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Démoli par les All Blacks en quarts de finale de Coupe du Monde, le XV de France a clos dans l'humiliation l'ère Saint-André et prie désormais pour que son nouveau sélectionneur Guy Novès ait un plan solide pour le futur.
Après la déroute, c'est morne plaine dans le paysage du rugby français. Balayé 62 à 13 par des All Blacks incandescents le 17 octobre à Cardiff, le XV de France a refermé un interminable chapitre de quatre ans, ponctué de désillusions en tous genres et de rendez-vous manqués, peut-être le pire mandat de l'histoire des Bleus avec moins de 45% de victoires sous la houlette de Philippe Saint-André (2012-2015).
Guy Novès, nommé sélectionneur fin mai et entré en fonctions le 1er novembre, hérite donc d'un chantier immense et d'une interrogation lancinante: de quelle marge de manoeuvre dispose-t-il réellement pour tout changer?
Architecte chevronné des succès du Stade Toulousain durant plus de 20 ans, Novès, 61 ans, devra composer avec un système parfois ubuesque et qu'il n'a d'ailleurs cessé de critiquer lorsqu'il était entraîneur de club.
Le calendrier fou ne favorise sans doute pas le rendement des Bleus. Placée face à son incurie chronique après "l'échec total" du Mondial anglais, la Fédération peine décidément à reprendre la main dans le chapitre de la mise à disposition des internationaux, de plus en plus dépassée par la puissance financière du Top 14.
- Un leadership à reconstruire -
Résultat: les jeunes espoirs français jouent peu en championnat et ceux qui percent sont usés par le rythme effréné des matchs. Et que dire du style de jeu pratiqué en Top 14, traditionnellement ancré dans le défi physique et pas vraiment conforme à celui, basé sur la vitesse et l'aisance technique, proposé sur la scène internationale!
Novès, épaulé par Jean-Frédéric Dubois (arrières) et Yannick Bru (avants), est en outre contraint de rebâtir un leadership, dans le sillage des retraites du capitaine Thierry Dusautoir et d'autres cadres (Papé, Mas, Szarzewski, Michalak). Le talonneur Guilhem Guirado , l'un des rares incontournables par ses performances, devrait hériter du rôle de capitaine pour le Tournoi-2016.
Les hommes clés de l'ère Saint-André devront à leur tour prendre de l'épaisseur. Charge aux Yoann Maestri, Wesley Fofana, Yoann Huget, Louis Picamoles , Rabah Slimani, Morgan Parra , voire Brice Dulin, d'accepter d'endosser le costume de patrons, si confiance leur était maintenue, avec dans le viseur le Mondial-2019 au Japon, l'objectif ultime.
Il s'agit aussi de préparer la génération d'après, et vite. Le deuxième ligne Paul Jedrasiak, les talonneurs Camille Chat et Julien Marchand, les piliers Jefferson Poirot et Cyril Baille, les troisièmes ligne Yacouba Camara et Sekou Macalou, les demis Baptiste Serin et Sébastien Bézy, les centres Jonathan Danty ou Théo Belan auront peut-être une carte à jouer dans les prochains mois.
- Déjà le compte-à-rebours -
Dans le même temps, l'installation d'une charnière pérenne cristallisera les attentions. Les errements de Saint-André à ces postes ont fini par devenir caricaturaux et Novès s'attachera sans doute à conforter ses demis, si les blessures le lui permettent.
En ce sens, le nouveau sélectionneur comptera-t-il sur l'ouvreur François Trinh-Duc, le grand mal-aimé de l'ère Saint-André, mais le seul à ce poste à pouvoir se prévaloir d'une véritable expérience internationale?
Car le nouvel encadrement n'aura que peu de temps pour préparer ses premières sorties: un stage de trois jours du 25 au 27 janvier, puis cinq jours avant de se mesurer à l'Italie le 6 février en ouverture du Tournoi. La prochaine tournée en Argentine, marquée par deux matches les 18 et 25 juin, se fera sans les joueurs des quatre équipes demi-finalistes du Top 14.
Dans ces conditions, l'horizon paraît encore bien incertain pour les Bleus.
Les venues des Australiens puis des All Blacks en novembre, les finalistes du dernier Mondial, constitueront les premiers tests majeurs de l'ère Novès. Et permettront de mesurer l'impact de celui qui a promis d'orienter les Bleus vers "un rugby spectaculaire" afin de sortir d'un embarrassant marasme la soi-disant vitrine du rugby français.