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Le Grand Stade que la Fédération française de rugby (FFR) souhaite construire en Essonne suscite de plus en plus d'opposition et devient un thème de campagne dans la lutte pour la présidence de la FFR, qui veut toujours croire que le projet se fera.
L'enjeu financier
La FFR a annoncé dès 2009 sa volonté de se doter de son propre stade -- 82.000 places avec pelouse et toit rétractable -- afin principalement d'augmenter ses revenus: l'ensemble des recettes (notamment billetterie) générées par les matches et d'autres événements qui y seraient organisés (spectacles, concerts) reviendrait dans ses caisses, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui au Stade de France. La Fédération s'estime en effet lésée financièrement par la convention qui la lie jusqu'en juin 2017 au Stade de France.
Son choix s'est porté en juin 2012 sur le site de Ris-Orangis (Essonne), mais le projet a depuis pris du retard. Envisagée au départ à l'horizon 2018, la date de livraison a ensuite été repoussée à 2020 puis, désormais, à 2021. Le permis de construire doit être déposé en 2017, et les travaux commencer cette même année.
L'opposition monte
Dès son lancement, le projet a été critiqué pour son coût (600 millions d'euros, financé à un tiers par les fonds propres de la FFR, aux deux autres tiers par un recours à l'emprunt) et sa pertinence, en raison de la proximité du Stade de France.
En 2013, un rapport du Sénat avait déjà jugé le projet "déraisonnable". Et lundi, la Cour des comptes a rendu public un référé dans lequel elle estime qu'il présente pour l'Etat un risque "budgétaire", puisque, en cas de départ du rugby du Stade de France, il devrait verser une compensation annuelle de 23,3 millions d'euros au Consortium Stade de France. D'autre part, "les valeurs économique et patrimoniale" du Stade de France, propriété de l'Etat, "seraient fortement amoindries" du fait de la concurrence du Grand Stade. Et la Cour des comptes de recommander la recherche d'"alternatives au projet".
Mais les principales attaques viennent des candidats au poste de prochain président de la FFR, dont l'élection est prévue en décembre 2016.
Bernard Laporte clame ainsi depuis son entrée en campagne sa volonté de mettre fin, s'il est élu, à un projet lancé par l'actuel président, Pierre Camou -- qui n'a pas encore annoncé s'il se représentait. Même opposition du côté de la liste conduite par l'actuel secrétaire général de la FFR, Alain Doucet, l'ancien international Eric Champ et l'ancien président du club d'Aix-en-Provence, Lucien Simon.
La Fédération s'accroche
Ces oppositions émeuvent peu Serge Blanco , vice-président de la Fédération et chargé de piloter le projet. "Quand on dénigre, il faut apporter une contrepartie en face. Cela fait partie de leur rôle de futur candidat", déclare Blanco, interrogé mercredi par l'AFP.
L'ancien arrière international n'estime en outre le projet "en aucune façon remis en cause" par la Cour des comptes, parlant de simples "préconisations". Il rappelle par ailleurs que le ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports encourage toujours "sur le principe" la démarche de la FFR d'augmenter ses revenus.
Surtout, Blanco conteste les chiffres avancés par la Cour des comptes, qui estime entre "161 M EUR et 186 M EUR" la compensation qu'aurait à verser l'Etat au Consortium si la FFR quittait le Stade de France en 2021.
L'Etat devrait ainsi verser 23,3 M EUR par an, mais seulement de 2021 à 2025, assure Blanco, puisque la Fédération prévoit de rester au Stade de France de 2017 à la livraison du Grand Stade. "Et sur ces 23,3 millions d'euros, 17 sont liés à l'absence de club résident. Et ça, le rugby n'en est pas responsable", ajoute l'ancien international.
Ce dernier espère toujours que le train Grand Stade "arrive en gare": "On va présenter un plan d'action assez rapidement qui répondra à toutes les questions".