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Les All Blacks exécutent le haka avant de défier en test match l'Irlande à Dublin, le 19 novembre 2016
Amputée de ses principales têtes mais toujours plus forte: tel est le fantastique paradoxe de la Nouvelle-Zélande, adversaire des Bleus samedi, qui a tout balayé sur son passage en 2016, malgré le départ de nombreux cadres, grâce à une transition parfaitement maîtrisée.
Le 31 octobre 2015, la Nouvelle-Zélande remportait face à l'Australie sa troisième Coupe du Monde, sa seconde d'affilée. Et perdait dans la foulée quatre monstres sacrés: son troisième ligne aile et capitaine Richie McCaw , son ouvreur Dan Carter et ses centres Ma'a Nonu et Conrad Smith . Le premier a mis fin à sa carrière, tandis que les trois autres ont pris leur retraite internationale, poursuivant leur carrière en club en France, respectivement au Racing 92, à Toulon et à Pau.
Qui aurait survécu à un tel dépeuplement? A part la machine néo-zélandaise, personne. Telle l'hydre de Lerne, créature de la mythologie grecque dont les têtes se régénéraient doublement lorsqu'elles étaient tranchées, elle a fait pousser ses jeunes talents, qui sont désormais arrivés à maturité.
Les résultats sont édifiants: seule l'Irlande, début novembre à Chicago, a réussi à battre l'équipe de Steve Hansen (40-29) cette année, mettant fin à leur série record de 18 victoires consécutives. Le Rugby Championship, championnat annuel des nations de l'hémisphère sud, a tourné à la démonstration, avec quelques déculottées mémorables infligées à l'Australie (42-8), l'Afrique du Sud (41-13, 57-15) ou l'Argentine (57-22).
- 'Le temps vous est compté' -
Pour l'ailier Julian Savea , la "détermination" des All Blacks est le secret de leur forme étincelante: "Nous tenons nos rôles et voulons être les meilleurs à nos postes. Il s'agit de peaufiner les détails."
Même les anciens n'en reviennent pas, comme Ali Williams , sacré champion du monde en 2011 à Auckland face à la France (8-7). "Je ne pense pas avoir vu une équipe évoluer comme ils évoluent. A chaque fois que tu les regardes à la télévision, tu penses: +ils ne peuvent pas jouer mieux. Et la fois d'après, ils vont jouer encore mieux+", apprécie le deuxième ligne (35 ans, 77 sélections entre 2002 et 2012).
Pour le Racingman, ce progrès continu est rendu possible "parce que les individus se remettent constamment en question pour s'améliorer, mais aussi qu'ils veulent être meilleurs collectivement, en tant qu'équipe".
Cette force collective permet au groupe de survivre à n'importe quel départ, estime Williams, pour qui intégrer la sélection revient à intégrer une "famille" à laquelle on "offre" ses services. "Sous le maillot noir, le temps vous est compté. Untel ne joue pas pour lui-même, il joue pour tel autre."
Au-delà de cette approche personnelle d'une sélection nationale, c'est la capacité de la Fédération néo-zélandaise (NZR) à anticiper chaque après-Mondial qui est louée.
- 'Nous rétablissons' -
"Au début de l'année, Steve Hansen a dit: +nous ne reconstruisons pas, nous rétablissons+. Avec son manager Darren Shand, il a très bien réussi à identifier les joueurs potentiels", explique à l'AFP le journaliste de Radio Sport Nigel Yalden, rappelant que le sélectionneur avait déjà connu cette situation en 2012 après le départ de nombreux champions du monde 2011.
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Liam Squire s'échappe avec les All Blacks, opposés à l'Australie dans la Bledisloe Cup à Auckland, le 22 octobre 2016
"Ils ont très bien planifié. Si vous regardez quelques années en arrière, vous verrez Aaron Cruden rejoindre le groupe de leaders, tout comme Beauden Barrett, Sam Cane...", ajoute-t-il.
" Kieran Read est monté en puissance, tout comme Beauden Barrett et Ben Smith ", confirme l'arrière Israel Dagg (60 sél.), revenu dans les petits papiers de Hansen cette saison. "On n'aurait même pas l'impression que ces gars (Carter, McCaw, etc.) sont partis."
Beauden Barrett est un modèle dans ce modèle. Le remplaçant de Carter à l'ouverture (25 ans, 48 sél.) "a mûri tellement vite dès qu'il a eu l'opportunité de démarrer (...). Et maintenant, il est le meilleur joueur de l'année", rappelle Yalden.
Et le journaliste de résumer la parfaite transition néo-zélandaise: "C'est la combinaison d'un plan de continuité, d'une profondeur d'effectif incroyable et du fait que cette équipe bénéficie du conditionnement de la précédente."