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© AFP/GAIZKA IROZ
Le président de la FFR Pierre Camou en marge de l'assemblée générale de l'instance au palais Beaumont à Pau, le 2 juillet 2016
Convaincre sur le projet de Grand Stade "revigore" le président de la Fédération française de rugby Pierre Camou, engagé dans la course à sa réélection le 3 décembre prochain, a-t-il déclaré à l'AFP après l'assemblée générale annuelle de l'instance, samedi à Pau.
QUESTION: La campagne offensive menée par votre principal adversaire à la présidence, Bernard Laporte , vous oblige-t-elle à modifier la vôtre ?
REPONSE: "Je suis toujours président de la Fédération. Je tiens à assumer cette fonction et j'essaierai de faire campagne en endossant du mieux possible mes responsabilités. Mais je ne ferai pas campagne en fonction des manières des uns ou des autres. J'ai des convictions, des idées, elles sont partagées ou pas, et je les défendrai, ainsi que celles de l'ensemble des territoires français. (Il y a) des nouvelles régions (de rugby) qui seront là demain, des anciennes qui ont un passé et pour lesquelles c'est compliqué parfois, et je le comprends, de voir que les choses changent."
Q: Allez-vous communiquer davantage sur le projet de Grand Stade que vous souhaitez construire d'ici 2021 à Ris-Orangis (Essonne) ?
R: "Il est évident que je vais faire le tour de tous les comités. Mais ce n'est pas (pour donner) +la réponse à+ (Laporte, qui est contre), c'est (pour) défendre le projet. Comment peut-on communiquer quand il n'y a pas eu d'avancée particulière ? La première avancée depuis un an a été les signatures (du contrat constructeur et du contrat d'intérêt national le 24 juin). Jusque-là, il ne se passait que des discussions avec le constructeur, sur le stade et le prix tels que nous les avions votés en 2014. Donc je respecte le mandat que le comité directeur m'avait donné à ce moment-là."
Q: Au-delà des réserves avancées quant à la rentabilité du futur stade, le fait que le dossier de financement propre apporté par la Fédération n'ait pas encore été bouclé vous inquiète-il ?
R: "Le bouclage financier est le combat à mener. Je suis un ancien banquier et je connais la difficulté de ces combats. Le stade ne sera fait que quand on pourra présenter un bouclage financier complet et le +go+ sera, ou ne sera pas donné, par l'assemblée générale. Je n'ai jamais dit autre chose. Mais en aucun cas en mettant en danger la Fédération."
Q: Pourquoi le financement de ce projet pourtant ancien n'est-il toujours pas bouclé ?
R: "Je ne veux pas aller voir des banquiers si je n'ai pas le permis de construire. Il y a des délais administratifs, qui ne dépendent pas de moi. Quand vous allez voir votre banquier pour acheter votre maison, il vous demande: +L'avez-vous (trouvée) ? Avez-vous le permis de construire, si elle est neuve ? Etc.+"
Q: Votre principal adversaire et le secrétaire général de la FFR (Alain Doucet, qui a démissionné samedi pour rejoindre en principe un autre candidat, Lucien Simon) sont contre ce projet. Cela vous interpelle-t-il ?
R: "La démocratie, ce sont des opinions différentes. A moi de savoir convaincre: comment une Fédération peut-elle se développer si elle ne maîtrise pas son outil de production ? C'est ma mission de générer des ressources pour mes 1.800 actionnaires, qui sont les clubs."
Q: Ce combat, ainsi que celui de la campagne présidentielle, vous revigorent-t-il ?
R: "Je suis un combattant par nature, pour mes opinions, mon parcours et mes valeurs. Ce mot est galvaudé, mais c'est la conception de mon sport. Oui, ça me revigore, parce que je pense que nous sommes dans une société très compliquée, et que c'est dans ces moments-là qu'il faut revenir à l'essentiel : qu'est-ce qu'un club ? Pourquoi sommes-nous là ? D'abord pour des gamins ou pour être des consommateurs de compétitions ? C'est un beau combat. Je n'ai jamais changé de discours. Est-ce mon tempérament ? Ma génération ? Je ne suis pas de celle des 140 signes (Twitter), mais je suis quelqu'un qui, il y a huit ans, à peine élu, doit avoir fait le tour de France des clubs."
Propos recueillis par Nicolas KIENAST