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Bernard Laporte
fait une allocution après avoir été élu président de la FFR à l'issue de l'assemblée générale, le 3 décembre 2016 à Marcoussis (Essonne)
C'est un raz-de-marée qui a déferlé samedi sur Marcoussis (Essonne), marquant le début d'une nouvelle ère: Bernard Laporte a été largement élu à la présidence de la Fédération française de rugby (FFR), balayant le sortant Pierre Camou, épilogue d'une campagne acharnée.
C'est un quasi plébiscite: la liste de l'ancien sélectionneur du XV de France (2000-2007) a recueilli 52,56% des voix de l'assemblée générale élective, loin devant celles de Camou (35,28%) et d'Alain Doucet (12,16%), secrétaire général de la FFR de 2000 à juillet 2016.
Résultat de cette large avance, sa liste a raflé 29 des 40 sièges du nouveau comité directeur, et l'ancien manager de Toulon (2011-2016), âgé de 52 ans, a dans la foulée été élu pour quatre ans avec 84,84% des voix à la tête de la Fédération. La septième des fédérations sportives françaises en terme de licenciés (455.747).
"Cette campagne a soulevé nombre d'espoirs. Nous nous sommes engagés à échanger, réformer, changer la fédération, la rendre plus aidante, plus simple, plus à l'écoute, plus généreuse et valorisante, nous le ferons", a déclaré Laporte à l?assemblée générale.
"Nous avons promis de remettre les clubs au centre du village, nous le ferons", a-t-il ajouté.
- Camouflet pour Camou -
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Pierre Camou réagit après sa défaite lors de l'élection de la présidence de la FFR, le 3 décembre 2016 à Marcoussis
De son côté, Camou, âgé de 71 ans et élu sans rival en 2008 et 2012, avait déclaré un peu plus tôt qu'il s'agissait d'une "déception". "Mais je respecte les clubs. C'est la démocratie, je souhaite le meilleur au rugby français et à la Fédération", a-t-il ajouté.
Camou n'a pas exclu de ne pas siéger au comité directeur, dont sa liste occupera six sièges (contre 2 pour Doucet).
Ce succès de Laporte, à l'issue d'une assemblée générale où les clubs se sont largement mobilisés (82,44% des clubs étaient présents ou représentés, représentant 95,21% des voix), constitue une surprise par son ampleur.
Et un sérieux camouflet pour Camou et son numéro 2 Serge Blanco , qui n'auront jamais pu reprendre la main au cours d'une campagne dont le tempo a été dicté par Laporte.
Parti très tôt, dès septembre 2015 alors qu'il était encore aux commandes de Toulon, l'ancien secrétaire d'Etat aux Sports (2007-2009) a sillonné la France au cours de 120 réunions, afin de marteler son programme, axé autour de deux principaux thèmes.
D'abord, "rendre le pouvoir" aux quelque 1.900 clubs, qu'il juge délaissés par une Fédération accusée de manquer de transparence et des dirigeants avant tout soucieux, selon lui, de conserver leurs prébendes. "La Fédération, c'est vous!" était ainsi le nom de son site internet pour la campagne.
- Opposition au Grand Stade -
Deuxièmement, son opposition au futur Grand Stade que Pierre Camou souhaite construire à l'horizon 2021 à Ris-Orangis (Essonne), afin d'augmenter les ressources de la Fédération. Son directeur de campagne et ami, Serge Simon, a confirmé que la nouvelle équipe allait "mettre en place très rapidement les conditions qui doivent mener à l'arrêt du projet Grand Stade".
A la place, Laporte a proposé dans son programme d'entrer au capital du Stade de France. "Nous allons négocier avec le consortium du Stade de France, nous avons d'ailleurs déjà pris des contacts", a-t-il expliqué samedi.
Il souhaite aussi dans son programme "vendre" le maillot du XV de France à un grand sponsor, et limiter à terme le nombre de joueurs non sélectionnables dans les championnats professionnels et en Fédérale 1 (3e division). Ainsi qu'imposer comme critère de sélection la nécessité d'être ressortissant français.
Toujours sur le sujet des Bleus, Laporte a confirmé samedi qu'il maintiendrait à leur tête le sélectionneur Guy Novès. Ce dernier avait lui déclaré lundi qu'il "regarderait comment ça se passe" en cas de changement de direction.... Affaire à suivre.
En attendant, les idées de Laporte donc gagné après une campagne marquée par quelques piques adressées à l'encontre de la direction de la FFR, qu'il a comparée par exemple "à la Corée du Nord" pour son absence supposée de démocratie.
Des mots qui ont choqué Camou. Lequel, peu porté sur l'exercice médiatique, n'a d'abord pas souhaité répondre avant de réagir ces dernières semaines, opposant ses valeurs "de solidarité" à celles "de l'argent", promues selon lui par Laporte. Et l'accusant d'user de certaines "méthodes" pour arriver à ses fins.
Un sursaut sans doute trop tardif pour endiguer la vague Laporte qui a donc capitalisé sur ce qu'il présentait comme une colère des clubs amateurs.
Ancien joueur (champion de France 1991) et entraîneur à succès (double champion de France et triple champion d'Europe), il poursuit son ascension dans le rugby français. Et ouvre une nouvelle ère en balayant le passé.