Happy Birthday : |
© AFP/GAIZKA IROZ
Bernard Laporte
, candidat à la présidence de la Fédération française de rugby, lors de l'assemblée générale de la FFR, le 2 juillet 2016 à Pau
Un léger vent frondeur a décoiffé samedi l'assemblée générale de la Fédération française de rugby (FFR) à Pau lors du premier face-à-face entre les deux principaux candidats à la présidence, Bernard Laporte et Pierre Camou, le sortant.
D'habitude soporifique et réglée en trois heures et quelques votes à main levée vite expédiés, cette grand-messe annuelle du rugby fédéral était cette fois pimentée par la perspective de l'élection à la présidence de la FFR, le 3 décembre.
Laporte, ex-manager de Toulon désormais à 100% concentré sur la campagne, avait annoncé venir à Pau pour "susciter le débat", marquer son opposition et son territoire face à Camou. Devant les clubs amateurs, qui choisiront le prochain chef de file de la Fédération.
Il l'a fait, sans jamais prendre publiquement la parole, mais via son directeur de campagne, ami et ancien coéquipier Serge Simon, accompagné d'une vingtaine de soutiens.
A plusieurs reprises, l'ancien pilier et président du syndicat des joueurs professionnels a ainsi interpellé l'équipe en place, subissant en retour les lazzis et huées de l'assistance très majoritairement acquise à Camou. Et exaspérée du retard inhabituel pris en raison des votes à bulletins secrets demandés par le clan Laporte.
- La nouvelle convention approuvée -
© AFP/GAIZKA IROZ
Le président de la Fédération française de rugby Pierre Camou, lors de l'assemblée générale de la FFR, le 2 juillet 2016 à Pau
Simon a notamment bataillé avec Camou sur le sujet principal mis à l'ordre du jour: la nouvelle convention qui régit, pour la période 2016-2020, les rapports entre la Fédération et la Ligue. Née des recommandations de la cellule technique mise en place après le fiasco de la Coupe du Monde 2015, elle étend notamment la période de mise à disposition des internationaux auprès du XV de France.
L'équipe Laporte, qui souhaite aller beaucoup plus loin que le texte proposé, a dénoncé une convention de quatre ans alors que la Fédération pouvait signer un simple avenant pour une saison à l'actuelle convention. Et ceci, selon elle, afin de lui couper l'herbe sous le pied en vue de l'élection.
Camou, sous les yeux du sélectionneur des Bleus Guy Novès et de son adjoint Yannick Bru , a répondu se moquer "de la campagne" et devoir "construire dans la durée", en accordant la convention avec l'échéance de la prochaine Coupe du Monde, en 2019.
La nouvelle convention a été approuvée par 82% des suffrages. Elle doit désormais l'être par l'assemblée générale de la Ligue, le 9 juillet.
- 'Un appareil stalinien' -
Pierre Camou, après avoir défendu son projet de Grand Stade (82.000 places à Ris-Orangis au sud de Paris), a conclu l'assemblée générale sur un discours aux airs électoraux: "Je ne me bats pas pour mon image, je n'ai rien à gagner ni à vendre. Je me fiche de la notoriété, je n'ai pas besoin des médias pour vivre. Ma seule ambition est de construire pour nos enfants et petits enfants. La vision à long terme est le fil conducteur de mon action."
Réaction devant la presse de Simon, pour qui Camou, en clôture, a "kidnappé l'assemblée générale pour en faire un meeting".
Le bras droit de Laporte a aussi fustigé les méthodes de l'équipe en place: "Avec une modification de l'ordre du jour à cinq jours (ce que réfute Pierre Camou, NDLR) de l'échéance on n'a pas pu mobiliser. Ca s'est passé comme d'habitude: des types arrivaient avec des poches bourrées par des procurations", a-t-il affirmé, indiquant avoir déposé des recours.
"Ce n'est pas sur les idées que ça va se jouer. On à affaire à un appareil stalinien des années 50, qui fonctionne très très bien. On le savait", a poursuivi Simon. Et Laporte d'embrayer, après s'être félicité d'avoir fait "souffler un vent de fraîcheur": "A nous de le casser."