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Petite ville enclavée des confins de l'Ain propulsée dans un Top 14 toujours plus armé économiquement, Oyonnax aura fait durer trois ans le miracle, goûtant même à la phase finale et à l'Europe avant de voir la bulle éclater cette saison.
La crise de croissance aura donc été fatale à l'USO, dont la présence parmi les grands a toujours été considérée comme un petit prodige. Mise en déroute samedi sur le terrain du Stade Français (69-8), l'US Oyonnax redescend comme attendu en Pro D2, où elle a ferraillé de 2003 à 2013.
Il y a moins d'un an, le club déjouait encore tous les pronostics pour accrocher une sixième place et donner rendez-vous à Toulouse en barrage. Et la défaite très honorable (20-19) avait suscité des attentes peut-être démesurées par rapport à l'envergure réelle de l'USO, 12e budget du championnat avec 16,1 millions d'euros.
Mais Oyonnax avait fait aussi de sa marque de fabrique son esprit de corps, né d'un groupe sans individualité, constitué de joueurs revanchards et soudés, capables de semer la terreur par leur goût immodéré de l'engagement.
Or, il semble que les nombreux changements qui ont bouleversé le club cette saison aient éreinté cette force de caractère.
- Scénario catastrophe -
Le premier de ces bouleversements a été le départ à l'intersaison de l'ensemble de l'encadrement, à commencer par le charismatique manager Christophe Urios, qui dirige désormais Castres après avoir été la figure emblématique de l'épopée d'+Oyo+.
Dans son sillage, une quinzaine de joueurs dont de nombreux cadres ont fait leurs valises (Urdapilleta, Tichit, Lassalle), signant la fin d'un cycle.
Avec un nouveau staff cornaqué par Olivier Azam et un recrutement abondant et pas toujours opportun, la digestion a viré à la crise de foi(e). En perte de repères et de confiance, contrainte de disputer aussi une Coupe d'Europe trop relevée pour elle, l'USO a rapidement chaviré, au point de décréter l'état d'urgence dès décembre.
Tout a tourné à l'aigre: le manager Olivier Azam a été démis de ses fonctions, remplacé par l'inexpérimenté Johann Authier (34 ans), ancien demi de mêlée du club. Tout un symbole, la star du recrutement, le All Blacks Piri Weepu , a de son côté été licenciée en janvier.
- A la recherche de ses valeurs -
De quoi donner une résonance particulière à la prédiction du président historique Jean-Marc Manducher (1995-2015), qui avait observé d'un oeil circonspect les chambardements. "Je ne suis pas persuadé que la nouvelle équipe va conserver nos valeurs", s'était-il ému auprès de l'AFP avant de passer la main cet été. "On s'appuie sur le territoire, le respect, la famille, l'importance du groupe, le travail bien sûr. C'est une mentalité particulière. Mais si on met l'argent devant l'attelage, ce ne sera pas la bonne formule."
Sur le terrain, l'équipe n'a en tout cas plus été en mesure de tendre les mêmes pièges qu'avant. Plus attendue, elle évolue aussi désormais à domicile sur un terrain synthétique qui favorise le jeu...mais pas le sien, basé auparavant sur le combat d'avants. Une erreur d'appréciation matérialisée par six défaites cette saison à Charles-Mathon, autrefois forteresse imprenable.
A la recherche de ses valeurs passées, le club n'a donc jamais vraiment réussi à redresser la barre. Le cauchemar s'est même prolongé avec la suspension d'un an de son ailier Silvère Tian, coupable d'avoir insulté un arbitre début avril.
Revenue à l'échelon inférieur forte d'une expérience de trois ans, l'USO, qui a seulement annoncé la venue du besogneux deuxième ligne de Clermont Jamie Cudmore pour la saison prochaine, aura les armes pour préparer une opération remontée. A condition de rassembler ses esprits.