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© AFP/FILIPPO MONTEFORTE
La joie des Italiens après leur succès historique face à l'Afrique du Sud, en test match le 19 novembre 2016 à Florence
Un jeu dépassé, un sélectionneur fragilisé, les meilleurs joueurs à l'étranger: l'humiliante et historique défaite des Springboks en Italie samedi (18-20) a plongé le rugby sud-africain en pleine crise et mis au jour ses problèmes structurels.
Un communiqué de presse dans lequel les Boks présentent leurs excuses. La démarche, inhabituelle, est à la mesure du tremblement de terre ressenti au pays après le premier revers en treize rencontres face aux Azzurri, corrigés une semaine plus tôt par les All Blacks (10-68).
Des Néo-Zélandais que les Springboks avaient failli battre (18-20) en demi-finale de la Coupe du Monde il y a un an. Quelques semaines après, déjà, une déroute face au Japon en poules (32-34), signe avant-coureur du déclin d'une sélection championne du monde en 1995 et 2007.
La chute est depuis donc vertigineuse, avec sept défaites en onze matches, pire bilan égalé depuis 1992 et le retour du pays dans le concert du rugby international après l'Apartheid. Parmi ces revers, le premier à domicile face à l'Irlande en juin (20-26), puis le plus lourd de l'histoire à la maison (15-57 face à la Nouvelle-Zélande en octobre), avant celui en Italie... que les Boks avaient laminée 101 à 0 en 1999!
La presse sud-africaine tient pour responsable le sélectionneur Allister Coetzee, arrivé après la Coupe du Monde en remplacement de Heyneke Meyer, fragilisé depuis plusieurs mois et qui a affirmé avoir vécu samedi "le pire moment de (sa) carrière d'entraîneur".
- Coetzee en première ligne -
"Il avait besoin d'une victoire pour éloigner les loups du pas de sa porte", a ainsi estimé The Sunday Times, pour qui l'Afrique du Sud est devenue "une nation du Tier 2" (le second groupe selon la classification de World Rugby. Selon le quotidien, le temps de l'ancien entraîneur des Stormers est "révolu".
Et le journal de pointer du doigt "une attaque inefficace et une défense aux abois", au chevet de laquelle se sont d'ailleurs succédé trois entraîneurs depuis la prise de fonction de Coetzee.
En cause aussi "des désaccords tactiques au sein de l'encadrement" et les choix du sélectionneur, optant pour "des joueurs qui ne semblent pas avoir les aptitudes pour gérer la pression d'un test-match".
"Coetzee pointera du doigt les nombreux problèmes structurels du rugby sud-africain comme l'une des raisons du fiasco, mais ça ne tient pas", a conclu le journal.
- Identité à faire évoluer et talents à garder -
Ce n'est pas l'avis de Nick Mallett . Certes, l'ancien sélectionneur (1997-2000) critique le plan de jeu de son successeur: "Les combinaisons en attaque sont trop simplistes, il suffit juste d'un peu de courage pour les enrayer."
Mais le problème n'est pas nouveau pour ces Boks qui "persistent à penser qu'il suffit d'un bon jeu au pied et d'une grosse défense pour gagner. Mais le rugby a évolué, pas nous. Il faut un profond changement".
Outre cette identité de jeu à faire évoluer, Mallett évoque aussi, bien qu'à demi-mot - "il faut sélectionner les meilleurs joueurs" -, la politique de la Fédération qui s'est engagée, sous la pression du gouvernement, à intégrer au moins 50% de joueurs noirs dans l'équipe nationale d'ici la Coupe du Monde 2019 au Japon. Meyer, qui avait jeté l'éponge après le Mondial, s'était lui vu fixer l'objectif (jamais atteint) d'aligner sept joueurs noirs sur vingt-trois sur chaque feuille de match.
Mallett pointe aussi du doigt la fuite "de jeunes talents" à l'étranger, où ils sont bien mieux payés, alors qu'auparavant "ceux qui partaient étaient en fin de carrière". Ce qui ne facilite pas la cohésion de la sélection, et fait décliner la compétitivité des provinces, qui n'ont plus gagné le Super Rugby depuis 2010.
Pour répondre à cette crise, le président de la Fédération, Mark Alexander, a lui promis "un audit" pour "trouver des réponses aux problèmes actuels". A l'issue de la saison, qui se terminera samedi par un périlleux déplacement au pays de Galles.