Happy Birthday : |
A un mois de la Coupe du Monde et après trois ans et demi d'ordinaire fadasse, le XV de France retrouve samedi (21H00) à Twickenham pour la 100e fois son rival anglais pour un match d'expérimentations censé impulser un nouvel élan.
De Twickenham à Twickenham en passant par Twickenham, le XV de France tourne en rond pour espérer aller plus haut.
Il y a cinq mois, il y achevait ainsi son Tournoi des six nations sur une orgie de jeu et une roborative défaite 55 à 35, plutôt prometteuse par les énergies qu'elle a libérées.
Avant d'y affronter l'Italie le 19 septembre pour leur premier match de la Coupe du Monde et de croiser les doigts pour y revenir en demies ou en finale, revoilà donc les Bleus dans l'antre du rugby anglais, cramponnés à l'idée que tout est encore possible en dépit d'un bilan médiocre.
En cercle fermé depuis début juillet, les hommes du manager Philippe Saint-André en ont bavé, en plaine à Marcoussis (Essonne), comme en altitude, à Tignes (Savoie) ou au domaine de Falgos (Pyrénées-Orientales). Les 36 élus pour cette préparation ont fourbi leurs armes physiques, à base de "crossfit", "wattbike" et autres châtiments barbares, afin de répondre en intensité à leurs adversaires.
Ils ont aussi travaillé à ce fameux "esprit de groupe" qui doit leur permettre de traverser plus de trois mois de vie commune, avec les hauts et les bas sportifs et mentaux que cela implique.
Pourtant, il est d'ores et déjà acquis que tout ne sera pas parfait samedi soir, loin de là.
- Des erreurs en vue -
"C'est sûr que rugbystiquement il y aura certaines erreurs, mais chez les Anglais aussi", prévient ainsi Philippe Saint-André.
"Parce qu'on a axé le début de la préparation sur le physique, mon analyse sera d'abord faite sur l'investissement, le fait de jouer collectivement", poursuit-il. "L'erreur serait qu'un joueur essaye de ne jouer que pour lui alors qu'on n'est rien sans les 14 autres."
En rodage, les deux équipes devraient s'attacher à la mise en place de quelques nouveautés stratégiques, sans trop en dévoiler bien sûr, avec un réel souci de justesse dans l?exécution. "Il y a des choses que l'on a travaillées et que l'on veut voir samedi, c'est sûr" abonde Saint-André. "Et d'autres que l'on veut garder pour les matches de la Coupe du Monde."
On scrutera aussi avec attention les joueurs, alors que des associations inédites seront testées, et d'autres ressorties du placard. En filigrane, on pensera évidemment à la réduction des groupes, puisque Saint-André comme le sélectionneur anglais devront évincer quelques éléments d'ici une dizaine de jours pour n'emmener que 31 joueurs à la Coupe du Monde.
Dans cette perspective, la charnière Morgan Parra - François Trinh-Duc abattra une carte importante. Le N.9 et le N.10, enfants chéris de l'ère Lièvremont (2008-2011), n'ont plus débuté ensemble depuis le 23 février 2013 et ils auront une rare chance de s'illustrer.
- Cartes à jouer -
Quelques revenants tâcheront aussi de se replacer, comme les troisième ligne Fulgence Ouedraogo et Louis Picamoles , ou encore le talonneur Dimitri Szarzewski , désigné capitaine pour l'occasion en l'absence sur blessure de Thierry Dusautoir . Et au centre, Rémi Lamerat et Alexandre Dumoulin formeront une paire surprenante mais appétissante.
En face, les Anglais "seront en forme, c'est sûr", avertit PSA en rappelant que le XV de la Rose, lancé plein fer vers "son" Mondial, est réuni depuis début juin.
Eux aussi tâtonneront lors de ce premier galop d'essai qui sera aussi le 100e "Crunch" d'une histoire commune débutée en 1906. La principale attraction sera le comportement du massif centre Sam Burgess, star du rugby à XIII reconvertie à XV il y a moins d'un an, qui vivra sa première sélection aux côtés d'un autre novice, Henry Slade.
Victoire ou défaite, il sera quoiqu'il arrive difficile de tirer beaucoup d'enseignements de ce brouillon qui sera bissé le samedi suivant au Stade de France. Mais le XV de France est empêtré dans des vents contraires depuis suffisamment de temps pour ne pas renâcler à un souffle nouveau.