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Véritable enjeu national après une Coupe du Monde ratée en son absence et joueur anglais le mieux payé, le centre Manu Tuilagi doit composer entre les sollicitations du XV de la Rose et la volonté de son club de ne rien précipiter.
La bataille à fleurets mouchetés autour d'"Etuale Manu Samoa" (son nom de baptême), né il y a 24 ans dans les Samoa, agite l'île depuis quelques semaines, alors que l'enfant prodige sort à peine d'une longue rééducation de 15 mois après sa blessure à l'aine.
Avant le déplacement chez le Stade Français dimanche en Coupe d'Europe, Richard Cockerill , entraîneur de l'intouchable leader du groupe 4, a tiré préventivement dès le 9 janvier, fleurant l'imminence des premières convocations en vue du Tournoi.
"Je ne sais pas à quel point il est loin de sa pleine forme", avait tempéré l'entraîneur de Tigers après lui avoir offert à la surprise générale 28 minutes de jeu contre Northampton. Le temps pour Tuilagi de se faire remarquer par un gros plaquage sur le robuste deuxième ligne Courtney Lawes.
- 'C'est prématuré' -
"Là, il n'est pas prêt, c'est prématuré de parler de lui en sélection. Il se rappelle à peine comment on joue. Il a besoin d'enchaîner à Leicester, pour qu'on le remette en forme. Le début du Tournoi, c'est irréaliste", avait poursuivi le technicien, désireux de protéger sa pépite qui a prolongé de trois ans son contrat pour un montant exceptionnel estimé à 555.000 euros par saison .
International depuis août 2011, le centre aux 25 sélections (et une avec les Lions en 2013), mélange détonant de puissance et de vitesse (1,83 mètre, 110 kilos), électrise les supporteurs. Et l'humiliation d'un pays éliminé prématurément de sa Coupe du Monde à l'automne efface alors toutes ses frasques à répétition.
Ses oreilles d'ânes formées avec les doigts derrière la tête du Premier Ministre David Cameron lors d'une cérémonie en 2013 avaient pourtant bien fait sourire. Après des excuses officielles.
Une courte détention par la police néo-zélandaise après un plongeon depuis un ferry dans la baie d'Auckland en fin de Mondial-2011, et surtout l'agression en mai de deux policières qui lui avait coûté sa place lors du Mondial-2015 ont davantage écorné son image.
Pragmatique, le nouveau sélectionneur Eddie Jones n'en a cure et il a répondu à sa manière à Cockerill, en annonçant le 13 janvier que Tuilagi était officiellement retenu pour préparer le Tounoi.
- 'L'ex-Manu est de retour!' -
"On sera sans Manu contre l'Ecosse (le 6 février en ouverture, NDLR), mais on va continuer de travailler avec Leicester et lui pour la suite du Tournoi", a expliqué le sélectionneur, dithyrambique sur l'enfant prodige et terrible. "Quand il est en forme, il ressemble à Ma'a Nonu . Il a des pieds, des qualités techniques exceptionnelles. Il sait s'infiltrer entre les lignes, passer la balle. Même au pied, il peut progresser. Il peut incarner la nouvelle équipe".
Titularisé pour la première fois depuis son retour contre Trévise samedi dernier en Coupe d'Europe, Tuilagi n'a pourtant guère brillé durant ses 51 minutes sur le terrain, signe d'une réadaptation progressive. Qu'importe pour certains observateurs qui ont vu des promesses d'avenir dans ses dernières copies.
"S'il lui reste ça après 15 mois d'absence, imaginez la suite!", salive ainsi d'avance l'ex-international Lawrence Dallaglio , devenu consultant.
"L'ex-Manu est de retour", s'enflamme lui l'Irlandais Brian O'Driscoll , ex-partenaire chez les Lions. "Je sais à quel point il est dévastateur. Il n'a pas seulement de la force, mais aussi une subtilité agréable dans son jeu. C'est comme s'il n'avait pas été éloigné si longtemps. Vous pouvez ne pas être d'accord, mais il lit très bien le jeu et analyse très bien l'opposition. Il s'investit énormément et cela se voit".
Plus probablement Tuilagi visera donc une montée en puissance pour la fin du Tournoi et les joutes du printemps. Le XV de France, opposé à l'Angleterre le 19 mars, pourrait en faire les frais.