Happy Birthday : |
© AFP/RODGER BOSCH
Le sélectionneur de l'équipe de rugby sud-africaine Allister Coetzee, lors d'un entraîneur le 30 mai 2016 à Stellenbosch près du Cap
Et pourquoi pas des matches à domicile joués... à l'étranger ? Le rugby sud-africain traverse une passe financière si délicate que ses chefs envisagent sérieusement, pour renflouer les caisses, de délocaliser dès 2020 des rencontres des Springboks.
Ce n'est plus un secret, les comptes de la Fédération sud-africaine de rugby (SAR) sont à l'image des performances très décevantes de son équipe nationale: très largement dans le rouge.
Rien que l'an dernier, la SAR a affiché des pertes officielles de 23,3 millions de rands (environ 1,6 million d'euros).
La hausse des coûts de fonctionnement, le financement des 14 franchises provinciales qui composent son élite et, surtout, le retrait de quelques généreux parrains ont précipité toute la filière professionnelle dans la crise.
Le départ de ces mécènes, notamment celui d'une des quatre grandes banques du pays, a causé un trou de 130 millions de rands (environ 9 millions d'euros) dans son budget.
Pour le combler, les autorités du rugby sud-africain sont très tentées, comme d'autres pays, de vendre plus souvent les matches de leur XV national hors des frontières.
"On pourrait déplacer à l'étranger un test-match intéressant, si cela a du sens commercialement", a proposé le directeur exécutif de la SAR Jurie Roux lors d'un entretien accordé à plusieurs médias, dont l'AFP.
"Sur quatre ans, on pourrait décider de jouer une année contre les All Blacks à l'étranger, pour soutenir financièrement le rugby national", a-t-il précisé. "Il faudrait comparer les bénéfices financiers (de cette solution) au fait de priver certains de nos supporters de voir les Blacks en Afrique du Sud".
- Les Blacks aux States -
Entre autres terres d'accueil possibles, M. Roux évoque Londres, Hong Kong, Singapour ou les Etats-Unis.
L'Irlande et l'Argentine ont déjà ouvert cette voie. Le XV du Trèfle a mis un terme à la série de 18 victoires consécutives de la Nouvelle-Zélande en novembre dernier à... Chicago aux Etats-Unis.
Un mois plus tôt, les Pumas ont affronté les Wallabies australiens à Londres. Ils ont perdu sur la pelouse de Twickenham mais, dit-on, largement gagné sur le terrain financier...
Mais Jurie Roux le sait bien. Une telle opération ne réussira que si les Springboks renouent avec la victoire, après une saison 2016 particulièrement désastreuse.
Les double champions du monde (1995, 2007) ont perdu huit de leurs douze duels et pris quelques claques embarrassantes contre la Nouvelle-Zélande (15-57 à Durban), l'Italie (18-20 à Florence) et l'Irlande (20-26 au Cap), alors qu'ils n'avaient jamais perdu de leur histoire sur leur sol face au XV du Trèfle. Tout ça, l'année suivant l'humiliation contre le Japon (34-32) en Coupe du Monde...
Très critiqué, le sélectionneur Allister Coetzee a sauvé sa peau et promis de redresser la barre mais il n'a plus de droit à l'erreur.
"Quelle que soit la manière, l'important c'est de gagner", a souligné avec insistance Jurie Roux, "il n'existe qu'une sorte de rugby, celui qui gagne".
Le président de la SAR Mark Alexander a lui aussi mis les points sur les i sans détour. "Notre santé financière est déterminée par un facteur essentiel: les résultats de notre équipe nationale".
- 'Masses d'argent' -
"Les Springboks ont touché le fond la saison dernière (...) La nouvelle ère ou le nouveau départ que nous espérions n'a pas eu lieu mais cette année sera différente", a promis M. Alexander.
Le temps presse déjà pour de nombreuses équipes sud-africaines, qui voient fondre comme neige au soleil leurs effectifs, attirés par les gros salaires de l'hémisphère nord.
"Il est difficile de garder des gars comme ça en Afrique du Sud", s'est récemment lamenté Nollis Marais, le patron des Bulls de Pretoria, à l'annonce du départ vers le Nord de son centre international Jan Serfontein.
"On ne peut pas rivaliser avec les masses d'argent qu'ils reçoivent à l'étranger", a-t-il résumé.
La remise à flot des six équipes qui disputent le championnat des provinces de l'hémisphère sud (Super Rugby) et des huit qui les complètent dans la Currie Cup (compétition nationale) figure au premier rang des priorités de Judie Roux.
"Dans l'idéal, l'argent généré par les Springboks leur revient", explique le directeur de la SAR.
L'an dernier, les équipes de Super Rugby ont perçu chacune 28 des 640 millions de rands (44 M euros) de droits de télévision perçus par la fédération, celles de la Currie Cup 20 millions. Trop peu pour empêcher la "fuite des crampons".
Nombre de médias jugent que ce modèle professionnel à 14 équipes n'est pas viable financièrement mais le patron de la SAR est persuadé, lui, de pouvoir en rééquilibrer les comptes.
"Nous signons avec de nouveaux sponsors", s'est-il réjoui récemment en signant un contrat avec une compagnie aérienne locale à bas coûts, "et ce sont de grandes entreprises".