisation. Si elles reviennent, c'est qu'il y a un manque à gagner pour elles quelque part", martèle-t-il.
- Couper le cordon avec l'employeur -
Lundi, les joueurs réunis par Provale ont donc proposé une solution destinée à soulager la pression pouvant peser sur les blessés, avec l'instauration de médecins indépendants --non rémunérés par les clubs-- à même de juger de la gravité des maux et de l'éventuelle indisponibilité qui en découle.
"La question qui se pose, c'est l'autonomie des médecins de club par rapport à leur hiérarchie", développe Tchalé-Watchou. "Les médecins de clubs conviennent que s'ils veulent exercer la médecine telle qu'ils le veulent, il y a par moments un conflit entre leurs recommandations et les exigences de l'entité sportive."
"Il faut donc couper le cordon, ce lien hiérarchique, entre le médecin et l'employeur", appuie encore le deuxième ligne qui compte donner une première application concrète de cette mesure via le site de Provale.
"Nous allons sur l'année essayer de proposer (une liste) des médecins référents pour toutes les différentes pathologies", détaille Tchalé-Watchou. "On va essayer de trouver les meilleurs praticiens et de passer des accords avec eux pour que les joueurs aient un autre avis."
"Mais la seule question que l'on a, c'est le coût", reconnaît-il encore. "Qui paye ? On va continuer à travailler de pair là-dessus avec la Ligue. Car à travers les questions des joueurs, le président de la Ligue (Paul Goze, ndlr) a vraiment pris conscience que le manque de réglementation contraignante laisse une sorte de vide et fait planer un ensemble de mauvaises pratiques".
Des mauvaises pratiques qui pourraient se révéler dangereuses. Mais seule l'analyse dans le futur d'éléments statistiques compilés actuellement sur le rugby du haut niveau tel qu'il est pratiqué, pourra en évaluer les conséquences sur le long terme.