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© AFP/MICHAEL BRADLEY
Les All Blacks exécutent leur haka avant d'affronter le pays de Galles en test match à Auckland, le 11 juin 2016
Le non-lieu controversé dont a bénéficié un jeune espoir du rugby qui avait violemment agressé quatre personnes a dégénéré en affaire d'Etat en Nouvelle-Zélande, la justice et la Fédération se trouvant accusées d'avoir trop protégé la jeune pépite.
Face au tollé national dans un pays où le rugby est pourtant le sport roi et où les joueurs phares sont adulés, le ministère public a décidé jeudi de faire appel de l'étonnante décision d'un juge de ne pas condamner Losi Filipo au motif qu'un tel verdict risquait de porter préjudice à sa carrière sportive.
Les faits remontent à octobre 2015. L'ailier des Wellington Lions alors âgé de 17 ans agresse violemment dans le centre de la capitale deux femmes et deux hommes. L'une des victimes écope d'une incapacité totale de travail de huit mois.
Dans sa décision, le juge Bruce Davidson considère que ces faits pourraient être passibles de 18 mois d'emprisonnement. Mais il relève, selon ses notes datant d'août et publiées récemment dans la presse, qu'une telle condamnation est de nature à entraver les chances de carrière professionnelle de Filipo et notamment son accession chez les fameux All Blacks doubles champions du monde en titre.
"Je dois me demander si le rôle des tribunaux est vraiment de ruiner les perspectives de carrière des gens", écrit le juge.
Le non-lieu qu'il a prononcé a fait scandale, des voix s'élevant pour dénoncer, au paradis de l'ovalie, l'impunité des rugbymen.
"Personne d'autre n'aurait un non lieu après avoir attaqué quatre personnes et frappé deux femmes", s'est lamentée à la télévision une des victimes, Kelsey Odell, un mannequin qui a dû recourir à la chirurgie esthétique pour réparer les dégâts.
- Colère du Premier ministre -
Se refusant à commenter la décision, le Premier ministre John Key a toutefois affirmé mardi que la violence était "inacceptable, quelle que soit votre profession".
La Fédération nationale, New Zealand Rugby (NZR), a soutenu mardi le joueur en observant que la décision de justice devait être respectée.
"Nous pensons que des jeunes gens comme Losi sont mieux avec le rugby dans leur vie", a déclaré dans un communiqué le patron de la NZR Steve Tew.
Une position d'autant plus controversée que la NZR avait été critiquée quelques semaines plus tôt par des associations féministes pour sa gestion d'une autre affaire, impliquant des joueurs des Waikato Chiefs accusés d'agression sexuelle par une strip-teaseuse.
L'affaire Filipo a tourné en boucle mardi sur les chaînes locales et Wellington Rugby, l'employeur du joueur, s'est retrouvé assailli de commentaires négatifs sur sa page Facebook.
En fin de journée, le club a finalement annoncé la fin du contrat du jeune homme.
Mercredi, les éditorialistes ne décoléraient pas contre Steve Tew.
"L'image du rugby est dans le caniveau et Steve Tew est désespérément incapable de l'en sortir", écrivait Chris Rattue dans le New Zealand Herald.