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© AFP/MIGUEL MEDINA
Le deuxième ligne Pascal Papé, le 21 août 2015 à Marcoussis
"Mon histoire, j'aurais pu m'y perdre mais, finalement, c'est ce qui m'a fait et que j'ai fini par accepter": le rugbyman Pascal Papé raconte pour la première fois sa douloureuse enfance et la dépression qui l'a rattrapé à l'âge adulte, dans un entretien à L'Equipe Magazine samedi.
"J'ai toujours repoussé le moment d'en parler, même si je ressentais vraiment le besoin de raconter comment, malgré un départ très difficile dans la vie, j'ai réussi à m'en sortir", raconte le deuxième ligne du Stade Français et ancien international, qui publie jeudi son autobiographie "Double Jeu" (Ed. Michel Lafon).
Ce "départ très difficile", c'est sa naissance il y a 36 ans d'une mère "qui connaît beaucoup de problèmes psychologiques" et vit "une vie de débauche" et d'un père inconnu. "Livré à (lui)-même", il est retiré à sa mère biologique à six mois puis placé à sept mois et demi dans une famille d'accueil très aimante.
"Je suis né à sept mois et demi, estime-t-il. Puis à 18 ans", quand la famille l'a adopté.
Entre temps, le "cauchemar" reste "tout proche": l'enfant ne supporte pas les visites régulières à sa mère biologique et "craint en permanence d'être retiré de cette famille et d'être renvoyé dans cet enfer".
- 'Grand stress' -
"Moments de grand stress" quand on l'appelle en classe par le nom de sa mère biologique, "pipi au lit jusqu'à l'âge d'au moins 12 ans", "cauchemars"...
Pascal Papé, qui cache presque tout, trouve ses moments de répit à l'école de rugby. Aussi rugueux dans le jeu que "sentimentalement parlant, (il est) raide". Cette histoire douloureuse, il ne la partage pas avec ces coéquipiers.
"Longtemps, c'était pour moi un sujet tabou. D'autant que le rugby est un milieu +hormonal+ où l'on n'a pas le droit de montrer la moindre faille."
Jusqu'à une blessure au dos lors du Tournoi en 2013. "C'était trop. Tout explose au même moment". Dépression, tentative de suicide, Pascal Papé est interné en hôpital psychiatrique et commence à "accepter son histoire".
Aujourd'hui, il plaide pour un changement des mentalités dans son sport: "On nous prend souvent pour des machines. Et ça peut être dangereux (...) Chez nous, dans le rugby, c'est encore tabou de voir un psy, mais ce ne devrait pas être le cas".
Un engagement qui commence auprès des Espoirs du Stade Français, pour lesquels il a "mis en place un accompagnement psychologique".