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Le Néozélandais Jonah Lomu , décédé mercredi à l'âge de 40 ans, était une légende du rugby, auquel il avait donné une dimension planétaire au début de l'ère professionnelle.
La légende est née sportivement le 18 juin 1995 au stade de Newlands au Cap (Afrique du Sud).
Ce jour-là, le nom de Jonah Lomu dépasse le cercle des simples amateurs de rugby: devenu un an plus tôt le plus jeune All Black de l'histoire, il inscrit quatre essais en demi-finale de la Coupe du Monde 1995, face à l'Angleterre (45-29).
Quatre essais dans un match de Coupe du Monde. Et surtout le premier pour entrer dans l'histoire... Les images nourrissent depuis les amoureux du rugby: servi par une longue passe de son ouvreur Andrew Mehrtens , Lomu "atomise" le pauvre ailier anglais Tony Underwood, "explose" le capitaine Will Carling et marche sur l'arrière Mike Catt qui a le malheur de se trouver sur son chemin.
"C'est un monstre, plus tôt il dégagera, mieux se sera", avait lancé, dépité, Will Carling après le match.
La différence avec Jonah Lomu ? A l'époque, il est le premier à disposer d'un tel gabarit (1,95 m, 118 kg) et à courir aussi vite (10,8 secondes sur 100 mètres). Cette puissance dévastatrice, d'abord cultivée au rugby à 7, lui permet d'inscrire de nombreux essais ou de ménager des espaces pour ses partenaires.
- Phénomène marketing -
Le rugby qui s'apprête à envahir les écrans de télévision a besoin de tels phénomènes pour attirer les téléspectateurs. Jonah Lomu sera sa tête de gondole.
A 20 ans, il est le premier joueur rémunéré 1 million de francs (150.000 euros) par an, alors que le rugby sort à peine de l'amateurisme. Ses revenus continuent de s'envoler avec l'arrivée d'Adidas comme sponsor des All Blacks en 1999.
Avec son numéro 11 dans le dos, Lomu devient le premier produit marketing du rugby, sa première star planétaire.
Pourtant sa carrière ne durera que 10 ans, avec un apogée lors de la Coupe du Monde 1999: il y inscrit huit essais, jusqu'à l'élimination surprise des All Blacks en quart de finale face à la France.
Avec ses sept essais de 1995, il porte ainsi son total d'essais en Coupe du Monde à 15, record qu'il était seul à détenir jusqu'en octobre dernier, lorsque le Sud-Africain Brian Habana l'a égalé.
Sous le maillot des All Blacks, il marqua au total 37 essais en 63 sélections de 1994 à 2002.
- Insuffisance rénale -
En mai 2003, à 27 ans, Jonah Lomu est placé sous dialyse - il souffre d'une grave insuffisance rénale de naissance - ce qui le contraint à renoncer au Mondial en Australie.
Un an après, il subit une transplantation rénale à haut risque.
Plus tard, il décrira les mois précédant sa greffe comme la pire période de sa vie.
"J'étais ce gars (...) qui terrassait ses adversaires, inscrivait des essais, gagnait des matches, s'amusait. Et je me suis retrouvé si malade que je ne pouvais même pas doubler un petit bébé."
L'ailier estimait que, même au meilleur de sa forme, sa maladie l'empêchait de jouer à plus de 80% de ses capacités.
Le 10 décembre 2005, 28 mois après l'opération, il rejoue en Europe sous le maillot des Cardiff Blues, avant un retour à Auckland où il joue pour la province de North Harbour.
Mais "Big Jonah" n'est plus que l'ombre de lui-même.
Il tente une dernière expérience à Marseille (sud de la France), en fédérale 1 (3e division) en 2009, où repositionné au poste de n°8 il pousse ses dernières charges - indignes de son meilleur niveau.
Depuis, il assistait souvent aux plus grandes compétitions. En 2011, pendant la Coupe du Monde en Nouvelle-Zélande, il avait été hospitalisé après avoir été la vedette de la cérémonie d'ouverture. Il avait frôlé la mort, selon John Mayhew.
Cet ancien médecin des All Blacks a lui-même annoncé le décès de la légende mercredi matin en Nouvelle-Zélande, un pays de 4,5 millions d'habitants plongé dans la tristesse. Trois semaines à peine après le retour victorieux de "ses" All Blacks, auxquels Jonah Lomu aura tant apporté.