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Ses succès sportifs et économiques pourraient parler d'eux-mêmes mais le président du RC Toulon, Mourad Boudjellal, semble se plaire à alimenter le spectacle, entre vraies propositions innovantes, coups de bluff, bravades et dérapages en tous genres.
. Faire feu de tout bois...
Difficile de recenser tous les coups d'éclat et de suivre le rythme des annonces de Mourad Boudjellal, ancien fondateur d'une maison d'éditions de bandes dessinées à succès et qui excelle toujours dans le divertissement, à 55 ans.
Ainsi, depuis deux semaines, Boudjellal assure vouloir quitter le Top 14 et même intégrer le RCT au Championnat d'Angleterre, où se trouve "l'avenir économique" selon lui. "Ce n'est pas de la provocation", jure-t-il, dénonçant au passage la gestion du championnat. Boudjellal exprime son mécontentement latent envers le règlement du Top 14 et deux points en particulier: le quota imposé de jeunes issus des filières de formation (Jiff) et la réforme du plafond salarial (salary cap).
Fourmillant d'idées quitte à bousculer un milieu parfois ronronnant, il les distille volontiers au gré de ses interviews, toujours servi par son sens du bon mot. Et quand cela ne suffit pas, reste la case tribunal pour porter ses combats.
Car Mourad Boudjellal agite régulièrement la menace de poursuites judiciaires, au gré de ses indignations, avec ou sans suite d'ailleurs. De sources concordantes et comme il l'avait annoncé, depuis octobre 2014, Jiff et salary cap font l'objet d'une procédure à son initiative auprès de la justice européenne. D'autres plaintes seraient en cours, comme celle déposée contre RTL en septembre 2015 ou une autre en lien avec des "appels malveillants" en avril 2014. Certaines attendent toujours de se matérialiser comme celle contre le club de Montpellier, accusé de "chantage" en octobre 2011.
. ... quitte à se contredire
En occupant abondamment le terrain médiatique, Mourad Boudjellal prend aussi le risque de voir ses déclarations contredites.
Ainsi, en octobre 2013, promettait-il qu'il ne prendrait pas part à la Coupe d'Europe nouvelle formule et resterait fidèle à l'ERC, l'ancien organisateur, "puisque l'ERC n'exige pas de quotas de joueurs étrangers". Une assertion qui a fait long feu: le RCT a ensuite remporté deux fois la compétition.
Sa volonté de rejoindre la Premiership pourrait aussi se fracasser à la réalité. En coulisses, on évoque d'énormes obstacles légaux. Mais peut importe, tant que cela fait du brui!
Ses coups de volant désarçonnent, à l'image de ses éternels revirements sur son avenir à la tête du club. En juillet 2013, il évaluait à trois saisons supplémentaires sa présence aux commandes du RCT. "Cela fera dix ans que je suis dans le milieu. Ça suffit", disait-il, avant de se projeter jusqu'à 2021 l'été dernier ! "Il me reste un an de convention, je vais signer à nouveau pour cinq ans car il y a des choses en chantier", déclarait-il. Puis gros coup de blues il y a deux semaines: "Je ne peux maintenant que refaire ce qui a déjà été réalisé. Il faut que je me trouve de nouveaux défis."
Une stratégie sans doute destinée à électriser ses joueurs et jusque-là payante au vu du palmarès (3 Coupes d'Europe, 1 Bouclier de Brennus).
. Ou déraper
Parfois, ses sorties se transforment tout simplement en... sorties de route, à l'image de la fameuse "sodomie arbitrale" dont il estime avoir été victime lors d'une demi-finale de championnat.
Sa cible favorite sont les instances du rugby et la virulence de ses attaques déconcerte.
"Le rugby est un sport raciste et j'assume mes mots. Déjà dans le mot Jiff, si on avait un peu de culture politique, on aurait pu voir l'amalgame que ça aurait pu faire en rajoutant un U", déclarait-il aussi en octobre 2013. A l'automne dernier, il effectuait carrément un rapprochement entre le régime totalitaire de "Corée du Nord" et la Fédération (FFR), comparant le président Pierre Camou à "Fidel Castro".
Ulcéré par les allégations de dopage relayées par la radio RTL, Boudjellal est monté dans les tours en septembre, promettant de rendre public le numéro de téléphone de la journaliste à l'origine de l'affaire. "Elle a une journée pour changer de numéro", tempêtait-il, avant de se raviser.