Happy Birthday : |
© AFP/FRANCK FIFE
Bernard Laporte
avec son N.2 Serge Simon, à l'issue de son élection à la tête du rugby français, le 3 décembre 2016 à Marcoussis
Avenir de Guy Novès, relations avec la Ligue et futur stade du XV de France: élu samedi à la présidence de la Fédération française de rugby (FFR), Bernard Laporte fait face à trois dossiers chauds, sur lesquels il a plus ou moins la main.
- Que va décider Novès?-
Bernard Laporte a répété qu'il ne voulait pas changer le sélectionneur du XV de France. Mais Guy Novès, avec qui Laporte a reconnu n'avoir "pas toujours été d'accord" lorsqu'il entraînait les Bleus (2000-2007), pourrait très bien décider de jeter l'éponge.
Dans les colonnes de Midi-Olympique lundi, il avait ainsi laissé planer le doute si jamais Pierre Camou, qui l'a choisi et dont il n'a jamais hésité à saluer le travail devant la presse, était battu. "J'écouterai alors ce qu'on aura à me dire", a-t-il ainsi déclaré, soulignant opportunément qu'il n'exprimait "(son) potentiel que lorsqu'(il a) une grande liberté".
Pas certain que Novès, qui n'a pas répondu dimanche aux sollicitations de l'AFP, l'ait. Ancien sélectionneur des Bleus, le médiatique Laporte se gardera-t-il de tout commentaire sur les choix de Novès, surtout en cas de gros temps? Il est permis d'en douter. Et comment réagira Novès si Laporte, comme il le souhaite, impose comme critère de sélection la nécessité d'être ressortissant français ? Autre potentielle source de crispation, la volonté de Laporte de "mettre en avant les joueurs" en terme de communication, alors que Novès a souligné que les internationaux n'étaient pas "les représentants commerciaux du rugby français". Le sélectionneur d'un XV de France qui séduit de nouveau semble en tout cas en position de force.
- Un bras de fer avec la Ligue?-
Les relations entre la Fédération et la Ligue (LNR) s'annoncent elles assurément tendues. Le nouveau président souhaite en effet renégocier la convention, signée en juillet à la va-vite selon lui, pour lui couper l'herbe sous le pied.
Cette convention établit une liste de joueurs protégés et mis à disposition de l'équipe de France.
© AFP/Miguel MEDINA
Le sélectionneur Guy Novès durant le test-match contre la Nouvelle-Zélande, le 26 novembre 2016 au Stade de France
Laporte veut notamment l'instauration de contrats fédéraux, un sujet qualifié de "casus belli" par le président de la LNR Paul Goze lorsqu'il avait été évoqué par Pierre Camou, prédécesseur de Laporte, après le fiasco de la Coupe du Monde.
Autre mesure potentiellement explosive, notamment au vu des contrats signés entre la Ligue et Canal+ (jusqu'en 2023), la suppression du match de Top 14 du dimanche après-midi, qui "tue" selon lui les clubs amateurs. Laporte souhaite aussi réformer les calendriers professionnels qui entrainerait une réduction du nombre de clubs en Top 14, ce dont ne veut pas une majorité d'entre eux. D'une manière générale, Laporte veut que le monde professionnel partage davantage avec les amateurs son gâteau issu des droits télé.
Impossible à mettre en place? Laporte a un atout majeur dans sa manche: la FFR peut menacer de dissoudre la LNR. D'ici-là il y a plusieurs étapes à franchir, mais Laporte a tenu à rappeler qu'il n'y avait "qu'un patron" du rugby français: le président de la Fédération. Paul Goze, la mine sombre après l'élection de Laporte, n'avait dimanche pas répondu aux sollicitations de l'AFP.
- Stades, quelle modalités?-
© AFP/Aude GENET
Bernard Laporte
élu président de la FFR
Laporte a confirmé son intention de mettre fin au projet du Grand Stade souhaité par la précédente direction. Avec une réserve: il ne connaît pas les clauses de dédit du contrat constructeur signé en juin. Pierre Camou a cependant assuré dans son programme que le projet pouvait s'arrêter "sans frais" pour la FFR.
A la place, Laporte souhaite notamment renégocier à des conditions plus avantageuses la convention qui lie la Fédération au Stade de France, voire entrer au capital du consortium. Là aussi il a la main: celle-ci s'arrête en 2017, et l'Etat comme le consortium ont intérêt à ce qu'un accord soit trouvé. Autre levier de négociation pour le nouveau président: sa volonté affichée de délocaliser plusieurs matches des Bleus en province.