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© AFP/MARCO LONGARI
Le Sud-Africain Jan Serfontein inscrit un essai en test-match contre la France, le 10 juin 2017 à Pretoria
'rUn nouveau capitaine, un entraîneur spécialiste de la défense et un sélectionneur en sursis: voici l'alchimie qui a permis la résurrection des Springboks face aux XV de France lors des tests de juin, après une année 2016 aux résultats historiquement exécrables.
Une victoire, samedi à l'Ellis Park de Johannesburg, et l'Afrique du Sud sortira avec un sans faute et ragaillardie de cette tournée.
Que ce soit à Pretoria le 10 juin (37-14) ou à Durban une semaine plus tard (37-15), les Boks n'ont pas vraiment été inquiétés par les Bleus.
De quoi les réconcilier avec un public qui n'a pas rempli les enceintes lors des deux premières rencontres, probablement agacé par la piteuse année dernière de leur équipe.
Difficile en effet de digérer l'humiliante défaite (15-57) face aux rivaux néo-zélandais en octobre dernier, la plus lourde de leur histoire à domicile.
Encore plus dur de pardonner le calamiteux revers en Italie (18-20), qui n'avait jamais battu un des trois "gros" de l'hémisphère Sud, quelques semaines plus tard.
Au total, c'est une saison ponctuée par huit défaites qu'a traversée Allister Coetzee, nommé en avril et dont la tête a très vite été mise à prix par les médias et les supporters.
- 'Suicidaire' -
Mais l'ancien demi de mêlée a survécu, s'est séparé de ses adjoints imposés par la fédération et a changé de capitaine grâce à la retraite bienvenue du talonneur Adriaan Strauss.
Brendan Venter , unanimement reconnu comme un entraîneur de talent, a été nommé pour s'occuper de la défense et Warren Whiteley, brillant troisième ligne des Lions, la meilleure franchise du pays, a récupéré le brassard. Franco Smith est lui venu s'occuper des arrières.
Trois camps de pré-saison ont aussi été organisés, ce que Coetzee, nommé trop tard, n'avait pu mettre en place l'an dernier.
"C'était suicidaire de faire la saison en 2016 sans les camps d'entraînement. On a joué avec le feu et on s'est brûlés", dénonce le sélectionneur.
Avec l'arrivée de Venter, champion du monde avec les Springboks en 1995, la défense lamentable de 2016 a également retrouvé son rang.
Le début de deuxième période à Durban est un exemple frappant: les Français sont repartis sans inscrire le moindre point d'une longue période de possession dans les 22 mètres sud-africains.
"C'était un déchirement la saison dernière de voir les Springboks se relever lentement après chaque plaquage", se souvient Nick Mallett , ancien sélectionneur et aujourd'hui consultant pour la télévision.
- Le Rugby Championship comme révélateur -
Le changement de capitaine a aussi été très bénéfique. Peu charismatique, leader par défaut d'une équipe en transition, Adriaan Strauss s'est surtout fait remarquer par ses piètres interviews d'après-match où il se bornait à promettre des jours meilleurs.
La promotion de Whiteley a donc donné un coup de fouet à cette équipe qui profite dans son ensemble de l'injection de nombreux joueurs des Lions, une équipe au jeu séduisant, la seule capable de rivaliser avec les franchises néo-zélandaises (12 victoires en 13 matches de Super Rugby cette saison, finale l'an passé).
Mallett se montre dès lors beaucoup plus optimiste qu'il y a six mois: "Imaginez la confiance qu'une troisième victoire donnerait à l'Afrique du Sud avant le Rugby Championship. Avec ce genre de performances, nous pouvons vite revenir à la deuxième place mondiale", prédit-il.
L'éditorialiste Mark Keohane, qui ne mâche pas ses mots habituellement envers les Springboks, est sur la même longueur d'ondes.
"La clé c'est de garder la cohésion de ce groupe de joueurs et d'entraîneurs, de les laisser se développer et apprendre des tests difficiles qui arrivent", écrit-il dans le quotidien Business Day.
Car tous les adversaires ne seront pas aussi dociles que ces Français fatigués par leur longue saison.
L'enchaînement de trois déplacements en Argentine, Australie et Nouvelle-Zélande en quatre semaines fin août, sera une autre paire de manches pour ces Boks régénérés.