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Le nouveau sélectionneur du XV de France Guy Novès a exprimé auprès de l'AFP son ambition de pratiquer "un rugby spectaculaire" afin de redorer le blason des Bleus, sérieusement terni durant la Coupe du Monde.
Q: Qu'avez-vous pensé du XV de France durant la Coupe du Monde ?
R: "Je ne vais pas vous donner un avis de censeur. J'ai vu des éléments qui me semblent extrêmement positifs, venant du travail qui a été effectué les quatre dernières années. J'ai aussi vu ce qui était moins positif. Pour ma part, je vais d'abord essayer de mettre en place un système de jeu qui corresponde à mon éducation."
Q: Quel est ce rugby ?
R: "Ma première mission, c'est d'abord d'essayer de pratiquer un rugby d'avenir, celui qui amène les spectateurs au stade, un rugby spectaculaire. Je voudrais que l'on essaye d'utiliser la superficie totale du terrain, toute la largeur, et donc aller vers un rugby de mouvement, qui s'inspire de ce qui a fait la réussite du rugby argentin, qui est pour moi un véritable exemple. Parler des Néo-Zélandais, ce n'est pas la peine car ils sont tellement loin devant..."
Q: Le XV de France est-il armé pour pratiquer ce rugby ?
R: "A l'heure actuelle, ce n'est même pas la peine de répondre. Mais je n'ai pas le choix, il faut arriver vers cela. Faire un travail de fond pour être de mieux en mieux armé à l'avenir, c'est en revanche une question pertinente à laquelle nous allons réfléchir. Il y a une réponse immédiate qu'il va falloir trouver et une réponse à plus long terme à laquelle nous allons travailler, avec Pierre Camou (président de la Fédération française de rugby) et l'ensemble des dirigeants de la fédération. Je vais aussi m'appuyer sur Didier Retière, le directeur technique national, pour travailler sur la formation. C'est une partie de ma vie, j'ai quand même passé 20 ans dans un collège en tant que professeur d'éducation physique."
Q: Que vous inspire le peu de temps de préparation dont vous disposerez lors des premiers mois de votre mandat ?
R: "C'est comme ça. Au lieu de perdre mon temps à en parler, je vais surtout essayer de faire au mieux en m'adaptant aux conditions. Je suis né dans un club (le Stade Toulousain, ndlr). Je n'ai pas tout d'un coup changé mon fusil d'épaule et je pense qu'il se fait un travail admirable dans les clubs. Maintenant, si le rugby français veut avoir la main au sein du rugby international, peut-être que les clubs peuvent faire un minimum d'efforts."
Q: Les intérêts des clubs et du XV de France ne sont-ils pas trop divergents ?
R: "On verra à la longue. Jusqu'à présent, on s'est bien rendu compte que cette organisation rendait très compliquée de faire marcher de pair l'intérêt de l'équipe de France et celui des clubs. Mais je ne suis pas là pour commenter ça, je suis là pour travailler. Je ne découvre pas ces conditions, j'ai postulé pour devenir entraîneur de l'équipe de France et j'assumerai. Je ne sais pas si j'ai une marge de manoeuvre, j'ai la capacité aujourd'hui d'exprimer un certain nombre d'idées. Je vais le faire tant que mon mandat durera, dans l'intérêt de l'équipe de France tout en respectant celui des clubs."
Q: Pouvez-vous décrire l'attachement qui vous lie au XV de France ?
R: "Ce n'est pas très compliqué en vérité. J'avais 20, 21 ans, je faisais mes études et j'ai signé au Stade toulousain. Neuf mois après j'étais international, sans avoir fait quasiment d'école de rugby. J'étais surpris, mais surtout très fier. J'ai fait deux tournées consécutivement, j'ai officiellement joué 7 fois avec le XV de France, j'ai gravité autour pendant 2 ans, 2 ans et demi, et j'en suis parti pour me consacrer à mes études, à ma vie professionnelle, et je pense que d'une certaine manière ça m'a réussi. Mais j'ai toujours eu un très grand respect et de l'admiration pour l'équipe de France. C'est un moment magique dans la vie d'un individu et c'est ce que les joueurs actuels doivent comprendre. Quand on arrive en équipe de France, on n'est pas sélectionné, on est élu, par la France entière. On représente tous les passionnés de notre sport. Les joueurs de l'équipe de France ne sont pas là pour prendre du plaisir, mais élus pour donner du plaisir."
Q: Vous récusez le portrait qui peut être fait de vous, d'un entraîneur n'aimant pas le XV de France ?
R: "Ce portrait-là, c'est pour vendre du papier, faire le buzz, parce qu'un moment Guy Novès avait 10-12 internationaux et comme il était un des rares à avoir autant d'internationaux, c'était le seul à dire que c'était très compliqué de jouer dans ces conditions. On s'est dit qu'on allait se servir de moi pour ça. Puis d'autres entraîneurs ont râlé et moi je me suis arrêté. J'ai toujours dit que j'étais supporter de l'équipe de France, mais quand mon club ne jouait pas. Mais ça, ça ne fait pas vendre de papier, ça n'intéresse pas. Aujourd'hui, je ne l'aime pas plus qu'hier, j'ai toujours eu une immense admiration pour le XV de France."
Q: Le lien humain que vous créez avec vos joueurs, c'est votre moteur d'entraîneur ?
R: "Ma façon humaine de fonctionner auprès de mes joueurs et de mon staff, c'est le moteur de la vie tout simplement. Pour tirer le meilleur des joueurs et surtout leur permettre d'exprimer le meilleur d'eux-mêmes, je pense qu'il faut leur donner beaucoup. Est-ce que sentimentalement j'ai donné beaucoup à mes joueurs ? En tous cas, j'ai essayé d'être très honnête et ils savaient tous que quelle que soit l'heure de la journée et de la nuit, ils pouvaient compter sur moi."
Propos recueillis par Jérémy MAROT