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Le retour en très grande forme de Manu Tuilagi, le robuste centre anglais d'origine samoane revenu cet hiver de 15 mois d'absence, correspond au réveil prometteur de Leicester avant sa demi-finale de Coupe d'Europe dimanche contre le Racing 92.
La traversée du désert du trois-quart international de 24 ans, touché aux adducteurs puis écarté cet automne de la Coupe du Monde sur raisons disciplinaires, a ainsi été aussi éprouvante pour lui que pour ses équipes.
Revenu à temps pour célébrer le Grand Chelem fin mars avec le XV de la Rose lors de sa 26e sélection, il est désormais l'arme fatale du printemps des Tigers remontés à la 4e place de Premiership mais surtout en lice pour une première finale européenne depuis 2009.
"Je suis toujours là, c'est le principal après avoir été absent", a-t-il rugi de plaisir début avril en retrouvant ses sensations après son doublé contre Gloucester. "Parfois, quand tout va bien physiquement, vous vous rendez compte que c'est facile de prendre ça pour acquis. Tout ça m'a vraiment manqué".
- Puissance et vitesse -
Mélange détonant de puissance et de vitesse (1,83 mètre, 110 kilos), il vient ainsi d'inscrire cinq essais lors de ses huit titularisations en club. Le seul joueur anglais capable de soulever plus de 200 kg, qui a prolongé en décembre jusqu'en 2019, essaie pourtant de transformer son jeu pour le rendre plus complet et moins dépendant de son physique généreux.
"Il a besoin d'être poussé dans ses retranchements, il a besoin de défis", explique ainsi l'entraîneur en chef de Leicester Aaron Mauger qui entend le faire évoluer de 2e à 1er centre. "Il a dû un peu réapprendre son rugby. Mais il a eu une super attitude dans le boulot, a travaillé vraiment dur".
"Manu a incroyablement progressé depuis 3-4 semaines. Il a été longtemps écarté des terrains mais il a désormais retrouvé tout son punch, son dynamisme, et évidemment que ça aide grandement l'équipe", se félicite-t-il encore.
"Le challenge pour lui, c'est de ne pas miser uniquement sur sa puissance, détaillait-il en mars. On essaie qu'il soit une menace sur trois fronts, qu'il puisse avancer, botter ou passer pour en faire un produit fini spécial. Le numéro de maillot n'a souvent aucune importance mais en N.10 et N.12, il faut parvenir à garder les espaces ouverts des deux côtés. Manu sait déjà créer des trous pour les joueurs à côté de lui".
- Des problèmes de discipline -
"En ce moment, le défi, c'est d'améliorer mon jeu au pied, a reconnu le joueur. Il faut que ça se mette en place à l'entraînement pour que ça devienne naturel en match. Je dois garder mes forces mais également essayer d'ajouter cette carte à mon jeu".
"Mauger veut que l'on propose du jeu et Eddie Jones (le sélectionneur, ndlr) veut me voir en N.12. Bon, 12 ou 13, c'est un peu pareil et vous pouvez échanger en match. Mauger a joué à ce poste et c'est une immense aide qu'il puisse me guider. C'est quelqu'un d'intelligent, la clé c'est que j'apprenne de lui et que je lui chipe son cerveau", poursuit-il.
Il s'agit effectivement là du 2e défi qui attend ensuite ce joueur attachant également connu jusque-là pour ses sautes d'humeur et son indiscipline.
Tuilagi a ainsi bien fait rire en 2013 avec des oreilles d'ânes derrière la tête du Premier Ministre David Cameron lors d'une cérémonie mais il a aussi défrayé moins avantageusement la chronique en 2011 en se voyant brièvement interpellé par la police néo-zélandaise après un plongeon non autorisé dans la baie d'Auckland ou encore en 2015 pour une agression sur deux policières.
Pour réaliser enfin un potentiel prometteur, Tuilagi n'a pas d'autre choix que de s'assagir durablement.