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Avec le départ imminent pour Toulon de son ami François Trinh-Duc, le 3e ligne de Montpellier Fulgence Ouedraogo est sorti avec fracas de son habituelle réserve pour révéler le caractère d'un capitaine devenu emblématique et profondément attaché à l'humain.
Depuis 2003, année de son intégration au MHR en provenance de l'école de rugby du Pic Saint-Loup, le 3e ligne international âgé de 29 ans (39 sélections), concilie haut niveau et attachement viscéral à son club. Ce qui, à l'heure d'un professionnalisme de plus en plus froid, constitue parfois un grand écart qui l'amène à briser sa carapace.
Deux semaines après avoir soulevé le premier trophée de l'histoire du club héraultais, qui s'apprête à fêter comme lui ses trente ans, Ouedraogo a mis de côté sa prudence naturelle pour étaler son ressentiment dans un tweet rageur: "Peu importe le score de dimanche, ce match restera une défaite historique pour le club", avait-il lâché pour s'émouvoir de la non-sélection de son pote François Trinh-Duc dans l'équipe opposée à Toulon, dernier match de la phase régulière à l'Altrad stadium.
Au soir du succès face au RCT et des adieux de Trinh-Duc au public montpelliérain, Ouedraogo, d'habitude si maître de lui, a libéré le trop plein d'émotion et d'affection.
- "Comme les doigts de la main" -
Ses larmes ont particulièrement touché l'ancienne présidente du Pic Saint-Loup Catherine Devautour. "Pour lui, c'est le signe que l'amitié est plus forte que tout ça. Je lui ai dit que j'ai admiré sa prise de position et son sens de l'amitié. J'avais été très émue de le voir aussi ému", poursuit-elle avant d'ajouter: "Ces enfants, liés comme les doigts de la main, ont quand même créé le club même s'ils sont devenus grands grâce à Montpellier
Ouedraogo a fait ses débuts à six ans dans cette "école de rugby", loin du Burkina Faso où il est né avant d'être adopté à l'âge de trois ans par une famille française de Saint-Jean de Cuculles, son port d'attache au nord de Montpellier.
"Comme il a mis beaucoup de temps à assumer son histoire personnelle, il lui est difficile de montrer ses sentiments", remarque Pascal Mancuso, qui était directeur technique du MHR au moment de son intégration au centre de formation.
Champion du monde des moins de 20 ans, premier joueur formé à Montpellier appelé en équipe de France, Fulgence Ouedraogo a ouvert la voie vers les sommets à ses potes de la même génération: Julien Tomas, Louis Picamoles ou Trinh-Duc.
Très vite, par-delà sa discrétion, il en est même devenu le capitaine emblématique. "Quand je l?ai nommé capitaine il a été surpris. T?es vraiment sûr ? m?a t-il dit", raconte Didier Nourault, ancien entraîneur du MHR jusqu'en 2009. "Il n?est certes pas un homme qui se répand en belles paroles, mais il exprime son rôle de leader par son goût de l'effort, sa capacité à être aux quatre coins du terrain. C'est un leader de combat et d'énergie".
- "Une vraie aura" -
Des années à galérer pour le maintien dans le stade suranné de Sabathé avec Didier Nourault à celles à figurer en phase finale, sous l'autorité de Fabien Galthié, Montpellier s?est émancipé sans jamais contester la légitimité de Ouedraogo.
"Il a traversé les temps et les entraîneurs sans que personne ne remette en cause son rôle", explique Benoît Paillaugue, l'un des plus anciens joueurs du MHR.
"Dans la vie il est discret", ajoute le demi de mêlée. "Dans le vestiaire et sur le terrain, il se transforme et dégage une vraie aura. C'est un compétiteur qui déteste perdre et la médiocrité. Il transmet cet état d'esprit à l'équipe."
"Fufu, c'est un roc", abonde Catherine Devautour. "Il a toujours été là quand l?école du Pic Saint-Loup faisait appel à lui. Il est droit et peut se regarder dans une glace avec fierté et noblesse. Comme François."